NAZANIN POUYANDEH, RUINES & PLAISIR, GALERIE SATOR PARIS

NAZANIN POUYANDEH, RUINES & PLAISIR, GALERIE SATOR PARIS

« La clarté ne naît pas de ce qu’on imagine le clair, mais de ce qu’on prend conscience de l’obscur.” CG Jung

Les toiles de Nazanin Pouyandeh sont des huis clos, ouverts. Des espaces libres, taillés pour l’éclosion du fantasme. Les images qui s’y meuvent, privent du verbe et se situent au delà du signifiant. Il ne faut pas y chercher de sens, sinon celui du rêve. Nulle vérité immuable à trouver ou à déchiffrer. Le pacte est clair, il n’y a pas à pénétrer ou sonder une trame symbolique comme ce fut le cas pour l’école Flamande, chez Pieter Brueghel, notamment. Toute la question de la distance  au réel se joue là. Nous sommes face à une peinture empreinte de signes contemporains qui pourraient mettre sur la piste du réalisme mais qui invite à parcourir des chemins plus secrets, plus intérieurs. Le regardeur pensera pouvoir toucher les robes des femmes représentées mais se heurtera vite aux détails qui affirmeront le contraire. Le réalisme n’est plus ici qu’un outil d’illusion picturale.

Plutôt que de s’inspirer d’une photographie, sa pratique de peintre laisse plus volontiers place à une forme d’ascendance de l’inconscient. Nazanin Pouyandeh ne reproduit jamais, du reste, elle peint à main levée, et chaque toile se présente ainsi comme la manifestation d’une mécanique du rêve. Alors si ses créations versent du côté de la mythologie, c’est pour mieux la tordre et la faire à son imaginaire. Des emprunts aux mythes ici ou là, certes, mais toujours désorientés. Comme ces Romus et Romulus, devenus autres sous son pinceau. Ces figures n’appartiennent plus à l’histoire officielle mais à l’histoire personnelle et incarnent la façon dont l’esprit se charge d’influences iconographiques par strates et accumulations.

Adam et Eve sont là, cependant le fruit défendu n’est plus une pomme, mais du raisin. L’ironie constitue à cet égard une couche fine de son travail qui lui permet de trouver un juste rapport à l’histoire de la peinture. Ainsi en va-t-il de son hommage aux différentes traditions picturales. Par touches, subtiles. Elle a regardé Jérôme Bosch et la façon dont il a construit des peintures- romans dans lesquels se plonger. Elle a su aimer la Renaissance primitive et se prête parfois à des citations visuelles de Joachim Patinier à travers quelques rochers organiques. Cet héritage se prolonge dans des scènes aux couleurs vives, à l’huile, grouillantes de petits personnages, d’une végétation peu docile, de rochers mutants, de sexes qui illuminent le monde. De feux et de guerres intérieurs. D’un geste sûr parce qu’il est libre et vient des profondeurs.

Texte Léa Chauvel-Lévy pour la Galerie Sator Paris.

 

 

Vue d'exposition Ruines & Plaisirs de Nazanin Pouyandeh Galerie Sator Paris. Photo Grégory Copitet
Vue d’exposition Ruines & Plaisirs de Nazanin Pouyandeh Galerie Sator Paris. Photo Grégory Copitet

 

Vue d'exposition Ruines & Plaisirs de Nazanin Pouyandeh Galerie Sator Paris. Photo Grégory Copitet
Vue d’exposition Ruines & Plaisirs de Nazanin Pouyandeh Galerie Sator Paris. Photo Grégory Copitet

 

Vue d'exposition Ruines & Plaisirs de Nazanin Pouyandeh Galerie Sator Paris. Photo Grégory Copitet
Vue d’exposition Ruines & Plaisirs de Nazanin Pouyandeh Galerie Sator Paris. Photo Grégory Copitet

 

Vue d'exposition Ruines & Plaisirs de Nazanin Pouyandeh Galerie Sator Paris. Photo Grégory Copitet
Vue d’exposition Ruines & Plaisirs de Nazanin Pouyandeh Galerie Sator Paris. Photo Grégory Copitet

 

[EXPOSITION] 12/01 ▷ 03/03 – Nazanin Pouyandeh – Ruines & Plaisirs – Galerie Sator – Paris