Fuzi, Enfant terrible, Galerie Slika, Lyon, Janvier 2018

Fuzi, Enfant terrible, Galerie Slika, Lyon, Janvier 2018

À la tiédeur d’une existence sans fracas, Fuzi a préféré se jeter corps et âme dans un train de vie où la marginalité se fait l’écho d’une créativité pure. Présents encore aujourd’hui dans l’esprit et le paysage francilien, les vestiges d’une glorieuse époque écrite en bande déterminée nommée UVTPK, rappellent ô combien le graffiti et son exécution relève d’une fascinante remise en cause de tout ce qui fait autorité. En s’imprégnant de son penchant le plus cynique et violent, Fuzi insuffle alors, dès le milieu des années 1990, un vent nouveau dans une pratique quoiqu’un peu sclérosée : tant dans l’état d’esprit que dans la manière de peindre, Fuzi s’empare alors de toutes les libertés avec boulimie et une vision sans pareille. Peu lui importe de faire l’unanimité, son quotidien articulé autour des sorties peintures entre complices du même sort, il ne vit que pour le moment présent et trouve dans la pratique du tag vandale, une socialisation inattendue et épanouissante. Véritable champ des possibles donc, le graffiti, qu’il découvre avec l’ouvrage de référence Subway Art puis en observant la première génération parisienne de tagueurs, se dote avec lui d’une esthétique dont on lui reconnaît volontiers la paternité.

L’allure débraillée, cet ignorant style ne fait pas dans le détail et encore moins dans la séduction : les lignes instinctives et sauvageonnes, les couleurs appliquées avec véhémence, des compositions brutes et pleine d’humour qui témoignent de la toute assurance de son auteur, c’est la traduction visuelle d’une expression spontanée, enjouée et surtout délestée de toutes contraintes réalistes et/ou techniques. Sorte d’antéchrist du graffiti propret, Fuzi cultive aussi dès 2007, une attitude jusqu’au-boutiste dans le domaine du tatouage, cette antre un peu marginal et plutôt codifié. Finalement tout coïncide, l’état d’esprit, le processus créatif, l’aspect performatif de l’acte, le partage d’un moment hors du temps : en totale autodidaxie encore, Fuzi s’éprend de ce « nouveau » médium qui s’ajoute à son engouement maîtrisé pour la peinture, la sculpture, l’illustration, la photographie ou pour l’écriture. Son vacarme visuel, parti des banquettes oranges des trains gris de la ligne Paris-Saint Lazare/Mantes-la-Jolie, s’ouvre alors au monde, au commun des mortels tout comme au monde de l’art, au travers d’expositions et de publications léchées.

Sélection de divers travaux sur une décennie où le point de départ est marqué par l’arrêt de sa pratique sur trains en 2007, « Enfant terrible » est une exposition pour découvrir ou redécouvrir, l’univers orageux et désenchanté de cette force de la Nature. Proche des courants historiques tel que l’Art Brut, fasciné par le langage pictural de Jérôme Bosch ou épris des formes plus populaires comme la bandedessinée italienne des années 1960, Fuzi sublime malgré lui un mode de vie violent, sans concessions, où faire machine arrière n’existe pas. D’une succession de hasards à la naissance d’un courant artistique à part entière, Fuzi a fait de sa vie une oeuvre d’art et inversement, mettant au défi les lois sociétales et artistiques de notre monde.

Texte Sabella Augusto © 2018 pour Galerie SLIKA Lyon

 

Fuzi, Enfant terrible, Galerie Slika, Lyon, Janvier 2018
Fuzi, Enfant terrible, Galerie Slika, Lyon, Janvier 2018

 

Fuzi, Enfant terrible, Galerie Slika, Lyon, Janvier 2018
Fuzi, Enfant terrible, Galerie Slika, Lyon, Janvier 2018

 

Fuzi, Enfant terrible, Galerie Slika, Lyon, Janvier 2018
Fuzi, Enfant terrible, Galerie Slika, Lyon, Janvier 2018