Ivan Fayard, Whisper, galerie Houg Paris

Ivan Fayard, Whisper, galerie Houg Paris

En direct de l’exposition personnelle Whisper de l’artiste peintre Ivan Fayard.

Exposition : Whisper du 17 octobre au 28 novembre 2015, galerie Houg, 22 rue Saint Claude 75003 Paris.

Artiste : Ivan Fayard. Né en France en 1967. Vit et travaille à Paris.

En projetant son souffle sur ses monochromes, Ivan Fayard introduit une part de lui-même dans ses peintures, une part de ce qu’il nomme « une forme de subjectivité ». Un geste à rapprocher du saut dans le vide d’Yves Klein dont le monochrome, par son caractère immatériel, est une manifestation(1). Cette projection, qui est celle de la vie dans la peinture, reprend le geste créateur d’insuffler la vie. Ce geste marque aussi le retour de la présence physique de l’artiste dans l’art contemporain. La scénographie de l’exposition Whisper joue sur cette présence par une disposition des toiles à hauteur du souffle porté par l’artiste, par la création d’une ligne d’horizon et par un jeu de combinaison des couleurs.

Ivan Fayard, Whisper, galerie Houg Paris
Ivan Fayard, Whisper, galerie Houg Paris

Propos d’Ivan Fayard recueillis le 10 octobre 2015 à la galerie Houg avec l’assistance de Bérengère Ribes :

« Depuis mes premières expérimentations engagées il y a une vingtaine d’années, il a toujours été question pour moi de tenter de réintroduire une forme de subjectivité dans le monochrome. J’ai eu cette intuition de produire des monochromes contrariés. J’ai donc soufflé sur la peinture encore fraîche de ces monochromes afin que la force ou la délicatesse du souffle perturbent de manière différente la surface colorée. Un geste simple, poétique. Si chez Lucio Fontana l’intervention de l’artiste est marquée par une forme de violence, ici, elle est tout aussi martiale, mais non réellement par sa violence, mais plutôt par sa brièveté. Mes œuvres parlent du défaut, celui que provoque le souffle sur la surface léchée de la peinture et dont on peut voir des variations dans ces halos de couleurs. Il est aussi question d’une réflexion sur la spatialité qu’évoque Lucio Fontana. Toutefois l’idée de violence peut être ressentie par une certaine ressemblance entre ces défauts produits par les souffles et des impacts de projectiles.

Ivan Fayard, Whisper, galerie Houg Paris
Ivan Fayard, Whisper, galerie Houg Paris

Dans l’expression de « monochrome contrarié » il y a un oxymore, car le monochrome tend vers un champ coloré immaculé et « contrarié » parce qu’il a un défaut fait sciemment. La scénographie de l’exposition joue sur ces correspondances, sur la pénétration dans la couche de peinture. L’auréole provoquée par le souffle peut être profonde ou à peine perceptible. Le jeu de lumière parfois plus tamisé répond intimement au geste et à la couleur. Ainsi sur la toile rose, le souffle a fait apparaître le rouge qui se trouve en dessous. Parfois le souffle m’a demandé tellement d’intensité que l’on peut retrouver des projections de salive. La nature même du souffle est différente d’une toile à l’autre.

Ivan Fayard, Whisper, galerie Houg Paris
Ivan Fayard, Whisper, galerie Houg Paris

Sur l’idée des galeristes, s’alternent dans une suite d’œuvres la couleur du souffle qui se correspondent et de monochromes qui se renvoient l’un à l’autre en fonction de leur couleur dominante. Cela traduit mon intérêt pour la notion de cycle qui va à l’encontre de l’idée d’épuisement. Je considère qu’une démarche artistique s’installe dans le temps, que la peinture a cette vertu d’être lente dans sa maturation et dans sa réalisa tion et que parfois il faut savoir mettre les choses de côté pour les laisser dormir. Pour moi, ces travaux sont donc plus un cycle qu’une série car si à un moment donné j’atteins une certaine limite je préfère mettre de côté que d’abandonner. Ces hibernations peuvent durer parfois plusieurs années. On y retrouve l’idée d’autoportrait par la notion de subjectivité qui est au cœur de mon projet initial. J’ai cherché à avoir un rapport personnifié avec une peinture. Le choix de ces formats verticaux, plus ou moins grands, sans qu’ils soient gigantesques non plus, exprime ce rapport au portrait. L’accrochage à hauteur variable est conçu pour répondre à un effet miroir. Et la première pièce qui ouvre l’exposition est à hauteur de souffle. »

Ivan Fayard, Whisper, galerie Houg Paris
Ivan Fayard, Whisper, galerie Houg Paris

(1) Nicole Everaert-Desmedt, Sémiotique et art contemporain, Edition De Boeck, 2006, p. 119.[extrait]

Pour en savoir plus :
ivanfayard.com
galeriehoug.com

Visuels tous droits réservés artiste et galerie Houg.