[EN DIRECT] peter kampus, video ergo sum, Jeu de Paume

[EN DIRECT] peter kampus, video ergo sum, Jeu de Paume

Le Jeu de Paume, spécialisé dans l’art de la photographie, propose pour le première fois une exposition mettant à l’honneur le photographe Peter Campus, pionnier de l’art vidéo, sous le commissariat d’Anne-Marie Duguet.

Né en 1937 à New York, l’artiste américain développe un attrait pour la photographie et la vidéo qu’il met au service d’un art optique, presque mathématique, teinté de poésie.

La carrière de Peter Campus décolle au début des années 1970 au cours desquelles il réalise les installations en circuit fermé. Tout au long de sa carrière l’artiste fait des allers-retours entre photo et vidéo. Dès lors, en 1978, il quitte son studio de vidéo pour se consacrer uniquement à la photo mais à partir de 1996, il y retourne encouragé par la légèreté de l’air numérique et les possibilités que cela permet.

Dès le début de l’exposition, Peter Campus nous pousse hors du réel et met le visiteur au cœur de l’exposition grâce à des mécanismes optiques brillants et audacieux. En effet, ce qui est marquant lorsqu’on entre dans la première salle, est cette invitation à nous mettre au centre de l’œuvre, « Kiva (1971) ». Au travers d’un montage complexe cette machine permet de renvoyer l’image du visiteur dans son environnement. La vidéo nous montre et montre le monde qui nous entoure sans doute pour le questionner, le problématiser et s’y confronter. Le visiteur est encouragé à se mettre devant la caméra, passer à l’écran d’une façon volontaire ou non. L’artiste joue avec le public et joue aussi avec l’ombre de celui-ci. Au cœur de la troisième salle une installation permet de filmer le public qui apparait en double grâce à une méthode d’enregistrement. De cette manière notre image apparait deux fois, décalé dans l’espace-temps ce qui met le visiteur en face de lui-même, lui donnant l’occasion de s’auto-interpeler dans l’intimité de l’œuvre. Une véritable rencontre avec soi-même que Peter Campus offre au spectateur grâce à l’utilisation des méthodes d’optique, témoignage de la science et de la technologie au service de la démarche artistique. Cette œuvre ne laisse personne indifférent, pas même les enfants présents à l’exposition qui sautent, lèvent les bras et se balancent de gauche à droite et de droite à gauche pour expérimenter les limites de l’expérience.

La Quatrième salle est dédiée à la période où Peter Campus se consacre à la photographie. Marqué par l’art de l’objectif, Peter Campus aime portraiturer, il représente le détail de l’homme et de la femme mais pas uniquement. Le photographe zoom sur des éléments de pierre et de roches, il montre le détail de la strate qui compose l’univers entier que nous foulons. Une vision abstraite de notre monde, nous est proposée pour laisser parler l’imagination de chacun.

Notre chemin continue pour découvrir les courts métrages et vidéos de l’artiste où l’on observe comme une « palette » de couleurs pixélisées. De la même manière qu’un peintre exprime la matérialité de la peinture dans son œuvre en montrant la touche et laissant une couche de matière, il semble que Peter Campus effectue la même démarche en soulignant la « matière » pixel, composante de la vidéo et photographie.

De nouveau l’artiste nous pousse à nous poser des questions et à interpréter tout en nous laissant une totale liberté. La démarche de montrer le pixel comme matière peut nous mener sur le débat de la dimension artistique de la photographie et encore plus de la vidéo.  L’exposition se termine de façon bien surprenante. En effet, nous quittons l’obscurité de la chambre de photographie et de la salle de projection pour admirer la vidéo 4K. Vidéos tournées dans le petit port français de Pornic, le visiteur ne participe plus activement mais cette fois-ci il est invité à contempler le calme, la perspective et la pureté de l’image. Commandée par le Jeu de Paume spécialement pour l’exposition, cette œuvre est une invitation à la poésie et à l’observation. Ces « images-temps » nous offre la possibilité d’observer de plus près ce que l’on croit connaitre pour regarder plutôt que de voir et se plonger dans cette précision de l’image à la recherche de pures sensations.

Texte Lorraine Pipart pour Point contemporain © 2017

Visuel de présentation : Peter Campus, Interface, 1972. Installation vidéo en circuit fermé, dimensions variables, 1 caméra vidéo noir et blanc, 1 projecteur de lumière, 1 vidéoprojecteur, 1 vitre.
Achat en 1990, Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle. Installation à la Bykert Gallery, New York, 1972. Photo Nathan Rabin, courtesy Paula Cooper Gallery. © Peter Campus 2017

 

Optical Sockets 1972-1973 Peter Campus Installation vidéo en circuit fermé, dimensions variables, 4 caméras vidéo de surveillance, 4 moniteurs vidéo CRT, 1 mixer vidéo. Courtesy de l’artiste et de la Cristin Tierney Gallery. Installation à l’Everson Museum of Art, Syracuse, NY, 1974 – Photo Christopher Coughlan, courtesy Paula Cooper Gallery. © Peter Campus 2017
Optical Sockets
1972-1973
Peter Campus
Installation vidéo en circuit fermé, dimensions variables, 4 caméras vidéo de surveillance, 4 moniteurs vidéo CRT, 1 mixer vidéo.
Courtesy de l’artiste et de la Cristin Tierney Gallery. Installation à l’Everson Museum of Art, Syracuse, NY, 1974 – Photo Christopher Coughlan, courtesy Paula Cooper Gallery. © Peter Campus 2017

 

Kiva 1971 Peter Campus Installation vidéo en circuit fermé, dimensions variables, 1 caméra vidéo de surveillance, 1 moniteur video CRT, 2 miroirs, fils de nylon. Courtesy de l’artiste et de la Cristin Tierney Gallery. Installation à l’Everson Museum of Art, Syracuse, 1974. Photo Christopher Coughlan, courtesy Paula Cooper Gallery © Peter Campus 2017
Kiva
1971
Peter Campus
Installation vidéo en circuit fermé, dimensions variables, 1 caméra vidéo de surveillance, 1 moniteur video CRT, 2 miroirs, fils de nylon.
Courtesy de l’artiste et de la Cristin Tierney Gallery. Installation à l’Everson Museum of Art, Syracuse, 1974. Photo Christopher Coughlan, courtesy Paula Cooper Gallery © Peter Campus 2017

 

Anamnesis 1973 Peter Campus Installation vidéo en circuit fermé, 1 caméra vidéo noir et blanc, 1 vidéoprojecteur, 1 mixer vidéo, 1 délai. Fondation Louis Vuitton, Paris. Installation à la Albion Gallery, Londres, en 1973 – Photo Ed Reeve. © Peter Campus 2017
Anamnesis
1973
Peter Campus
Installation vidéo en circuit fermé, 1 caméra vidéo noir et blanc, 1 vidéoprojecteur, 1 mixer vidéo, 1 délai.
Fondation Louis Vuitton, Paris. Installation à la Albion Gallery, Londres, en 1973 – Photo Ed Reeve. © Peter Campus 2017

 

dor 1975 peter campus Installation vidéo en circuit fermé, dimensions variables, 1 caméra vidéo, 1 vidéoprojecteur, 1 projecteur de lumière. San Francisco Museum of Modern Art Accessions Committee Fund : don de Barbara Bass Bakar, Doris et Donald Fisher, Pam et Dick Kramlich, Leanne B. Roberts, et Norah et Norman Stone. Installation à la Bykert Gallery, New York, 1975 – Photo Bevan Davies, courtesy Paula Cooper Gallery. © Peter Campus 2017
dor
1975
peter campus
Installation vidéo en circuit fermé, dimensions variables, 1 caméra vidéo, 1 vidéoprojecteur, 1 projecteur de lumière.
San Francisco Museum of Modern Art Accessions Committee Fund : don de Barbara Bass Bakar, Doris et Donald Fisher, Pam et Dick Kramlich, Leanne B. Roberts, et Norah et Norman Stone. Installation à la Bykert Gallery, New York, 1975 – Photo Bevan Davies, courtesy Paula Cooper Gallery. © Peter Campus 2017

 

R-G-B 1974 Peter Campus Vidéo couleur, son, 11 min 30 s. Courtesy de l’artiste et de la Cristin Tierney Gallery. © Peter Campus 2017
R-G-B
1974
Peter Campus
Vidéo couleur, son, 11 min 30 s.
Courtesy de l’artiste et de la Cristin Tierney Gallery. © Peter Campus 2017

 

convergence d’images vers le port 2016 peter campus Installation vidéo 4K, 4 projections synchronisées, muet, 8 min 6 s, en boucle. Collection de l’artiste. Production Jeu de Paume, Paris. © Peter Campus 2017
convergence d’images vers le port
2016
peter campus
Installation vidéo 4K, 4 projections synchronisées, muet, 8 min 6 s, en boucle.
Collection de l’artiste. Production Jeu de Paume, Paris. © Peter Campus 2017