D’une main invisible, galerie Salle Principale

D’une main invisible, galerie Salle Principale

En direct de l’exposition D’une main invisible du 20 mai au 25 juillet 2015 galerie Salle Principale, 28 rue de Thionville 75019 Paris

Artistes : Annie Vigier & Franck Apertet (les gens d’Uterpan), Stéphane Barbier-Bouvet, Patrick Bouchain, Dominique Mathieu, Matthieu Saladin, Nils Holger Moormann, Anne Lacaton & Jean Philippe Vassal et Lois Weinberger.

Propos de la directrice de la galerie Salle Principale, Maryline Brustolin, recueillis le 30 mai 2015 :

« Pour cette première exposition collective, j’ai réuni les artistes de la galerie, Annie Vigier & Franck Apertet (les gens d’Uterpan), Stéphane Barbier-Bouvet, l’architecte Patrick Bouchain, Dominique Mathieu que l’on retrouvera en septembre pour une exposition personnelle et des artistes invités : Matthieu Saladin, Nils Holger Moormann, Anne Lacaton & Jean Philippe Vassal qui sont les architectes du bâtiment de la galerie et enfin l’artiste autrichien Lois Weinberger.

L’idée de départ de l’exposition D’une main invisible est de parler de la limite et de notre incapacité à nous autolimiter. J’ai invité Emile Ouroumov à écrire un texte sur ce sujet. Un très beau texte, précis, qui parle de la situation de l’art contemporain dans le marché global dominant. L’art est expérimentation et il ne peut en être autrement. Il ne peut être dans l’ordre du fini sinon il devient muséal, captif de l’histoire.

D'une main invisible, Gens d'Uterpan, galerie Salle Principale
D’une main invisible, Gens d’Uterpan, galerie Salle Principale

Avec Méditation réalisée en 2013, Annie Vigier & Franck Apertet (les gens d’Uterpan) invitent les visiteurs à activer cette pièce en méditant dans la galerie. Il est impressionnant de voir quelqu’un en position du lotus dans l’espace d’une galerie durant un vernissage. Cette pièce permet pour celui qui l’active de se mettre en retrait vis à vis du rythme effréné que nous impose la société.

D'une main invisible, D'une main invisible, Lois Weinberger, galerie Salle Principale
D’une main invisible, Lois Weinberger, galerie Salle Principale

Lois Weinberger exprime ce recul en plaçant l’homme face à la nature. Parmi les quatre pièces présentées, ‘Wild Cube’ est une cage en acier qui emprisonne une végétation spontanée qui croît sans intervention humaine. Il s’agit d’une magistrale illustration de la puissance symbolique, d’une nature libérée de l’homme.

Ce refus des mécanismes sociétaux, comme celui de tout baser sur la nouveauté, se retrouve dans la pièce de Nils Holger Moormann. Grand éditeur de mobilier, présent chaque année à la foire de Milan (l’équivalent de Art Basel pour l’art contemporain), il a annoncé que malgré sa présence au salon de 2008, il n’y présenterait pas de nouveautés. La pièce exposée en est le témoignage.

Dominique Mathieu, pourtant édité par de célèbres maisons d’édition de mobilier design, s’est détaché de ce marché. L’oeuvre exposée montre le passage d’une « chose » en un « objet », un bloc de béton trouvé lors d’une balade dans le quartier, qu’il a fixé chez lui au mur pour lui donner la fonction d’étagère. Ses deux photos témoignent de ce changement de statut. Il fait appel à la conscience de chacun pour que nous puissions faire preuve d’imagination et refuser de subir la consommation et toutes les nouveautés qu’elle propose.

D'une main invisible,Lacaton & Vassal, galerie Salle Principale
D’une main invisible, Lacaton & Vassal, galerie Salle Principale

Dans le même esprit, les architectes Anne Lacaton & Jean Philippe Vassal ont répondu à la demande de réaménagement d’une place publique en privilégiant l’existant plutôt que d’engager une refonte totale de l’espace.

D'une main invisible, Patrick Bouchain, galerie Salle Principale
D’une main invisible, Patrick Bouchain, galerie Salle Principale

Patrick Bouchain, quant à lui, présente deux maquettes et une série de phrases collées à la manière de slogan qui sont révélatrices de sa conception de l’architecture. Une de ces phrases nous rappelle que l’interprétation vous amène à être plus imaginatif.

D'une main invisible, Stéphane Barbier-Bouvet, galerie Salle Principale
D’une main invisible, Stéphane Barbier-Bouvet, galerie Salle Principale

Stéphane Barbier-Bouvet s’interroge sur le fonctionnement même d’une galerie, sur ses coulisses, sur la circulation des œuvres à l’intérieur de celle-ci. Il m’a demandé d’emballer trois de ses oeuvres comme si elles allaient être expédiées, et de les associer pour créer une pièce exposée dans l’espace de stockage de la galerie.

D'une main invisible, Matthieu Saladin, galerie Salle Principale
D’une main invisible, Matthieu Saladin, galerie Salle Principale

Matthieu Saladin s’est lui aussi intéressé au fonctionnement de la galerie et notamment aux horaires d’ouverture avec cette idée que « le temps c’est de l’argent ». Réduction d’activité est une pièce dont le protocole amène à fermer la galerie  5 minutes avant par rapport au jour précédent. Une pièce qui implique ainsi toute l’exposition et interroge le fonctionnement de la galerie et de son économie.

L’ensemble des pièces exposées questionnent une nécessaire lenteur, la nécessité d’avoir conscience des mécanismes qui nous entraînent et que l’on nous impose. Je suis intéressée par les artistes qui sont liés au réel, par la relation de l’art et de la vie, de l’art au sein de la société. »

Pour en savoir plus :
salleprincipale.com