JEREMIAH DAY, « SI C’EST POUR LES GENS, ÇA DOIT ÊTRE BEAU », DIT-ELLE

JEREMIAH DAY, « SI C’EST POUR LES GENS, ÇA DOIT ÊTRE BEAU », DIT-ELLE

vue de l’exposition « Si c’est pour les gens, ça doit être beau », dit-elle, de Jeremiah Day, centre d’art Le Lait, 2020, Albi (FR), photo Phœbé Meyer

AUTOUR DE L’EXPOSITION / « Si c’est pour les gens, ça doit être beau », dit-elle de Jeremiah Day jusqu’au 10 janvier 2021 Centre d’art Le Lait, Albi

Artiste américain installé à Berlin, Jeremiah Day réexamine dans son travail les luttes politiques et con its récents, en révélant leurs contextes et traces subjectives. Pour ce faire, il a développé une forme narrative dans laquelle les réalités personnelle et politique s’entremêlent, offrant ainsi une vision toute personnelle de ces moments d’histoire parfois oubliés.

La singularité de sa démarche réside dans une approche transversale. Élève et collaborateur régulier de Simone Forti, l’une des pionnières de la Post-Modern Dance, il a fait de la performance une pratique désormais centrale et structurante. Depuis 2014, Jeremiah Day a en e et présenté de nombreuses performances, qui combinent mouvement, improvisation, photographie et spoken word, a n d’aborder des sujets historiques et politiques universels, mais dans une perspective intime et incarnée.

Avec l’exposition « Si c’est pour les gens, ça doit être beau », dit-elle, Jeremiah Day souhaite poursuivre et approfondir les réflexions engagées dans ce travail de performance récent et explorer une série d’événements sociaux, politiques ou climatiques qui soulèvent tous la même question : de quelle manière parvenir à un engagement citoyen positif, en faveur du bien commun ? Avec ce projet, Jeremiah Day fait de l’art la base d’une intense ré exion sur la société civile, alors même que cette dernière semble plus divisée que jamais. […]

Antoine Marchand, commissaire de l’exposition

Jeremiah Day
Note sur l’exposition

La collaboration avec Le Lait a été initiée par Antoine Marchand en 2017, et depuis lors, s’est intégrée dans un projet plus large combinant performances, ateliers et expositions en Allemagne et en Italie et une publication l’année prochaine.

Une partie du défi de cette collaboration a été pour moi de ré-aborder l’exposition comme une forme, après cinq années de travail presque exclusivement dédiées à la performance. J’ai alors développé une nouvelle stratégie : embarquer d’autres artistes dans un processus collaboratif de performances publiques autour de préoccupations partagées.

Le sujet, je l’ai découvert, ne pouvait pas seulement découler de mon propre intérêt ; il devait représenter quelque chose de commun afin que les participants n’illustrent pas seulement ma vision mais trouvent une motivation et un fil qui leur seraient propres.

L’installation vidéo dans la dernière salle est le résultat de la première application de cette méthode (avec le vidéaste Sebastian Bodirsky et sa caméra de contre-point).

En recherchant un autre sujet possible pour l’exposition au Lait, j’ai découvert l’exemple du barrage de Sivens et de la « ZAD » qui s’y est formée pour préserver la zone humide, pour « bloquer le bloc ».
Mon projet était d’amener un groupe d’artistes pour y produire un travail public, mais la permission de le faire n’a pas été accordée. La contestation et le sens qu’ont pris les rassemblements publics sur le site font que même une assemblée réunie pour des motifs poétiques est trop difficile à accepter.

L’eau n’a pas été arrêtée mais il y a encore un « barrage » à Sivens : contre le rassemblement du public là-bas.

De plus, si l’image du Zadiste-bohême est connue de certains, le sens politique de l’évolution des mouvements de non-coopération organisés – comme Martin Luther King a appelé ses propres actions en Alabama, mentionnées dans une autre œuvre de l’exposition – ce sens plus large est également soumis à une « barrière ».

Le travail à l’extérieur du centre d’art montre des traces d’un autre exemple de ce genre de politique. Et l’œuvre No Words for you, Spring eld [Pas de mots pour toi, Spring eld] pense les intersections entre la narration (storytelling), le sens et le paysage.

La nouvelle œuvre – What Would You Do For Love Of Country (The Sivens Example) – représente une adaptation de ma stratégie en réponse au barrage du sens. Comme mes performances, c’est le résultat de l’improvisation – conçue et produite rapidement, au milieu de la pensée. L’œuvre a une consistance physique maladroite, elle présente une abondance d’impressions, de cadrages et de questions, offerts sans polémique, mais comme base pour partager une enquête.

Parce qu’il n’était pas possible d’amener le public à Sivens, elle comprend une grande photographie aérienne du site pour référence, et est construite autour du principe d’une barrière dans l’espace.

Parce qu’organiser un atelier sur le site n’était pas possible, j’ai demandé aux autres interprètes du festival de performance du Lait, The Opposite of Fatalism, de s’y rendre et de réaliser un travail d’improvisation rapide. Un enregistrement vidéo de ce travail – avec la danseuse Claire Filmon et le groupe Chicks On Speed – est inclus à l’installation.

Parce que donner une performance sur le site n’était pas possible, j’ai réalisé une performance à proximité d’un barrage près de chez moi à Berlin. Parce que le public ne peut pas se rassembler à Sivens, j’insiste sur le fait que l’art a un rôle dans la vie publique.

JEREMIAH DAY – BIOGRAPHIE
Jeremiah Day est né en 1974 à Plymouth (USA).
Il vit et travaille à Berlin.
Il a étudié à UCLA (University of California in Los Angeles). Son travail et ses performances ont été présentées dans de nombreuses institutions à travers le monde, telles que la Badischer Kunstverein, Karlsruhe (2020) ; le M Museum, Louvain (2019) ; la Neuer Berliner Kunstverein, Berlin (2018) ; la Kunsthalle Wien, Vienne (2018) ; BAK, Utrecht (2017) ; le Musée d’Art Moderne de Varsovie (2016) ; CCA, Glasgow (2015) ; le MAXXI, Rome (2015) ; la Biennale de Liverpool (2014); Arnolfini, Bristol (2014) ; le Santa Monica Museum of Art (2014) ou le Centre George Pompidou, Paris (2014).
Il est représenté par les galeries Arcade (Londres) et Ellen de Bruijne Project (Amsterdam).

vue de l'exposition « Si c'est pour les gens, ça doit être beau », dit-elle, de Jeremiah Day, centre d'art Le Lait, 2020, Albi (FR), photo Phœbé Meyer
vue de l’exposition « Si c’est pour les gens, ça doit être beau », dit-elle, de Jeremiah Day, centre d’art Le Lait, 2020, Albi (FR), photo Phœbé Meyer
vue de l'exposition « Si c'est pour les gens, ça doit être beau », dit-elle, de Jeremiah Day, centre d'art Le Lait, 2020, Albi (FR), photo Phœbé Meyer
vue de l’exposition « Si c’est pour les gens, ça doit être beau », dit-elle, de Jeremiah Day, centre d’art Le Lait, 2020, Albi (FR), photo Phœbé Meyer
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vue de l'exposition « Si c'est pour les gens, ça doit être beau », dit-elle, de Jeremiah Day, centre d'art Le Lait, 2020, Albi (FR), photo Phœbé Meyer
vue de l’exposition « Si c’est pour les gens, ça doit être beau », dit-elle, de Jeremiah Day, centre d’art Le Lait, 2020, Albi (FR), photo Phœbé Meyer

Centre d’art Le Lait, 28 rue Rochegude, Albi
Ouvert du mercredi au dimanche de 13h à 18h
https://www.centredartlelait.com