ALAIN JOSSEAU, SÉRIE WAR GAMES [FOCUS]

ALAIN JOSSEAU, SÉRIE WAR GAMES [FOCUS]

Les techniques de training par simulateurs mises au point par les armées américaines permettent aux soldats de s’entrainer sur des plateformes virtuelles reprenant, sous l’aspect d’une arcade de jeu vidéo, la topographie de sites de combat bien réels, tels que l’Afghanistan ou l’Irak. Dans la tradition des aquarellistes militaires du 19e siècle, Alain Josseau propose une réflexion sur les collusions entre les différents niveaux de simulacre.
En superposant dans War Games, des images extraites de centres d’entrainements immersifs développés sous contrat avec des sociétés de jeux vidéo pour l’armée américaine à des images de jeu vidéo en dessins filaires, Josseau ne reconduit pas le débat éculé d’une confusion entre le réel et le virtuel. Il entend plutôt tirer les lignes de cette confusion vers un procédé de déréalisation, où le fond graphique du jeu, servant de paysage aux soldats équipés de capteurs, se fait l’écho de la mise en grille du réel « qui n’a d’existence que dans le jeu infini des combinaisons algorithmiques ». De l’espace clos à l’espace infini, c’est le vertige et le débordement provenant non tant d’un univers sans règles que du dérèglement d’un univers à règles, où le play se pare des oripeaux du game, qui semble s’esquisser.
Alain Josseau développe depuis des années une réflexion liée aux simulacres et à la simulation de la réalité. D’abord préoccupé par les problématiques autour de l’imagerie digitales, il élargit dès 1996, son champ d’investigation à une pratique pluridisciplinaire qui aborde aussi bien la peinture, le dessin, que l’informatique ou la vidéo. Depuis quinze ans, il met en place de grandes installations multimédias dans lesquelles il filme des dioramas, à l’aide de dispositif multi-caméras simulant en direct des événements médiatiques et interrogeant, par là même, les spectateurs sur la réalité de ce qu’ils voient.

Texte de Marion Zilio publié à l’occasion de la participation de l’artiste à l’exposition Newwwar. It’s just a game ?

Visuel de présentation : Alain Josseau, War games n°2, 2016, aquarelle et encre aquarelle sur papier, 95 x 136cm. Courtesy Galerie Claire Gastaud et l’artiste.