LOUIS DE DUCLA

café de flore, paris 6ème – Courtesy Louis de Ducla
FOCUS / Photographe Louis de Ducla
par Sophie Bernal
A bout portant
Il est des images qui, mises bout à bout, fabriquent des histoires. Celles de Louis de Ducla en sont autant de fragments : de petits morceaux qui tracent les histoires écrites aux marges de la grande. Celles qui, aux traits impeccables du Paris soigné, préfèrent l’oblique des incommodités. Celles que l’écrit ne dit pas — on n’enseigne pas l’insignifiant — mais que l’image raconte. C’est un peu de ça qu’il s’agit là : la chasse des angles morts des récits d’une ville. Pourtant plus tendre que braconnière, la photographie se fait ici supplique pour une anthropologie du coutumier. Dans le sillage discret du photojournalisme et des leçons tirées de ses aîné.es animé.es par la quête de « l’instant décisif » en photographie, Louis de Ducla exalte le non-événement, que sa capture rend définitif. Sous la forme d’un reportage du quotidien, cette série aborde l’identité des habitant.es de Paris, où l’anonymat se conquiert. Aux germes du projet, quelques questions : comment faire communauté dans une ville-société ? Quelles frontières entre l’être ensemble, au sens géographique du terme, et le vivre ensemble ? Dans sa tentative de passer en revue les types collectifs, la sociologie a partiellement renoncé à encadrer la notion de « communauté », trop large pour être exhaustive. Que peut la photographie à cette définition ? Humaniste et documentaire à la fois, elle dessine ici la cartographie d’un espace où les identités se chevauchent sans se confondre. Et approche une idée : celle de donner corps au tissu social qui nous lie.





