[EN DIRECT] Michel Journiac, « Rituel de transmutation » & Contaminations au présent, Le Transpalette Bourges

[EN DIRECT] Michel Journiac, « Rituel de transmutation » & Contaminations au présent, Le Transpalette Bourges

Fondé en 1984 par des étudiants en école d’art le Transpalette, Centre d’art contemporain de Bourges, réunissant 20 salariés, est une structure associative dont l’indépendance est assurée par le multi-financement. Inaugurée par un concert des Béruriers noirs et un festival de fanzines, elle met l’accent sur l’aspect « laboratoire » et « accueil en résidence » dans les domaines des musiques actuelles, de la danse et performance et de l’art contemporain. Une démarche iconoclaste qui met côte à côte figures historiques et étudiants :

« C’est notre manière de faire de la politique » Erik Noulette

L’exposition « Rituel de transmutation » & Contaminations au présent consacrée à Michel Journiac met en lumière des pièces datant de 1993 à 1995, Les rituels. Des oeuvres réunies grâce à au concours de la Galerie Christophe Gaillard et de Vincent Labaume, contemporain et proche de l’artiste et de Damien Sausset directeur artistique du Centre d’art Le Transpalette, co-commissaires de l’exposition. Soutenus dans leurs recherches d’archives par Jacques Miège, ayant droit de l’artiste, ils ont eu l’intention d’invoquer  l’artiste comme témoin des questions philosophiques de son temps, comme créateur d’une « oeuvre en perpétuel débat avec son époque ». Vincent Labaume

« Journiac est un parti pris » Vincent Labaume

Une volonté de montrer des oeuvres essentielles dans la carrière de l’artiste comme les 12 Rituels de transmutation sur lesquels s’ouvrent l’exposition et qui introduisent la fascination de Michel Journiac pour le sang que ce soit celui du scandale du sang contaminé par le SIDA (La banque du corps, 1993 et Monnaie du sang, 1993), de celui de ses proches disparus (mort de son jeune frère), du sang comme matière picturale (Étape 3, trois panneaux noirs, texte de Pessoa, feuilles d’or et de sang) ou encore comme chair de l’artiste dans Messe pour un corps (1969 et 1975).

Mais également un choix de révéler un Michel Journiac auteur et poète avec la présentation des ouvrages Le sang nu, Éditions Rougerie, 1968) ou Délit du corps (Édition de La Différence, 1978) ainsi que la décision de montrer sous vitrine une partie de la bibliothèque personnelle de l’artiste où affleure l’ancien séminariste, homosexuel et littérateur avec une mise en avant de ses annotations dans les marges de ses livres.

Parmi les oeuvres historiques réunies pour l’exposition, la série de photographies L’inceste, action photographique réalisée en 1975, le néon JOURNIAC réalisé pour le stand de la Galerie Patricia Dorfmann au Salon de mai (1969), ou encore l’Hommage à Freud (1972), un envoi postal que l’artiste distribuait à ses proches et amis et qui marque profondément son penchant à sortir des lieux d’art traditionnels. Une photographie qu’il transforme, en la transférant sur toile, quelques années plus tard, en peinture. Un geste à la fois parodique et marquant la volonté d’ « iconiser » un geste artistique.

Un autre aspect de l’oeuvre de Michel Journiac mis en avant par les commissaires de l’exposition est l’absence de fétichisme vis à vis de l’oeuvre d’art. Par la mise en place de protocoles comme la Recette du boudin au sang humain (1969), l’artiste donne en effet la possibilité de réactiver les pièces par n’importe qui et à n’importe quelle époque. Proche des actionnistes Gina Pane, Hermann Nitsch, Andrei Cădere, Chris Burden ou Urs Lüthi, l’oeuvre de Michel Journiac est avant tout participative. L’atteste l’action Référendum Journiac (1970-1984), véritable reconstitution d’un bureau de vote électoral avec isoloir, bulletins de vote et urne, que les visiteurs sont invités à réactiver lors de l’exposition. En votant « OUI » ou « NON » Michel Journiac, le public participe alors au déplacement de la représentation de l’artiste, et par là-même de l’objet d’art, en une présence qu’il est libre de choisir d’approuver ou de refuser.

Texte Point contemporain © 2017

 

Michel Journiac, « Rituel de transmutation » & Contaminations au présent, Le Transpalette Bourges

Michel Journiac, « Rituel de transmutation » & Contaminations au présent, Le Transpalette Bourges

 

 

Infos pratiques
Exposition « Rituel de transmutation » & Contaminations au présent 
du 1er avril au 27 mai 2017

Le Transpalette Centre d’art contemporain
Friche l’Antre-peaux
26, route de La Chapelle
18000 Bourges

Ouverture du mercredi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous
Entrée gratuite

www.emmetrop.fr

 

Michel Journiac
07 octobre 1935 – 15 octobre 1995

Expositions :
L’esprit français. Contre-cultures 1969-1989
Du 24 février au 21 mai 2017
La Maison rouge
10 boulevard de la bastille 75012 Paris
lamaisonrouge.org

Michel Journiac, L’Action photographique
Du 20 avril au 18 juin 2017
La Maison européenne de la photographie MEP
5/7 rue de Fourcy 75004 Paris
www.mep-fr.org