[FOCUS] Thomas Tudoux, Les Complexes de Décubitus

[FOCUS] Thomas Tudoux, Les Complexes de Décubitus

« Tout mon travail porte sur l’hyperactivité de notre société. Dans cette série, j’ai voulu m’intéresser à ce qu’il reste comme place pour le sommeil. » Thomas Tudoux

Les Complexes de Décubitus retracent, à travers deux séries de dessins au crayon sur papier, Étude (2013) et Répertoire (2014), les phases d’agitation du dormeur, une nuit traversée par des cauchemars ou par des résurgences d’un stress accumulé pendant la journée. Par leur construction et leurs di érents angles de vue, les dessins de Thomas Tudoux se rapprochent de croquis scienti ques ou médicaux, faisant du personnage un sujet d’étude.

Une allusion au monde médical qui apparaît dès le titre de l’oeuvre : « décubitus », accompagné le plus souvent du terme « complications » pour désigner toutes les maladies liées à une immobilité prolongée, est ici précédé de « complexes » et suggère ainsi le mal-être psychologique, la culpabilité qui assaille le travailleur dès qu’il se repose ou qu’il n’est plus dans l’efficience.

Cette série est composée sur le contraste entre les lignes géométriques des arrêtes des murs auxquelles s’ajoutent les axes d’une modélisation 3D de la pièce, et le drapé du couvre-lit à la facture classique. Issue d’une reproduction d’un manuel pour infirmier, la figure du dormeur est quant à elle schématisée dans différentes positions d’immobilisation présentant des risques d’entrave avec les barreaux du lit. La corpulence du personnage comme ses différentes positions semblent renvoyer directement à l’histoire de l’art et confèrent à la scène une dimension quasi christique.

Une série dont la construction, mais aussi la technique, donnent l’idée d’un emprisonnement, à la fois physique et mental et qui interroge sur la perception du repos dans notre société. Un sentiment confirmé par l’effet d’apaisement que produit la vision de l’affichage de l’heure du lever du personnage dans le dernier dessin.

Les Complexes de Décubitus sont le résultat d’un travail de détail où, sur le principe du collage, l’artiste associe dessin vectoriel, image numérique et dessin au crayon. Un travail minutieux de plus d’une quinzaine de dessins qui mettent en scène une aliénation dans une époque où tout repos est perçu comme une perte de temps.

Visuel de présentation : Complexes de Décubitus (étude), 2013. Crayon sur papier, 8 dessins de 84,1 x 59,4 cm. Crédits Thomas Tudoux.

Complexes de Décubitus (étude), 2013. Crayon sur papier, 8 dessins de 84,1 x 59,4 cm. Crédits Thomas Tudoux

Complexes de Décubitus (étude), 2013. Crayon sur papier, 8 dessins de 84,1 x 59,4 cm. Crédits Thomas Tudoux

Complexes de Décubitus (étude), 2013. Crayon sur papier, 8 dessins de 84,1 x 59,4 cm. Crédits Thomas Tudoux
Complexes de Décubitus (étude), 2013. Crayon sur papier, 8 dessins de 84,1 x 59,4 cm. Crédits Thomas Tudoux

 

Article paru le 27 août 2016 dans la revue Point contemporain #2 : acheter

 

Pour en savoir plus sur l’artiste :
Thomas Tudoux