FRÉDÉRIC LÉGLISE [PORTRAIT]

FRÉDÉRIC LÉGLISE [PORTRAIT]

« Il y a dans la peinture, à la différence de l’art conceptuel, une dimension spontanée
qui fonctionne beaucoup dans l’instant, un geste en entraînant un autre.
Francis Bacon parlait de l’instinct du peintre… »
Frédéric Léglise

 

Ardent défenseur de la peinture, Frédéric Léglise est à la fois peintre, professeur à l’ÉSAD de Grenoble et commissaire d’exposition. Il soutient ce médium encore trop boudé en France par l’organisation d’expositions où il réunit la jeune garde des peintres français aux côtés d’artistes reconnus tels que Erró, Marc Desgrandchamps et Louis Cane. Des choix qui soulignent une contemporanéité particulière de la peinture à la fois dans l’approche du médium et du sujet.


« Who’s afraid of Picture(s) ? renvoie clairement aux institutions françaises qui pendant très longtemps ont complètement renié la peinture dans les écoles d’art. Il était clairement dit aux peintres qu’il fallait arrêter et trouver d’autres voies artistiques car la peinture était morte. »
Frédéric Léglise

En utilisant le terme « picture » dans son acception anglaise, terme générique qui regroupe les notions de peinture, d’image et de cinéma, Frédéric Léglise ouvre son positionnement au-delà de la question du sempiternel « retour de la peinture ». En invitant un artiste comme Jean-Jacques Lebel qui mixe les médiums, les différents volets des expositions « Who’s afraid of picture(s) ? » sont vécus par l’artiste comme des expériences partagées, où seule est dénoncée la catégorisation dont est souvent victime la peinture. Par leur éclectisme, ces expositions entendent souligner combien la peinture est au contraire capable, par sa particularité d’étirer le temps, de donner un nouveau statut à l’image et d’une certaine manière, de lui redonner vie.

Une interrogation sur notre rapport contemporain à l’image qui se manifeste dans les productions de l’artiste et notamment ses autoportraits qu’il décline depuis 2004 à l’aquarelle sur papier ou à l’huile sur toile. Des ombres du visage de l’artiste, dotées de multiples yeux, portées sur des pages d’anciens livres d’art et qui font écho à son propre statut de regardeur lorsqu’il peint l’intimité de ses modèles, des femmes en train de se déshabiller, de comparer leur nudité ou de s’embrasser.  Le corps féminin est le sujet de prédilection de cet artiste qui compose des scènes intimistes où les modèles imposent leur présence dans une atmosphère érotique marquée.

Les peintures de Frédéric Léglise se caractérisent par des angles de vue et postures impossibles à peindre lors de poses conventionnelles. Pour ne rien perdre de ces expressions ou de ces gestes pris dans un mouvement, l’artiste passe par l’étape de la photographie. Avivées par le regard du peintre derrière l’objectif, les modèles qui ne sont pas professionnelles, s’abandonnent dans des attitudes qui manifestent pleinement leur fémininité. La peinture apporte à la scène une carnation, ce rose si caractéristique de la palette du peintre depuis sa première exposition personnelle Pink Memory (2003). Une présence charnelle que l’image photographique seule ne peut offrir. Une physicalité que l’artiste, amoureux du corps féminin, sublime avec des feuilles d’or ou des fonds pailletés qui donnent, comme le définit le critique d’art Richard Leydier, une sacralité évoquant le mystère du corps féminin1.

1 Richard LEYDIER, Les seintes femmes de Frédéric Léglise, in catalogue de l’exposition «Who’s Afraid of Pink ?», Galerie Deborah Zafman, Paris, 2006.

 

Portrait réalisé par Valérie Toubas et Daniel Guionnet initialement paru dans la revue Point contemporain #2 © Point contemporain 2016

 

Frédéric Léglise
Né en 1972 à Nantes. 

Vit et travaille à Paris. 

Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (1998).

Représenté par Galerie 1900-2000 Paris.

www.fredericleglise.com

 

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Visuel de présentation : Frédéric Léglise, Musician, 2015. Huile et paillettes sur toile, 46 x 55 cm. Courtesy Frédéric Léglise.

 

 

Frédéric Léglise, Jojo, 2012. Huile et paillettes sur toile. 54,5 x 45,5 cm. Courtesy Frédéric Léglise.
Frédéric Léglise, Jojo, 2012. Huile et paillettes sur toile. 54,5 x 45,5 cm. Courtesy Frédéric Léglise.

 

 

 

Frédéric Léglise, Eunji on her bed, 2013. Huile et feuille d’or sur toile, 114 x 146 cm. Courtesy Frédéric Léglise.
Frédéric Léglise, Eunji on her bed, 2013. Huile et feuille d’or sur toile, 114 x 146 cm. Courtesy Frédéric Léglise.

 

Frédéric Léglise, Autoportrait de mon ombre aux yeux verts, 2013. Aquarelle sur page de livre, 30 x 23 cm. Courtesy Frédéric Léglise.
Frédéric Léglise, Autoportrait de mon ombre aux yeux verts, 2013. Aquarelle sur page de livre, 30 x 23 cm. Courtesy Frédéric Léglise.