Furiosité, Galerie Frédéric Lacroix

Furiosité, Galerie Frédéric Lacroix

En direct de l’exposition Furiosité, exposition collective sous le commissariat de Julie Crenn.

Exposition : Furiosité, sous le commissariat de Julie Crenn, du 5 septembre au 24 octobre 2015, galerie Frédéric Lacroix, 13 Rue Chapon, Paris

Artistes invités : Giulia Andreani, Raphael Barontini, Marcs Brunier Mestas, Marcos Carrasquer, Marion Charlet, Eric Corne, Béatrice Cussol, Olivier Daquin, Damien Deroubaix, Léo Dorfner, Ninar Esber, Vanessa Fanuele, Camille Fischer, Sylvain Gelinotte, Céline Guichard, Rohan Graeffly, Aurélie de Heinzelin, Hippolyte Hentgen, Alexandra Kawiak, Elodie Lesourd, Claude Lévêque, Pascal Lièvre, Sandra Lorenzi, Myriam Mechita, Bérénice Merlet, Maël Nozahic, Tom de Pékin, Marine Penhouet, Eric Pougeau, Arnaud Rochard, Lionel Sabatté, Thomas Salet & Martine Rassineux, Pierre Tectin, Erwan Venn, Adrien Vermont, Jean-Luc Verna, Gretel Weyer, Brigitte Zieger,  Jérôme Zonder.

 

Propos de Julie Crenn recueillis le 05 septembre 2015 :

« L’exposition est intitulée Furiosité, un terme qui n’est plus utilisé dans la langue française, qui signifie la rage, la colère, la peur, quelque chose de noir, ce qui, je pense apparait dans les œuvres exposées. J’ai donné carte blanche aux artistes. 40 artistes autour d’un mot, la furiosité et d’un geste, celui de graver. La gravure est ici envisagée de la manière la plus large et riche possible : eau fort, gravure sur bois, sur miroir, sur verre, de la vidéo en passant par le dessin, la photographie ou même de la gravure dans le gras de cuisine !

Je voulais que les artistes réfléchissent à la furiosité, un sentiment, une attitude, qui à mon sens, traverse leurs pratiques, leurs réflexions. Chacun à leur manière, ils sont en résistance, ils créent sans compromis.

Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele
Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele

J’ai invité des artistes confirmés comme Claude Lévêque, Brigitte Zieger, Jérôme Zonder, Béatrice Cussol, Damien Deroubaix, Myriam Méchita ou Jean-Luc Verna, mais aussi des artistes émergents ou dont le travail est moins visible. Il n’y a pas de cartel et donc il n’y a aucune hiérarchie entre les pièces. Pour moi, c’était très important que les gens regardent les œuvres et ne cherchent pas un nom. Pour savoir qui est l’auteur, il faudra demander et donc discuter avec Frédéric, les artistes ou moi-même.

De nombreux artistes ont réalisé une œuvre inédite pour l’exposition. Beaucoup d’entre eux n’avaient jamais gravé, ils se sont soit frotté à des techniques traditionnelles, ou bien ils ont trouvé des chemins détournés. Je pense notamment à Pascal Lièvre qui a réalisé le film Féminismes, où l’on voir le doigt de l’artiste graver les noms de théoriciennes et militantes féministes sur un écran de paillettes noires. Si la gravure est familière pour Tom de Pékin ou Marc Bruner Mestas, entre autres, elle est très loin de la pratique artistique de Ninar Esber qui est avant tout performeuse. Ils ont relevé le défi, j’en suis très heureuse.

Les installations sont une autre manière d’aborder la gravure. Alexandra Kawiak (une artiste dont le travail manquait depuis trop longtemps !) présente un miroir gravé soutenu par un néon. Les inscriptions sont aussi impertinentes qu’autobiographiques. Bérénice Merlet a produit une installation intitulée A Bâtons Rompus, elle est formée d’un plancher noir et gravé, ainsi que d’un rideau imprimé. La plaque de bois est à l’origine la matrice d’impression. La gravure apparaît ainsi sur le tissu. Il s’agit là d’une gravure spatiale.

Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele
Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele

Je suis ravie de constater que les artistes ont répondu à la furiosité par des œuvres clairement féministes. La représentation critique du corps des femmes revient dans beaucoup de propositions : Béatrice Cussol, Brigitte Zieger, Giulia Andreani ou encore Aurélie de Heinzelin.

Il était important pour moi de présenter autant d’artistes femmes et d’artistes hommes, 20 furieuses et 20 furieux.

D’autres belles surprises : une photographie furieusement drôle de Claude Lévêque ou encore le dessin de Jean-Luc Verna qui n’a pas accepté les conditions de l’exposition, il présente donc un dessin représentant un oiseau adorable. C’est la réponse la plus furieuse à ma proposition. C’est de la désobéissance totale ! »

Furiosité, galerie Frédéric Lacroix, Tous droits réservés artistes et galeristes
Jean-Luc Verna, Baby Syl, galerie Frédéric Lacroix, Tous droits réservés artiste et galeriste

 

Propos de Frédéric Lacroix recueillis le 12 septembre 2015 :

« Julie Crenn m’a proposé cette exposition il y a un an. Au départ ce qui était prévu n’était pas du tout ce à quoi nous avons droit aujourd’hui. Elle voulait organiser une exposition autour de la gravure, et comme je n’avais jamais montré de gravure dans la galerie, j’étais partant pour ce thème d’exposition. Julie, connaissant beaucoup d’artistes et visitant beaucoup d’ateliers, a eu carte blanche dans ses choix. Moi j’aime ce qu’elle est, son personnage, sa personnalité extrêmement directe, le spectre de ses choix.

Au départ il devait y avoir 20 artistes et aujourd’hui on se retrouve dans une exposition de 40 artistes différents avec 40 œuvres.

Julie est allée chercher une partie des œuvres montrées ici dans leur corpus d’œuvres déjà existantes et une autre partie majoritairement a été faite pour l’exposition. Certains des artistes qui n’avait pas forcément touché à la gravure depuis très longtemps ou n’avaient gravé quoi que ce soit, ont accepté pour l’exposition de produire une pièce gravée.

Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele
Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele

Julie avait déjà son titre Furiosité et finalement cela se termine en « geste gravé ». Nous avons dans l’exposition du miroir gravé, du plancher gravé, du CD gravé car il y a une vidéo. Cela un petit peu évolué au fur et à mesure du montage et de sa pensée de l’exposition parce que les artistes aussi ne répondent pas totalement à ce qu’on leur demande. C’était furieux comme le titre de l’exposition. J’ai limité un peu les choses car la galerie n’est pas grande pour accueillir 40 artistes. Cela fait beaucoup. Elle avait pensé à un seul mur au départ mais on a un peu débordé avec deux installations.

Furiosité, galerie Frédéric Lacroix, Tous droits réservés artistes et galeristes
Furiosité, galerie Frédéric Lacroix, Tous droits réservés artistes et galeristes

La gravure est un médium qui m’intéresse beaucoup, qui touche un public différent qui est plus lié au livre. Nous avons là des eaux fortes, des aquatintes, des lithographies, quelques fois des matrices en bois qui ne seront pas gravées. Le visuel de l’exposition a été fait par un des artistes. Il s’agit d’une impression de sa gravure sur bois. C’est un exemplaire unique.

Furiosité, galerie Frédéric Lacroix, Tous droits réservés artistes et galeristes
Furiosité, galerie Frédéric Lacroix, Tous droits réservés artistes et galeristes

Les artistes ont joué aussi sur le nombre d’exemplaires. Certains ont répondu en prenant le contre-pied comme Jean-Luc Verna. À part ses aficionados qui connaissent ce petit oiseau qu’il a déjà utilisé pour ses disques vinyles, ce n’est pas du tout ce à quoi on s’attendait. C’est le calme après la Furiosité ! Il a pris exactement l’envers du thème de l’exposition et ça donne à voir des interprétations différentes. C’est ce qui est passionnant. »

Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele
Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele
Furiosité, galerie Frédéric Lacroix, Tous droits réservés artistes et galeristes
Furiosité, Leo Dorfner, Détail, Tous droits réservés artiste et galeriste

Sous le commissariat de Julie Crenn : Née en 1982, Julie Crenn est docteure en histoire de l’art, critique d’art (AICA) et commissaire d’exposition indépendante (membre des C-E-A). En 2005, elle a obtenu un Master recherche en histoire et critique des arts à l’université Rennes 2, dont le mémoire portait sur l’art de Frida Kahlo. Dans la continuité de ses recherches sur les pratiques féministes et postcoloniales, elle reçoit le titre de docteure en Arts (histoire et théorie) à l’Université Michel de Montaigne, Bordeaux III. Sa thèse est une réflexion sur les pratiques textiles contemporaines (de 1970 à nos jours). Des pratiques artistiques mettant en avant les thématiques de la mémoire, l’histoire, le genre et les identités (culturelles et sexuelles).
Critique d’art, elle collabore régulièrement avec les revues Artpress, Africultures, Laura, Branded, Ligeia, Inferno, N. Paradoxa, Slicker ou encore Inter-Art-Actuel. Commissaire d’exposition indépendante elle a réalisé plusieurs projets entre Bruxelles, Gand et Paris.
Julie Crenn est également membre du Comité Technique d’Acquisition du FRAC Poitou-Charentes (2014-2017). Source : http://crennjulie.com/about/

Pour en savoir plus : galeriefredericlacroix.com
crennjulie.com

Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele
Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele
Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele
Furiosité, galerie Frédéric Lacroix ©Rebecca Fanuele