ELVIRA VOYNAROVSKA, HOLOBIONTES

ELVIRA VOYNAROVSKA, HOLOBIONTES

FOCUS / Projet Holobiontes, pour la renaissance d’une architecture organique
de Elvira Voynarovska

Une partie de ce projet est actuellement exposée à la Galerie Tatiss à partir jusqu’au 15 janvier 2021.

« Le projet actuel Holobiontes, pour la renaissance d’une architecture organique, est une réflexion et recherche, qui questionne les structures naturelles vis-à-vis de notre architecture contemporaine, ainsi que les espaces quotidiens au sein desquels nous vivons. Je mène cette réflexion par le biais du dessin, en donnant une vision imaginaire et futuriste de l’évolution de ces espaces. Dans mon travail j’analyse les notions telles que les archétypes ancestraux de l’architecture naturelle, le dôme et la spiritualité de l’habitat, la relation au paysage, les formes circulaires et leurs impacts sur le bien-être humain. 

C’est une collection d’habitats issus de formes du monde minéral ou végétal; construits par un humain ou non humain, dans une communauté ou individuellement. Les architectures organiques sont inspirées d’une part du monde animal : des constructions de cocons ou de fourreaux des trichoptères, de nids ou de termitières façonnés par les insectes sociaux. D’autre part la démarche est nourrie grâce à la recherche des archétypes ancestraux, des constructions naturelles, communes partout dans le monde. De nombreux exemples de ces architectures traditionnelles sont construites dans une forme circulaire, courbe. Que ça soit dans une yourte des steppes de l’Asie Centrale, dans un hogan d’Amérique du Nord, un tipi, un igloo, ou dans une caverne troglodyte, le dôme ouvert ou fermé est une condition et parfois une obligation technique de construction. Les formes circulaires et le toit courbe, en font des structures extrêmement solides et stables, tandis que le dôme, archétype classique symbolise les cieux et le cosmos. Les Holobiontes sont particulièrement inspirés par les pueblos, maisons semi-souterraines, indiennes, avec une ouverture au plafond tel une cheminée de lumière en guise d’entrée dans l’habitat. C’est un archétype classique propre aux Indiens Pueblos du Sud-Ouest des États-Unis, qui représente ce type de construction. On y pénétrait par le toit, grâce à une échelle, à l’intérieur de certaines pièces, comme les silos ou les kivas, un endroit sacré représentant les ancêtres, un sanctuaire pour les dieux et les prières. 

Mes habitats imaginaires archaïques et futuristes à la fois, sont une projection fictive de l’habitat contemporain qui se concentre non pas sur la fonctionnalité mais plutôt sur le bien-être.

Un Holobionte, en langage scientifique, définit un supra organisme, un ensemble, qui héberge un microbiote, et traduit une vraie relation symbiotique. C’est pour moi une définition des architectures organiques, inspirées par diverses espèces, créant des liens entre le micro et le macrocosme. Un Holobionte est une collaboration entre l’intérieur, les habitants, mais aussi, avec l’extérieur, le paysage, et le climat. 

Concernant l’aspect esthétique je travaille sur les notions de l’enveloppe externe, la coupe architecturale, le poids et la légèreté, la protection, la texture, la construction et l’imbrication des formes. Actuellement je m’intéresse à la typologie des habitats cavernes, des grottes imposantes sur le format et souples à la fois dans les textures et le traitement de camaïeux de bleus. Je questionne la forme voluptueuse, qui remplit la page, et l’ouverture, qui symboliquement induit l’idée de la grotte, de l’habitat, d’un endroit dans lequel nous pouvons rentrer, se nicher et qui nous protège. Par ailleurs le bleu hypnotique sur les surfaces noires avec une forme presque sculptée ressort du dessin et induit un travail de volumes. » 

Elvira Voynarovska, L’Anatomie des cavernes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, L’Anatomie des cavernes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, L’Anatomie des cavernes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, L’Anatomie des cavernes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, esquisses au crayons sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, esquisses au crayons sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, crayons sur papier, 21x28cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, crayons sur papier, 21x28cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm
Elvira Voynarovska, Holobiontes, pastels à l’huile sur papier, 50x65cm

Elvira Voynarovska, jeune designer et plasticienne franco-ukrainienne, je vis et travaille entre Orléans et Paris. Diplômée des beaux-arts d’Orléans, je développe une recherche aux formes multiples allant du dessin aux volumes. Par ma démarche j’explore les rapports interespèces entre les humains et non humains et plus précisément les humains et les animaux. Ma recherche relativise la posture centrale de l’Homme dans son milieu, pour que celui-ci retrouve une place dans le champ du vivant. Je questionne l’évolution de ces liens à travers la notion de la construction, de l’habitat et de toute forme d’architecture organique, archaïques et futuristes à la fois. 

À la croisée de divers domaines entre la science et la poésie, l’architecture et le dessin, je m’intéresse à la biologie, la zoologie, le biomorphisme, le biomimétisme ainsi que l’ethnologie et l’anthropologie. Ayant une posture de l’enquêtrice du monde vivant, mon travail consiste à créer des liens entre les espèces et leurs expressions architecturales, pour faire voyager ces formes organiques et les adapter à notre contexte humain. Dans une démarche écologique et sensible, il me semble important de venir chercher le savoir déjà existant dans les mondes inconnus ou moins étudiés, qui ont des solutions, transposables à notre réalité. Cette posture de doute face à nos façons de vivre et de construire, la remise en question face aux choses existantes, guide ma pensée. 

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