PROJET ATFU

PROJET ATFU

© Eleonore Geissler © Sirine Ammar

FOCUS / Clara Citron (Arts déco Paris, plasticienne), Sirine Ammar (Beaux-Arts de Paris, plasticienne) et Clémentine Dupont Tissot (ESAD St-Étienne, ex artist-liaison) ont développé le projet ATFU {À Toutes Fins Utiles}, une application gratuite de troc d’oeuvres d’art entre artistes. Sortie en juillet dernier, elle comptabilise plus de 1700 artistes pour une centaine de trocs effectués. 

Pourquoi ce projet ? D’où vient cette idée ?

En sortie de confinement, on s’est rendues compte qu’on était prêtes à accepter à peu près n’importe quoi pour être exposées. Cette précarité, bien connue, nous a sauté aux yeux à ce moment : on n’est pas payé·es, on est mis·es en compétition dès l’école, on est souvent isolé·es et on peine à être découvert·es.

L’idée d’ATFU, c’est de permettre aux artistes de devenir collectionneur·euses. Troquer avec nos pair·es pour faire circuler nos pièces endormies dans nos ateliers et nous permettre de tabler sur une belle collection dans quelques années. Le troc se pratique depuis toujours entre ami·es, connaissances, mais nous avons voulu l’étendre afin de permettre des rencontres entre artistes qui n’auraient jamais eu lieu.

Pourquoi une application ?

Parce qu’on a (presque) tous·tes un téléphone intelligent, que nous sommes maintenant habitué·es à voir des pièces sur des écrans, et que nous voulions faire au plus simple pour les artistes. L’appli a une interface très neutre, pour mettre en avant les pièces. Le principe est le même que tinder, on swipe des œuvres d’art, on enregistre en favoris, et si match il y a entre deux pièces, une fenêtre de discussion s’ouvre afin que les artistes se rencardent pour échanger. 

Cette appli étant gratuite, comment vous financez-vous ?

Alors ! Nous avons levé des fonds auprès de particulier·es, qui ont cru en ce projet et y ont vu un véritable outil d’utilité publique ! Cela nous a permis de développer l’application et de nous payer un petit peu. C’est vrai que l’application est gratuite, parce que, sachant qu’on ne connaît quasiment aucun artiste qui paye pour photoshop, on s’imaginait mal leur proposer un forfait pour troquer… Mais l’idée est qu’ATFU puisse être indépendante financièrement.

On a donc imaginé un onglet qui s’appelle le Studio Mobile. Cet outil a été pensé pour que les étudiant·es et jeunes artistes documentent leurs pièces, de l’idée à leur production, à la vente ou au troc !  Les artistes pourront y retrouver leurs photos, images de références ou notes relatives à leurs œuvres, exporter en pdf les infos pour des collectionneur·euses ou curateur·ices, y ajouter leur biographie etc. Cet outil est à usage privé et nous allons le proposer sous forme d’abonnement… notamment aux écoles d’art ! 

Faites vous une sélection à l’entrée de l’app ?

N’ayant pas envie de devenir une foirefouille mêlant illustrations bas de gamme et bracelets en cuir, nous avons retourné le problème dans tous les sens. Mais nous ne voulons pas être les juges des pièces qui entrent ou non sur l’appli et avons volontairement laissé les artistes troquer et collectionner qui iels voulaient. Nous  donnons une chance à tous·tes d’être découvert·es. Par contre, des expositions ATFU sont en cours de réflexion et là, nous mettrons en avant les artistes qui ont le plus troqué ou qui sont les plus demandé·es par les autres artistes. Nous croyons dur comme fer que les goûts des artistes d’aujourd’hui feront les grandes collections de demain.

Des noms d’artistes présents sur l’app ?

Alors, information de la plus haute importance : les pièces sur ATFU sont anonymes jusqu’au match ! Pourquoi ? Parce que notre rêve c’est qu’un·e étudiant·e aux Beaux-Arts d’Amiens troque avec un·e artiste de renommée internationale. Se focaliser sur les productions et non sur le cv, c’est l’idée d’ATFU.

Donc ce qu’on peut vous dire, c’est qu’il y a autant d’artistes en milieu ou fin de carrière que des étudiant·es prometteur·euses.

à toutes fins utiles : 
www.atfu.io
google play
app store
insta