ALEXANDRINE TROLÉ, L’ATELIER VIDE

ALEXANDRINE TROLÉ, L’ATELIER VIDE

CHRONIQUE D’ATELIER / L’ATELIER VIDE PAR ALEXANDRINE TROLÉ

DANS LE CADRE DU COURS « DÉPLACEMENT » DE JEAN-PIERRE CASTEX ET PATRICK MELLET, ISDAT TOULOUSE

L’atelier vide

Quitter son atelier est une drôle de chose. C’est entrer dans la valse du tri, des retrouvailles et des séparations définitives. Un atelier c’est un peu comme les ami.e.s de l’enfance. On se rencontre, nos corps se parlent, cela fonctionne ou ne fonctionne pas. On ne peut pas tricher ; On le sait tout de suite si on est ami ou si on ne l’est pas.

Parfois cette relation s’est distordue et la quitter est un soulagement. 

J’en étais là avec mon atelier. Pourtant la séparation reste douloureuse. Il nous a hébergé et accompagné. Le quitter pour un autre est la trahison finale qui ne laisse aucune ambiguïté quant à la situation.

On a rencontré un autre, on s’est laissé séduire et maintenant il faut faire ses bagages.

Puis soudain, il est vide.

Il est vide mais plein comme jamais il ne l’a été. Il est habillé de tous nos gestes, de la sueur et des rencontres. Il ne sera plus jamais l’hôte de posture de travail. Alors il est plein de tout ce qu’on lui a donné.

On part.

On pose de nouveau ses valises, et voilà,

Ensuite, on découvre celui qui sera tout pour nous. Pourtant ce n’est qu’un espace froid et vide. On laisse le plein vide, pour apprivoiser le vide plein.

Maintenant, je m’attèle à vider mes cartons pour faire de ce lieu, mon lieu.

J’y dépose alors mon carnet de croquis, brosse à dent de tout artiste.