ZOHREH ZAVAREH, TENIR DEBOUT

ZOHREH ZAVAREH, TENIR DEBOUT

Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil
Photographie Aurélien Mole

EN DIRECT / Exposition Zohreh ZavarehTenir debout jusqu’au 11 juin 2023, Instants Chavirés / Montreuil

Donner un coup de pied dans la fourmilière
par Caroline Cros

Le titre de l’exposition personnelle de Zohreh Zavareh, Tenir debout, présentée aux Instants Chaviréà Montreuil est une adresse à elle-même dans laquelle chacun peut se reconnaitre, notamment au moment du confinement auquel l’artiste se réfère. Plus généralement, il est à l’image de notre humanité et des doutes existentiels qui nous traversent et qu’il faut, sans cesse, côtoyer pour vivre et trouver son chemin.

L’artiste nous dévoile une situation imaginaire, un récit ouvert, un voyage sous la forme d’un « atelier de yoga » avec ses outils (tapis), ses supports (briques, boules d’auto-massages) et ses mantras (casques audio). Née à Téhéran en 1985, Zohreh Zavareh vit en France depuis une dizaine d’années. On a pu découvrir son travail au 64e Salon de Montrouge en 2019 et au centre d’art La Terrasse à Nanterre en 2020, justement à la veille du confinement. En 2023, l’artiste transforme l’espace des Instants Chavirés en une situation avec ses personnages (les visiteurs), ses objets utilisables et des textes, qui questionnent notre capacité d’adaptation à travers la question de la souplesse incarnée par le yoga. L’artiste déplace la posture et le rôle du spectateur en l’invitant à une promenade spirituelle et métaphysique, nourrie de mythologies et de traditions. L’espace est délicatement ponctué de six tapis de yoga disposés en étoile, de briques en savon (Déluge), d’un museau pour se masser la plante des pieds (Ballonnez), de tiges en bronze pour se gratter le dos (Remuer les puces) et de neuf dessins reproduisant des postures d’étirement quasiment impossibles à atteindre et des conseils audio pour calmer notre mental (Vider la tête). Chaque tapis de yoga est sérigraphié à partir de dessins que l’artiste a composés qui évoquent un paysage, où d’étranges créatures, cachées ici ou là, nous observent. Le titre de cette installation potentiellement activable par le visiteur, Se tapir comme personne, est ambivalente : « Nous nous mettons d’abord à genoux, puis à quatre pattes, jusqu’à s’aplatir complètement », nous dit l’artiste. Si des visages d’animaux ou de démons prolongent certains objets que l’artiste nous invite à activer, le corps est absent de cette exposition et pourtant il est omniprésent. La plupart des œuvres s’adressent à lui et lui promettent douceur, apaisement et harmonie. Comme ce corps, les objets manipulables par le public sont en danger. Ils sont vulnérables par leur dimension réduite, leur déploiement à même le sol, leur matérialité (cire, céramique, savon) et leur présence discrète (cavités dans le sol, les poutres et les plinthes). Ces objets ne sont pas toujours bienveillants. Ils peuvent nous torturer (Jugements derniers), nous surveiller (Le témoin) et nous contraindre (Corps cloué) à l’image des dictatures. La qualité du travail de l’artiste est justement de questionner nos limites et nos craintes sans jamais en aborder les causes mais en nous amenant subtilement, presque de manière infra-mince, à accepter l’absurde et l’impuissance, qui nous guettent inévitablement. Ainsi, la sculpture intitulée Contrecou, que l’artiste installe contre le mur est à triple détente : c’est une chevelure, une nuque et phonétiquement un « coup » de trop, violent, qui peut assommer. La présence d’une oreille en silicone (Se déchausser devant la cavité), presque invisible, tapie dans un angle de la salle, nous invite à entamer un dialogue animiste avec les œuvres : « Il n’est pas question de les utiliser comme s’ils étaient des objets. L’idée c’est de prendre le temps de parler avec eux, les écouter ». Ce dialogue bienveillant, entre ténèbres et lumière, permet de « tenir debout ». Résister et donner un coup de pied dans la fourmilière, à l’image de cette jarre en argile au cœur de l’exposition (Pied dans la fourmilière), que l’artiste nous propose de saisir au sens propre comme au sens figuré.

Caroline Cros 

Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil
Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil
Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil
Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil
Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil
Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil – Chloé Charrois / performance de la cadre de l’exposition. Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil
Photographie Aurélien Mole
Vue exposition Zohreh Zavareh, Tenir debout, Instants Chavirés / Montreuil – Chloé Charrois / performance de la cadre de l’exposition. Photographie Aurélien Mole

ZOHREH ZAVAREH – BIOGRAPHIE
Née à Téhéran (Iran) en 1985, Zohreh Zavareh est une artiste plasticienne diplômée de l’École supérieure d’Art de Clermont Métropole.