MELODY RAULIN, SUSPENSIONS, CITÉ DU TEMPS, GENÈVE

« En présentant la feuille de papier verticalement, en portrait et non en paysage, j’accentue l’impression de face à face. Mes peintures sont comme des portraits de techniques de peintres. » Melody Raulin

Si les pinceaux sont quasi inexistants de l’atelier de Melody Raulin, il s’agit pourtant bien là d’un travail de peinture. Au-delà de la collecte et de la restitution, ses œuvres ont une qualité plastique qui leur est propre. Elles sont le résultat des recherches qui consistent à composer un ensemble correspondant, par son caractère protéiforme, aux variétés de la peinture contemporaine.

« Si je ne veux pas m’enfermer dans un seul genre d’abstraction, c’est pour rejouer à ma manière ces réminiscences qui me traversent où, comme tout peintre, je désire explorer mes propres images. »

Elle a cette curiosité pour les taches de peinture, les débordements quand le geste est trop généreux et s’emporte au-delà de la feuille, pour la goutte qui s’échappe et qui éclabousse. Il émane de ses peintures une plénitude, une intégrité, une profusion. Melody Raulin avoue avoir toujours en tête ce mot de Mark Rothko, qui évoque le plaisir de l’artiste à étaler la peinture, à la répandre, et qui est « la satisfaction de l’impulsion créatrice ».

« Je suis toujours attirée par ces traces qui font état de peinture. Mon regard se porte sur les taches, ces petites choses qui peuvent se passer sur un mur ou un sol d’atelier, tous ces accidents qui ne sont pas contrôlés. »

L’inventaire des gestes du peintre, la recherche de leur provenance, les associations qui peuvent être faites avec l’environnement domestique sont, comme elle le dit elle-même, sa « ligne directrice », mais ses œuvres ne sont pas documentaires, elles font citations.

Texte extrait du portrait de l’artiste publié dans la revue Point contemporain #7 © Point contemporain 2017