Anahita Bathaie, Bruissement, Galerie ALB Anouk Le Bourdiec

Anahita Bathaie, Bruissement, Galerie ALB Anouk Le Bourdiec

En direct de l’exposition Bruissement de l’artiste plasticienne Anahita Bathaie.

Exposition : Bruissement, du 29 octobre au 02 décembre 2015, Galerie ALB, 47 rue Chapon 75003 Paris. Avec le soutien du CNAP, Centre national des arts plastiques (aide à la première exposition), ministère de la Culture et de la Communication.

Artiste : Anahita Bathaie, née en 1973 à Téhéran, Iran. Vit et travaille à Paris. Diplômée des Beaux-arts de Paris (D.N.S.A.P) avec félicitations du jury à l’unanimité.

 

Anahita Bathaie est une artiste sensible aux croisements des cultures, à la manière dont elles s’interpénètrent au fil de l’histoire. D’origine iranienne et ayant étudié aux Beaux-Arts de Paris, ses œuvres traduisent cette circulation, elles révèlent leurs similitudes comme leurs diversités.
L’exposition Bruissement est l’expression de ces langages que l’artiste a réunis autour de plusieurs médiums et qui tous ensemble génèrent une état de plénitude culturelle. Une exposition qui nécessite de prendre son temps pour réapprendre à réinterpréter les symboles, à écouter et à regarder.

Propos de l’artiste Anahita Bathaie recueillis le 31 octobre 2015 à la Galerie ALB avec la complicité d’Anouk Le Bourdiec :

« L’exposition Bruissement pose des problématiques et des points de vue sur le paysage. La pièce principale de l’exposition, une vidéo de 18 minutes propose un plan fixe sur un paysage se transformant peu à peu en image qui s’embrase. Cette pièce est soutenue par un son, celui d’une traversée de toutes les guerres depuis que la radio et la télévision existent. Le mot Bruissement fait référence au bruitage, au montage et au trucage du cinéma. Par le contraste entre une image fixe et des sons assez violents, j’ai voulu rompre avec la tradition romantique de la contemplation du paysage. Ces sons font partie de mon paysage d’enfance. D’origine iranienne, j’ai vécu des années de guerre et j’ai grandi avec ces sons qui sont aussi ceux de mon enfance.

Les deux grands dessins s’inscrivent aussi dans cette idée de paysage et de contemplation. Ils représentent des arbres de vie, l’un en négatif et l’autre en positif. Pour ces dessins, j’ai travaillé sur deux tissus différents.
L’un est du lin semi industrialisé, une matière textile que j’ai trouvée lors d’une résidence artistique en Lituanie, ce pays étant le premier producteur du lin européen.
Le dessin en négatif a été réalisé sur un tissu indien, le khadi, qui est le tissu que Gandhi a demandé à tous les indiens de porter pour marquer leur autonomie par rapport au pays colonisateur. Ces deux pièces sont liées à la notion de territoire, ont une dimension géopolitique mais aussi, comme je suis sensible à l’esthétique et à la beauté, une dimension picturale et poétique. L’arbre de vie est un motif repris par les Européens à partir du XVII-XVIIIème siècle quand les miniatures iraniennes, mongoles et indiennes ont commencé à circuler partout dans le monde. Ces miniatures ont inspiré les artistes et artisans qui ont transposé les petites végétations dans leurs dessins mais aussi sur les textiles.

Représenter un arbre de vie en tant qu’iranienne est une manière pour moi de me réapproprier mon propre territoire. Mes travaux font correspondre deux cultures en utilisant un matériau à la fois symbolique et esthétique. Ce regard sur cette double histoire culturelle est au centre de mon travail. Un mélange qui se retrouve aussi dans les médiums que j’utilise : le dessin, le son, l’image numérique. Je présente aussi plusieurs haïkus, sur le figuier, la plume… D’origine japonaise, le haïku est basé sur un système de syllabes. En Iran, les poèmes ont une construction similaire aux haïkus japonais et les iraniens font des jeux avec ces poèmes très courts. Le principe est très simple : il s’agit de commencer son vers avec la dernière syllabe que la personne a prononcée avant vous.
Les poèmes iraniens sont très signifiants et les haïkus sont très intéressants car ils sont imagés. Dans ces pièces, je suis vraiment dans un rapport à l’image et l’émotion. Avec Anouk Le Bourdiec, nous avons décidé de rester dans un rapport presque livresque en diffusant ces haïkus sur des écrans numériques qui se présentent ouverts comme des livres de poche. On peux contempler l’image en tenant l’écran dans la main et comme lors de la lecture d’un livre, on est dans un rapport intime avec l’œuvre. »

Pour en savoir plus :

galeriealb.com

Visuels tous droits réservés artiste et galeriste.