GABRIEL OROZCO, DIARIO DE PLANTAS

GABRIEL OROZCO, DIARIO DE PLANTAS

Gabriel Orozco, Diario de plantas, vue d’exposition, Galerie Chantal Crousel, Paris (2022). Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo : Martin Argyroglo

EN DIRECT / Exposition Gabriel Orozco, Diario de plantas, jusqu’au 08 octobre 2022, Galerie Chantal Crousel Paris

par Laure Jaumouillé

Le dix septembre dernier s’ouvrait à la Galerie Chantal Crousel une exposition personnelle de l’artiste mexicain Gabriel Orozco. En déplacement constant entre Mexico et Tokyo, ce dernier entremêle des influences japonisantes ainsi que celle des plantes qu’il cultive dans son jardin. Durant la période du confinement, Gabriel Orozco réalise une multiplicité de dessins d’empreinte japonaise, usant de la gouache, de la tempera, de l’encre et du graphite sur papier. Ayant recours, volontairement, au papier japonais, il se réfère à la pratique du ukiyo-e, à savoir des eau-forte japonaises, mais aussi à la technique du tataki zomé. Selon un tracé à main levée, cette pratique évoque l’art de la calligraphie et se caractérise par l’empreinte de plantes colorées. On y observe une forme d’herbier, associée à une signature manuscrite par le biais d’un tampon rouge. Face à cette influence japonisante, le visiteur est témoin d’une absence de perspective mais aussi d’une forme de contrainte et de résistance. Selon le titre de l’exposition (Diario de plantas), il s’agirait d’un « journal des plantes », impliquant une dimension encyclopédique. Intéressé tant par les musées d’histoire naturelle que par la biologie, il met en œuvre une forme d’entropie, à savoir, la souvenance d’une certaine forme d’imaginaire visuel. L’espace d’exposition est aussi parsemée de grands formats réalisés au moyen de la tempura sur toile de lin. On y observe des formes géométriques ponctuées de feuilles d’or, tandis que des éléments végétaux sont pressés sur la toile ; ces derniers évoquant les reliques d’un environnement naturel. Certaines de ces toiles accueillent des variations de vert, de rose et d’or, convoquant une luxuriance printanière et une perpétuelle métamorphose du vivant. Tandis qu’il fait usage de pratiques artisanales, Gabriel Orozco refuse l’espace sclérosé de l’atelier ; on observe que le travail et le lieu se trouvent entremêlés. Selon Christine Macel, l’arbre associe gravité et croissance ; il constitut « son idéal de sculpture ».1 Gabriel Orozco fait usage du « monotype », à savoir, un procédé d’impression sans gravure produisant un tirage unique. L’artiste tend à renouveler notre relation au monde de la vie, à l’espace naturel et environnemental. Si le végétal se confronte à une rigueur géométrique – carré, triangle, cercles… -, on observe une symbiose entre la plante et le dépouillement abstrait, ainsi qu’un imaginaire lunaire. Les méandres qui animent les œuvres de Gabriel Orozco, qu’il s’agisse de ses dessins ou de ses peintures, font écho au fameux « ruban de Moebius » tel qu’il est présenté par Bruno Latour2. Au travers d’une intrication entre abstraction et biologie, apparaît un entremêlement formant une unité ainsi qu’une forme inédite d’éclosion. 

Laure Jaumouillé

1 MACEL Christine, L’art comme réceptacle de la vie, in : Gabriel Orozco, Centre Pompidou, Paris, 2015, p.19. 
2 LATOUR Bruno, Enquête sur les modes d’existence, La Découverte, 2012, p.21. 

Gabriel Orozco Untitled, 2022 - Tempera sur toile de lin, 200 x 3.5 x 200 cm - Courtoisie de l'artiste et de la | Courtesy of the artist and Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo: Gerardo Landa & Eduardo Lopez - GLR Estudio
Gabriel Orozco Untitled, 2022 – Tempera sur toile de lin, 200 x 3.5 x 200 cm – Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo: Gerardo Landa & Eduardo Lopez – GLR Estudio
Gabriel Orozco, Diario de plantas, vue d'exposition, Galerie Chantal Crousel, Paris (2022). Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo : Martin Argyroglo
Gabriel Orozco, Diario de plantas, vue d’exposition, Galerie Chantal Crousel, Paris (2022). Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo : Martin Argyroglo Gabriel Orozco Diario de plantas 10 septembre — 8 octobre 2022
Gabriel Orozco 3.I.22 (b) #5, 2022 Gouache, tempera, encre et graphite sur papier, 16.5 x 12.8 cm - Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo: Martin Argyroglo.
Gabriel Orozco 3.I.22 (b) #5, 2022 Gouache, tempera, encre et graphite sur papier, 16.5 x 12.8 cm – Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo: Martin Argyroglo.
Gabriel Orozco, Diario de plantas, vue d'exposition, Galerie Chantal Crousel, Paris (2022). Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo : Martin Argyroglo
Gabriel Orozco, Diario de plantas, vue d’exposition, Galerie Chantal Crousel, Paris (2022). Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo : Martin Argyroglo Gabriel Orozco Diario de plantas 10 septembre — 8 octobre 2022
Gabriel Orozco Untitled, 2022 - Tempera sur toile de lin, 75 x 2.5 x 75 cm - Courtoisie de l'artiste et de la | Courtesy of the artist and Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo: Gerardo Landa & Eduardo Lopez - GLR Estudio
Gabriel Orozco Untitled, 2022 – Tempera sur toile de lin, 75 x 2.5 x 75 cm – Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo: Gerardo Landa & Eduardo Lopez – GLR Estudio
Gabriel Orozco, Diario de plantas, vue d'exposition, Galerie Chantal Crousel, Paris (2022). Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo : Martin Argyroglo
Gabriel Orozco, Diario de plantas, vue d’exposition, Galerie Chantal Crousel, Paris (2022). Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo : Martin Argyroglo Gabriel Orozco Diario de plantas 10 septembre — 8 octobre 2022
Gabriel Orozco, Diario de plantas, vue d'exposition, Galerie Chantal Crousel, Paris (2022). Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo : Martin Argyroglo
Gabriel Orozco, Diario de plantas, vue d’exposition, Galerie Chantal Crousel, Paris (2022). Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo : Martin Argyroglo Gabriel Orozco Diario de plantas 10 septembre — 8 octobre 2022
Gabriel Orozco 23.II.22 (m), 2022 - Gouache, tempera, encre et graphite sur papier, 18.2 x 12.8 x 0 cm - Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo: Martin Argyroglo.
Gabriel Orozco 23.II.22 (m), 2022 – Gouache, tempera, encre et graphite sur papier, 18.2 x 12.8 x 0 cm – Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo: Martin Argyroglo.