ADAM, GABRIEL ET JULES, Adrien van Melle

ADAM, GABRIEL ET JULES, Adrien van Melle

vue d’exposition « Adam, Gabriel et Jules » d’Adrien van Melle
– Galerie du CROUS Paris –
Photo Mélodie Lapostolle

Adrien van Melle présente une exposition littéraire, une scénographie portée par le récit, un parcours au fil des mots. L’occasion pour le jeune artiste de donner la parole à « Adam, Gabriel et Jules », ses trois personnages.
Un projet d’exposition ambiguë, une oeuvre dite collective.

La première pièce est une préface. Une introduction au rôle du langage et au sens des mots dans l’art. « Une et trois chaises, Jules Wouters » reprend et déconstruit l’installation de Joseph Kosuth.
Tout y est. Les trois représentations – l’objet, la photographie, le texte. Mais cette fois-ci, la voix de Jules anime l’objet en Formica. Il est ici le souvenir d’un amour passé, le rappel d’une rupture immuable. Quant à l’image, elle replace la chaise in situ – dans un décor exact, conceptuel. Un chapitre plus loin, le texte est déstructuré, entremêlé, codé. La lecture dispersée crée des
formes et isole les mots. Une photographie juxtaposée incite le regardeur à chercher un sens, un lien, entre les deux compositions. En vain. Le récit fait littéralement référence au langage. Après une enfance entre la Belgique et la France, le personnage expérimente à l’âge adulte la peur de ne plus être compris par sa famille flamande.
En face, Jules Wouters signe ses premières peintures. Quelques mots sur des toiles accrochées sur la tranche. « blouse », « chemisier », « libérer », « vrijlating », « en colère » « boos », une traduction approximative, à pile ou face. Comme l’index du hasard, résonnant dans l’espace d’exposition.

Des nouvelles, des mots, puis des textos. Sur d’imposantes étagères d’atelier en métal vert, sont disposés (à intervalles réguliers) des téléphones des années 2000. Les archives sont ouvertes au public. Les portables expliquent pourquoi leurs propriétaires se sont débarrassés d’eux, les adultes se rappellent leurs vies d’étudiants, les couples se détachent. Des messages électroniques qui capturent un temps bref, précis, intense.
Derrière les rayons de la bibliothèque numérique, les quelques lignes manuscrites de Gabriel, comme un flashback transposant le visiteur au milieu des bois, face à cette étrange voiture abandonnée.
En face, un triptyque de photographies argentiques sur lesquelles apparaissent les tables des trois protagonistes. Comme des preuves, des témoignages de vies derrière les objets.

Sous la verrière, plus haut, une dernière image domine. Une veste et un jean posés sur le dossier d’une chaise laisse deviner une silhouette qui aurait quitté son habit pour revêtir celui de ses personnages. Adrien van Melle, anonyme, s’amuse à prendre cette place presque christique. Le
créateur au-dessus de son oeuvre. Une présence invisible, qui veille.

À l’étage, les chroniques définissent une mise en scène précise et construisent des espaces spatio-temporels. La narration est distendue par une exposition de chassés-croisés entre les récits et les protagonistes.
La « Reproduction de chambres de Jules Wouters » compose un cadre dans lequel chaque objet transpose le visiteur dans un souvenir intime. Les quelques notes qui accompagnent l’installation sont parsemées d’ellipses qui condensent et intensifient la vie de Jules. Son lit, exposé plus loin, installe une atmosphère personnelle et confidentielle. L’appartement témoin est entouré de mots piquants, vifs, parfois sensuels, qui défilent comme des sous-titres sur des écrans TV ou des cadres noirs.

Le dernier chapitre est une antichambre – « Reproduction du salon d’Adam Bordier ». Quelques accessoires synthétiques sont déposés comme des pièces à conviction sur des socles immaculés. Un dernier conte, sur papier peint, dresse le portrait d’un personnage qui a rompu avec sa vie d’artiste pour une vie conventionnelle et étudiée. Les états d’âmes sincères et émouvants d’une personnalité qui cherche finalement à se ranger et aspire à un destin à l’encontre de son éducation et de ses impulsions artistiques.

Discrètement, Adrien van Melle organise des rencontres affectives entre le visiteur et ses personnages fictifs.
Le jeune artiste déploie un spectre littéraire hybride et transporte le spectateur dans une oeuvre immersive entre cinématographie et art contemporain.

Texte Lola Grunwald © 2019 Point contemporain

vue d'exposition "Adam, Gabriel et Jules" d'Adrien van Melle  - Galerie du CROUS Paris - Photo Mélodie Lapostolle
vue d’exposition « Adam, Gabriel et Jules » d’Adrien van Melle
– Galerie du CROUS Paris – Photo Mélodie Lapostolle
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vue d’exposition « Adam, Gabriel et Jules » d’Adrien van Melle
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vue d’exposition « Adam, Gabriel et Jules » d’Adrien van Melle
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