Marion Bataillard

Marion Bataillard

EN DIRECT EXPOSITION / Marion Bataillard, Inévitable clairière amie présentée par Galerie Guido Romero Pierini du 29 mai au 15 juin 2019 Galerie Joseph 7 rue Froissart 75003 Paris

Une scansion, un rire, le bruit de pas. Des volumes qui s’étrange.nt, des couleurs et le sol que l’on travaille, où tout ancrer. Le sol et les ombres en portée, pour les chairs, asseoir les pieds, les bras, les fesses. L’histoire de chaque modèle, le temps qu’il faut pour peindre qui on aime, les lignes qui structurent, la matière et ce que personne ne peut voir. Ce que personne.

Dans l’atelier de Marion Bataillard un jeu d’accroches, le bruit du bois, sa densité et une grande toile sur roues temporaires qui glisse d’un coin à l’autre. Une mezzanine sous laquelle se reposent les œuvres en dehors du présent. Un atelier, les ateliers, l’atelier propre à chacun qui ici sent la lavande, dont les tubes et les pinceaux sont bien ordonnés, chacun son bac. Le peintre est grand, est sage, mythique. À priori banal, l’humilité d’une main qui s’adresse au regard, qui figure ou non le détail fonction de ce qui vient. C’est dans l’absence du pinceau que l’autoportrait tient, dans le détail d’abricots ou d’un chat rouge, violent, que le réel nous agresse. Le format dit qu’il sait qu’il y eut des stèles avant l’histoire et qu’il y avait déjà, comme il y a toujours, le regard d’un être humain qui part du sol pour monter, parfois aux cieux, puis redescendre, oser le loin.

Nous sommes légèrement dilatés, la matière du monde est autre. Au premier plan très velouté d’une toile qui, peinte dehors, dans trois dehors, adresse le paysage : la terre, l’empreinte, le passage de la machine qui dit je suis. La machine, son empreinte de caoutchouc, sa roue qui écrase, qui strie la terre, qui la marque comme rien et le duvet des jolis arbres au loin, la délicatesse des tiges, le blé mûr et sec qui parce qu’il est mûr est mort, moins gorgé que l’herbe. Des tiges qui ne peuvent que chanter sous la caresse ou se briser entre les doigts. Et tout au centre sous le ventre, le visage de Pompéi. Le quatre mai deux mille dix-neuf, cette toile n’était pas nommée, n’avait pas trouvé son nom. Hantée, elle convoque un vieil amant, la mystique des femmes qu’on a brûlées, le sel de qui a vu. Souvent aussi des portes et des fenêtres, Marion Bataillard parle en plans, l’espace est un passage, le miroir une évidence où l’on ne saisit rien.
Qui d’autre, quoi d’autre, où dire l’importance ?
Ce qu’est la clairière, elle ne l’est que dans un bois.

Texte Clare Mary Puyfoulhoux

Marion Bataillard, L'amour du monde, 2018-2019. Huile sur toile, 130x120 cm
Marion Bataillard, L’amour du monde, 2018-2019. Huile sur toile, 130×120 cm
Marion Bataillard, Tableau et chat, 2018-2019. Huile sur bois, 35x40 cm
Marion Bataillard, Tableau et chat, 2018-2019. Huile sur bois, 35×40 cm
Marion Bataillard, Tableau abstrait, 2019. Huile sur bois, 35x30 cm
Marion Bataillard, Tableau abstrait, 2019. Huile sur bois, 35×30 cm

Visuel de présentation : Marion Bataillard, Une après-midi à regarder les choses, 2018-2019. Huile sur bois, 60×70 cm. Courtesy artiste

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