Les « Blanche-Neige » de Catherine Bay

Les « Blanche-Neige » de Catherine Bay

Blanche Neige, Centre National du Costume de Scène 2019 (c) Catherine Bay

FOCUS / Les « Blanche-Neige » de Catherine Bay au Centre National du Costume de Scène à Moulins
par Madeleine Filippi

Le temps d’un weekend les habitants de Moulins ont pu découvrir avec surprise le travail de Catherine Bay, invitée par le Centre National du Costume de Scène (CNCS) a présenté son œuvre « Blanche-Neige ».

L’artiste et chorégraphe revisite de manière performative depuis 2002 le conte de Jacob et Wilhelm Grimm afin de dénoncer la culture de masse. Cette œuvre performative révèle une esthétique du faux-semblant. En effet, d’apparence docile, les « Blanche-Neige » de Catherine Bay conservent les caractéristiques iconographiques du conte : peau blanche, cheveux noirs, jupe jaune et corset bleu pour mieux révéler les écarts entre le corps intime et le corps social se confrontant à la culture de masse.

L’aventure à Moulins débute au mois de juin. Sur les réseaux sociaux et dans la ville apparaissent des avis de recherches avec le visage d’une « Blanche-Neige ». C’est au moment de l’inauguration de la nouvelle charpente de la chapelle de la Visitation à Moulins, que les premières « Blanche-Neige » sont apparues silencieuses se mêlant à la foule mi surprise et mi gênée.

Elles sont ensuite réapparues, démultipliées et toujours silencieuses sur la place du marché jusqu’au Centre National du Costume de Scène (CNCS), à travers une chorégraphie particulière. Conçue sur des jeux de distorsions et de rapprochements, avec des moments de « mise sur pause » des corps contre balançant avec des moments d’activation et de mise en relation entre les «Blanche Neige » elles – mêmes et/ou en réaction avec l’espace public. 

Le costume, quant à lui, a été imaginé par Roël Stassart et inspiré par les poupées Polly Pocket des années 90. Il joue un rôle essentiel au sein du projet performatif. Il confère une certaine rigueur aux gestes des « Blanche-Neige » et un son particulier qui donne l’illusion d’une inquiétante étrangeté.

Le point culminant de cette apparition a eu lieu au cœur du CNCS. Les « Blanche-Neige » ne se sont pas contentées d’y déambuler, elles ont participé à l’atelier de conception de leurs propres costumes avant de prendre place telles des reliques dans les vitrines du musée en reprenant la scène emblématique du « sommeil » dans le conte.

Lorsque que Catherine Bay convoque au sein d’un musée le personnage de « Blanche-Neige », il n’est plus seulement un parangon de la société de consommation et de la culture de masse. On est tenté d’y déceler une mise en abyme de l’état de la création artistique actuelle, dans lequel l’artiste « s’auto confectionnant » / « s’auto finançant » et prêt à tester tous les moules du marché de l’art pour atteindre la sacro sainte place au sein d’une collection de musée. 

Madeleine Filippi

Les « Blanche-Neige » de Catherine Bay au Centre National du Costume de Scène à Moulins
Les « Blanche-Neige » de Catherine Bay au Centre National du Costume de Scène à Moulins