La Fabrique #1 / Flora Bouteille, François Dufeil, Pauline Lecerf et Maxime Testu

La Fabrique #1 / Flora Bouteille, François Dufeil, Pauline Lecerf et Maxime Testu

EN DIRECT / La Fabrique #1, une proposition de Léo Guy-Denarcy de juin et juillet 2019 au Parc Saint Léger avec les artistes Flora Bouteille, François Dufeil, Pauline Lecerf et Maxime Testu.

Peter Sloterdijk dans un entretien avec Éric Morse pour le magazine Frieze revient sur sa conception du Palais de Cristal qu’il présente comme l’intérieur artificiel de la bourgeoisie. Il l’exprime en ces termes « Ainsi, lorsque le monde s’est mondialisé, la bourgeoisie dans ses salons a voulu absorber tout ce qui est extérieur dans cette intériorité. (…) Nous avons créé un environnement sonore artificiel sans équivalent dans l’histoire des sociétés humaines. Jusqu’au XIXe siècle, les voix devaient être produites et perçues in situ – la source sonore devait être assez proche du récepteur.1 » Cette discussion entre le Palais de Cristal et la diffusion de la parole, comme de ce qui se fait sonore, trouve un écho tout particulier dans le cadre de cette première édition de la résidence La Fabrique

Premièrement, une analogie existe au regard de la restitution de ce temps de création collectif au sein du Pavillon des sources. Le bâtiment est construit à partir d’une ossature en métal avec sa verrière et ses alcôves. Intégralement tourné vers l’extérieur, le Pavillon est le lieu où opérait les « donneuses d’eau », information qui trouve à son tour une résonance singulière dans la canicule qui frappe la Bourgogne cet été. Dans un second temps, il s’agit pour nous de libérer et de diffuser un instant une énergie vibrante, plastique, bruyante, « comme l’eau vive » dans cet embryon du palais londonien de Joseph Paxton. 

La Fabrique #1 se tient entre juin et juillet 2019 avec les artistes Flora Bouteille, François Dufeil, Pauline Lecerf et Maxime Testu. Rencontrés à l’occasion du 64ème Salon de Montrouge nous avons travaillé ensemble au Parc Saint Léger et pensé collectivement la restitution de cette résidence autour de quatre oeuvres. Notre proposition se construit à travers une succession d’invitations et de discussions et transforme le Pavillon des sources en un paysage modulable, placé sous le signe de l’hospitalité. À la manière d’une production commune, quatre artistes prennent en charge l’espace de manière collégiale. Plusieurs temps forts jalonnent un projet transformant l’expérience de l’exposition en processus de développement organique sans scénario préalablement écrit. Concerts et performances alimentent l’exposition et se succèdent dans un espace qui se fait partition évoluant au gré des usages qu’en font les artistes.

Nous avons été marqué par la dimension utopique d’un bâtiment de flux, d’un mouvement liquide souterrain (il est littéralement le lieu où jaillissaient les deux sources Saint Léger et Saint Léon) et par un espace traversé de toute part par la lumière et le regard. Ainsi, à cette histoire un temps interrompue nous avons souhaité répondre par l’ambition collaborative d’un accrochage filé, nous mêlant chacun à la production de l’autre, et ambitionnant de produire ce paysage, cette composition commune. Les oeuvres viennent répondre en toute logique à l’impératif du site. Elle sont réalisées dans le Parc Saint Léger durant les semaines précédentes et présentées ici pour la première fois. 

Ainsi, François Dufeil réalise pour le musicien Charles Dubois du groupe Humbros un instrument à percussion connecté à la source des thermes, Pauline Lecerf travaille en situation modifiant les départs et arrivés qu’elle conjugue avec l’intérieur et l’extérieur du bâtiment. Flora Bouteille exploite une similaire indéfinition à l’occasion d’une performance activée durant quatre jours avec Maxime Pairault et Maxime Testu, en présentant l’ensemble Lutrin, invite le spectateur, depuis l’extérieur du Pavillon, à faire une autre expérience de la vitrine et de l’édition exposée. 

Cette proposition s’inscrit dans la poétique du site et dans son empreinte historique. Nous avons souhaité travailler durant une semaine ensemble en son sein et au vue de tous. Par la construction du Pavillon, le principe de l’intériorité franchit un seuil critique. Il commence à transposer sous la verrière le monde extérieur et la multiplicité de ses créateurs, c’est à dire un « espace intérieur au monde.2 » 

Frieze Magazine, in Issue 127, novembre – décembre 2009
2 Rainer Maria Rilke, Les Élegies de Duino, 1914-1922, Gallimard, Paris, 1994

Léo Guy-Denarcy

Flora Bouteille, It’s just mental, l’homme de paille, 2019 Blé, bois, ouate, aimants de trottinette Lime, raphia, combinaison delta plus, performer Performance 20 min en fonction de la chaleur Dimension variable Pan toxic trajectories (siporex / verre fondu au micro-onde) réalisé en collaboration avec Victor Villafagne
Flora Bouteille, It’s just mental, l’homme de paille, 2019.
Blé, bois, ouate, aimants de trottinette Lime, raphia, combinaison delta plus, performer Performance 20 min en fonction de la chaleur Dimensions variables
Pan toxic trajectories (siporex / verre fondu au micro-onde) réalisé en collaboration avec Victor Villafagne
Maxime Testu, Lutrin, série, 2019 Lutrin (1) bois, papier de riz, encre, gravure, plastique 50x50 cm
Maxime Testu, Lutrin, série, 2019.
Lutrin, bois, papier de riz, encre, gravure, plastique 50×50 cm
François Dufeil, Pour Humbros, 2019  Bouteilles de gaz, acier noir, laiton, corde chanvre, eau  189 x 130 x 100 cm
François Dufeil, Pour Humbros, 2019
Bouteilles de gaz, acier noir, laiton, corde chanvre, eau 189 x 130 x 100 cm
Pauline Lecerf  Histoire de l’identité visuelle de la Nièvre de 2001 à 2011, 2019 2 panneaux montage aluminium
Pauline Lecerf Histoire de l’identité visuelle de la Nièvre de 2001 à 2011, 2019
2 panneaux montage aluminium

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