Dimitri Tsykalov, Skin, Galerie Rabouan Moussion

Dimitri Tsykalov, Skin, Galerie Rabouan Moussion

En direct de l’exposition Skin, exposition personnelle de Dimitri Tsykalov, du 05 décembre 2015 au 16 janvier 2016, Galerie Rabouan Moussion, 11 rue Pastourelle 75003 Paris.

Artiste : Dimitri Tsykalov né en 1963 à Moscou (Russie). Vit et travaille à Paris.

Texte de LT pour Point Contemporain :

Les thèmes de la violence et de la mort traversent les œuvres de Dimitri Tsykalov. Dans la série photographique Meat, il mettait à nu la nature humaine en faisant porter à des hommes et des femmes des armes faites de viande crue, dans la série Skulls, les fruits et légumes devenaient des vanités, nous révélant la condition du vivant. Par Skin, Dimitri Tsykalov pose la question de la place de l’humain face à l’animal.

Dimitri Tsykalov, vue de l'exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris
Dimitri Tsykalov, vue de l’exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris

Les œuvres présentées sont d’une grande force car elles mettent en jeu directement notre rapport à ce que nous voyons, la manière dont nous percevons notre place dans la chaîne des prédateurs. Un travail sur la peau qui rappelle celle de la chair dans Meat ou de la pulpe des fruits et légumes des Skulls, est ici réalisé avec du bois. Dimitri Tsykalov met en avant ce dont nous avons conscience, l’action destructrice de l’homme sur le monde qu’il refaçonne avec des caisses de munitions.

Dimitri Tsykalov, vue de l'exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris
Dimitri Tsykalov, vue de l’exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris

Sculptés dans les contenants des armes ayant servi à leur destruction, les animaux représentés trônent tels des trophées accrochés au mur ou tapissant le sol. Chacune des œuvres s’impose par sa présence, restitue avec force, l’allure, la fierté et la nature majestueuse de ces animaux. L’artiste dévoile un bestiaire où la peau des bêtes devient solide, rigide, sculpturale, symbole d’une force animale encore palpable. Des cordes ainsi que des poignées métalliques placées au niveau des pattes ou des museaux renforcent le sentiment de supériorité éprouvé par le chasseur.

Dimitri Tsykalov, vue de l'exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris
Dimitri Tsykalov, vue de l’exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris

Les « taxidermies » de Dimitri Tsykalov nous montrent la disparitions des grands animaux, ceux que l’on a aimé pour leur noblesse et leur beauté. Par la représentation d’ours, de lions, ou de cerfs, l’artiste nous montre le processus sinon la soif de domination engagée par l’homme sur la race animale. Réduits à l’état d’objets, transformés en machines de guerre dont la construction a été préalablement étudiée (comme en témoignent les dessins préparatoires), ces trophées se font l’écho de la théorie cartésienne de « l’animal-machine » qui se fondait notamment sur l’incapacité des animaux à communiquer avec les Hommes et en déduisait ainsi qu’ils ne disposaient pas de la faculté de penser, faisant d’eux des êtres inférieurs.

Dimitri Tsykalov, vue de l'exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris
Dimitri Tsykalov, vue de l’exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris

La puissance évocatrice de ces oeuvres nous suggère que le ravage s’étend aussi à l’homme. Dimitri Tsykalov nous montre l’homme soldat, la rage de conquête qui lui est propre avec une carte composée des caisses de munitions spécifiques à chacun des pays. Un monde ultra militarisé, prêt à exploser à tout moment, capable de s’adonner une nouvelle fois à toute la sauvagerie qu’il recèle en lui.

Dimitri Tsykalov, vue de l'exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris
Dimitri Tsykalov, vue de l’exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris

Les mentions en lettres peintes sur les découpes de caisses de munitions soulignent toute la sophistication des armes, leur puissance de feu et leur caractère destructif.
Il y a une forme d’esthétisation de la violence qui passe par la typographie spécifique à chaque armurier. Reprenant ces codes visuels, l’artiste joue de ces esthétiques, les place de manière à cibler le cœur de l’animal. Des croix rouges nous interrogent : y aurait-il un remède à la barbarie ? À cet irrémédiable et alarmant développement de l’armement à l’échelle mondiale ?

Dimitri Tsykalov, vue de l'exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris
Dimitri Tsykalov, vue de l’exposition Skin, Galerie Rabouan Moussion, Paris

Pour aller plus loin :

rabouanmoussion.com

dimitritsykalov.com

Visuels tous droits réservés artiste et galeriste.