B L OB! galerie Bertrand Grimont Paris

La galerie Bertrand Grimont est investie, en cours de transformation… Un phénomène étrange semble s’y produire. Éléments qui sortent des murs, d’autres qui circulent, plantes en croissance, l’espace est en mouvement… 

Marion Zilio, la commissaire, avec la complicité du galeriste, s’est intéressée au Blob, organisme singulier, ni champignon, ni plante, ni animal, ni mâl, ni femelle, qui intrigue les scientifiques, pour concevoir cette exposition collective. Les œuvres réunies ici s’inscrivent comme des rhizomes qui s’immiscent dans les recoins de la galerie. Elles forment des lignes, des connexions, et semblent envahir le lieu, se nourrir entre elles. Telles des systèmes racinaires qui avancent et prolifèrent, elles invitent le spectateur à poser son regard dans les moindres interstices et à suivre les chemins qu’elles dessinent.

Victoire Thierrée développe un univers autour des formes de résistance, des objets de survie et de guet. Ses œuvres de la série Nose suggèrent des outils de vision, des projectiles, qui sortent des murs, prêts à s’envoler. Anne-Charlotte Yver expérimente les propriétés physiques de multiples matériaux. Des fils qui rampent au sol semblent se multiplier comme des racines… Les pièces constituées de matériaux de récupération de Vincent Mauger circulent, ponctuent la galerie. Ses œuvres forment des propositions ouvertes à de possibles constructions. Nelson Pernico s’intéresse à la végétation urbaine, résistante… Pour la galerie, il a conçu une installation, Esperanto un nouveau biotope, où il fait pousser, tente d’acclimater des plantes, extraites de la ville. Comment celles-ci vont grandir, s’adapter, trouver leur forme à l’intérieur de ce lieu clôt et pourtant lumineux ? L’artiste interroge le regard que nous portons sur la nature en ville, celle parfois considérée, à tort, comme envahissante, proliférante. 

Entre éléments architecturaux, matériaux bruts et matières naturelles, ces œuvres forment ensemble un réseau, une sorte d’organisme qui s’adapte à l’espace. Elles créent ici une situation, ouvrent des possibilités ouvertes de transformation. Elles forment un corps qui pourraient évoluer et se modifier pour redessiner l’architecture. Ainsi, cette exposition invite à réfléchir sur le processus de création, sur une nouvelle temporalité à l’œuvre dans le format de l’exposition.

Texte Pauline Lisowski © 2018 Point contemporain

Visuel de présentation : Vue d’exposition BL OB! Galerie Bertrand Grimont Paris.