GARANCE MATTON [ENTRETIEN]

Garance Matton, Mazzocchio, 2019. Huile et acrylique en spray sur toile
Courtesy Garance Matton et Faubourg des Jeunes Artistes.

Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2017, Garance Matton a depuis participé à plusieurs expositions collectives Gleno (Abbaye de Léhon), Felicita 2018 (Palais des Beaux-Arts de Paris), La Villa (Villa Belleville) et 100% L’Expo (Grande Halle de la Villette). Elle a également été sélectionnée pour le programme de Résidence du Plessix-Madeuc à Dinan ainsi que celui de La Villa Belleville à Paris. En 2018, elle reçoit le prix de peinture Alberic Rocheron. Pour la troisième exposition du Faubourg des Jeunes Artistes (FJA), le nouveau projet de la Galerie Le Feuvre & Roze au 178 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris, elle présente Parade.

Comment a évolué ta recherche au cours de tes années d’études aux Beaux-Arts de Paris ?

J’ai commencé les Beaux-Arts dans un atelier de sculpture mais ma fascination pour les images m’a poussé à changer d’atelier en deuxième année et je suis rentrée chez François Boisrond. J’ai essayé au fil de ces années de comprendre certains mécanismes de la peinture à l’huile notamment en utilisant plusieurs supports : le bois, la toile brute ou préparée avec différents apprêts. J’avais aussi pour but d’approfondir ma manière de représenter les choses à travers des exercices de portraits, de travail d’après photo où j’essayais de rendre un certain nombre de détails d’une manière réaliste. Je voulais, dans la finalité, réussir à peindre des grandes scènes d’intérieurs avec des personnages.

Comment décrirais-tu ton travail de peinture, tes influences et que cherches-tu à exprimer à travers ce médium ?

Je pense souvent à la phrase de Matisse qui dit que la peinture doit être comme un bon fauteuil, un calmant cérébral. Je cherche à transmettre quelque chose d’analogue, des sensations douces, joyeuses et lumineuses. Parfois j’aime quand même créer des petites ruptures dans ces harmonies, déséquilibrer un peu le tableau.

Les toiles de Parade ont, presque toutes, été peintes ces deux derniers mois, à cette occasion j’ai beaucoup regardé le travail de Ron Kitaj. Cette manière de combiner les images, de concevoir des toiles comme des collages me fascine. Cela permet une grande liberté de composition mais aussi de faire cohabiter plusieurs manières de peindre. Multiplier les façons d’appliquer la peinture sur la toile, c’est multiplier ses sensations.

Il y a un plaisir tactile dans la peinture et il est différent selon qu’on frotte activement la toile avec un pinceau un peu raide ou qu’on la caresse avec une brosse douce et une texture onctueuse.

La question de la représentation de l’espace m’intéresse aussi, après mon diplôme j’ai réalisé que cette perspective classique et unifiée que j’utilisais me bloquais. J’ai commencé à utilisé la perspective cavalière, à multiplier les perspectives, à superposer les plans pour créer des espaces plus ambigus. L’autre artiste qui m’accompagne dans mon travail est David Hockney, sa capacité à se renouveler encore maintenant m’impressionne.

Plus récemment j’ai commencé à m’intéresser au travail de Perec et de l’Oulipo, ces manières de créer en respectant des contraintes formelles seront peut-être une piste pour la suite.

Qu’est-ce qui a motivé ta participation au Faubourg des Jeunes Artistes ?

C’est la première fois qu’on me propose de faire une exposition personnelle. C’est une opportunité de pouvoir montrer un ensemble de peintures et par conséquent de réfléchir aux rapports qu’il peut exister entre elles. L’espace étant assez petit il a fallu que je me mette à peindre des formats moins grands que ce que j’ai fait ces derniers mois mais cette contrainte m’a aussi permis de prendre des décisions plus rapidement.

Garance Matton
Née en 1992 à Paris.
Vit et travaille à Paris.
Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2017.