[EN DIRECT] Jérémie Amigo, Douceur d’une épine, Galerie ALB Anouk Le Bourdiec Paris

[EN DIRECT] Jérémie Amigo, Douceur d’une épine, Galerie ALB Anouk Le Bourdiec Paris

La qualité des dessins et peintures de Jérémie Amigo, l’efficacité des formes, la multitude et la finesse des détails ont un pouvoir véritablement libérateur sur celui qui les regarde. Par le portrait et la figure animale, omniprésente, ses travaux sont le support de réflexions, jeux de mots, mises en scène souvent drolatiques qui témoignent d’un regard incisifs sur le monde. Aux velléités, aux affirmations et aux sermons, il met en jeu une spontanéité qui nous touche d’autant plus qu’elle a une dimension tout autant amusante, pertinente que poétique. Par ses dessins pleins de vie, se ressent un besoin de ne pas figer les choses, de les laisser librement évoluer, de communiquer à leur guise et qu’enfin se produise une étincelle, de joie, d’impertinence, celle qui féconde et redonne de la vie, et qui, en lui donnant un caractère spirituel, transcende toute chose.

 

Il y a dans tes dessins un caractère immédiat et percutant. Comment construis-tu ce message qu’ils délivrent ?
Je considère les dessins en quelques sorte comme un journal, je ne cherche pas à faire passer de messages précis, mais plutôt à retranscrire ce que je ressens à un instant T. J’intériorise un événement, un sentiment, une situation … que je retranscris avec des degrés de lecture plus ou moins évidents. À son tour, le spectateur reproduit ce processus en ayant une confrontation au dessin, une intériorisation du dessin et une interprétation selon son propre vécu. Je trouve très intéressant lorsque l’on a des interprétations opposées sur un même dessin, ce processus fonctionne évidemment si l’on est interpellé par ce dernier !

Tu développes un jeu subtil sur le caractère rationnel et scientifique qui prend à revers le sérieux de nos sociétés, leur développement grâce à la science…
Le rôle des dessins naturalistes et scientifiques, est de présenter les choses comme elles sont, une représentation descriptives exactes. J’utilise les mêmes codes mais je cherche à faire part de mes questionnements plus qu’apporter des réponses.

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Tu ratures les mots. L’ironie, la dérision, sentiments véhiculés par le dessin, sont-ils pour toi des pointeurs plus précis que les mots ?
Les deux vont de paire, les mots s’additionnent au dessin ou s’y opposent pour faire contresens à une idée établie par exemple, cela dépend vraiment du propos que j’ai envie d’apporter. Le dessin sans les mots n’auraient pas le même sens, et inversement.

Comment s’établit cette relation entre le dessin et les mots ? Le dessin fait-il naître le mot ou bien est-ce le contraire ?
Cela dépend, il n’y a pas de recette, et j’essaie de ne pas en avoir pour que ça reste le plus naturel possible. Parfois les deux apparaissent simultanément, parfois, je fais un dessin en sachant qu’il m’évoque telle ou telle idée, je pose les mots sur la feuille, et je rature ce qui me paraît être moins pertinent, parfois je laisse tel quel, parfois j’ai une phrase en tête et je cherche ce qui va le mieux jouer avec cette dernière.

Après Pensée Sauvage, peux-tu nous dire comment tu as pensé cette exposition Douceur d’une épine ?
Pour cette exposition, je voulais continuer cette série de dessin qui est présentée, et qui était déjà présente à moindre échelle dans la première exposition, et je voulais introduire un nouveau médium dans mon travail qui est la peinture à l’huile.  C’est une tout autre approche, les deux n’ont pas le même rôle mais sont liés; je voulais que les dessins servent à mieux comprendre le sens des peintures. Avec Anouk on voulait également quelque chose de minimaliste pour contraster avec le côté fourni des dessins et peintures.

Comment s’est construite ta collaboration avec Anouk ?
Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années, depuis nous travaillons ensemble, au travers d’expositions collectives, et ces deux expositions personnelles. J’adore le choix des artistes de la galerie, et j’ai une grande confiance en son oeil de galeriste, elle a un regard très pertinent sur mon travail. Elle est de très bon conseil sur les choix et les directions à emprunter.

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Tu y présentes deux peintures récentes. Quelle nécessité t’a conduit à développer un travail de peinture ?
Le dessin fait part de questionnements auxquels la peinture tente en quelque sorte de répondre. Ce sont deux approches complètement différentes, ça me permet de varier mon propos et mon approche de l’ensemble de mon travail. Je trouve également que la peinture laisse plus de place à l’inconscient.
Techniquement, dans un premier temps j’ai travaillé la photo, et j’avais cette volonté de l’exploiter mais je ne savais pas comment, je fais d’ailleurs un travail photographique comme base des peintures à l’huile.

Ce travail de peinture semble aborder un aspect plus personnel, intime même, avec la réalisation d’autoportraits… Est-ce une manière de montrer une forme d’engagement personnel ?
L’autoportait que j’ai fait pour cette exposition n’est pas en réalité un véritable autoportrait, il n’est qu’un prétexte à alimenter mon propos. Je suis sur cette peinture mais ça aurait tout à fait pu être quelqu’un d’autre. Ou peut-être que je l’ai faite comme ça pour une raison inconsciente. Mais il est vrai que je cherche dans les peintures à créer quelque chose d’intime et personnel, et je suis content que vous l’ayez senti !

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Tu places tes personnages dans une nature enveloppante. Est-ce une volonté de replacer l’homme dans la nature, un jeu sur la nature de l’homme ?
Oui c’est exactement ça ! La nature de l’homme a toujours été un thème important dans mon travail. Et pour prendre particulièrement l’exemple dont tu me parles cette peinture de la femme dans le sapin, on ne sait pas si elle s’y sent bien dans cette nature, j’ai cherché à retranscrire à la fois une douceur et une tension.

On reconnait dans tes travaux certains éléments de la culture Sud-Américaine, notamment par la présence du chamane, du masque, du rituel et aux forces primordiales qui nous lient à la nature. Peux-tu nous en dire plus sur ces références ?
J’espère y aller bientôt, je vous raconterai !

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Pour en savoir plus sur le lieu :
Galerie ALB

Pour en savoir plus sur l’exposition :
[AGENDA] 27.10→06.12 – Douceur d’une épine – exposition personnelle de Jérémie Amigo – Galerie ALB Anouk Le Bourdiec

Pour en savoir plus sur l’artiste :
Jérémie Amigo