[FOCUS] Octave Rimbert-Rivière

[FOCUS] Octave Rimbert-Rivière

Focus sur les productions d’Octave Rimbert-Rivière présentées lors de l’exposition annuelle de la résidence d’artistes Moly-Sabata à Sablons.

Exposition : Raffineries, exposition collective du 19 septembre au 25 octobre 2015, Moly-Sabata, Résidence d’artistes de la fondation Albert Gleizes, 1, rue Moly-Sabata, 38550 Sablons.

Artiste : Octave Rimbert-Riviere, né en 1988, basé à Lyon, diplômé de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon en 2013.

Invité à Moly-Sabata pour une résidence artistique de près de 2 mois, l’artiste Octave Rimbert-Rivière s’est fortement imprégné du territoire roussillonnais, un espace de part et d’autre du Rhône pris entre paysage naturel et industriel, qu’il a exploré de jour comme de nuit. Cette forme de dualité du paysage se trouve réinterprétée dans une installation où résonne la présence de l’artiste peintre cubiste Albert Gleizes (1881-1953). Une production prolifique qui met aussi en avant la notion d’expérimentation, de production et de labeur.

Propos recueillis le 19 septembre 2015 :

 « Beaucoup d’artistes, à Moly-Sabata, sont séduits par le travail d’Albert Gleizes et Anne Dangar(1) dont on ressent fortement l’influence dans ce lieu. Quand je suis arrivé en résidence ici, je voulais évacuer ces inspirations et faire en sorte que mon travail ne soit pas influencé par l’histoire de ces deux artistes.

Initialement, j’avais une idée qui consistait à déformer des sculptures classiques après les avoir moulé en latex. Ce fut très compliqué à mettre en place. Or, quand j’ai découvert la mosaïque d’Albert Gleizes, je me suis dit que c’était l’occasion de réaliser ce projet en faisant un moulage d’une pièce originale “décalée”. J’allais pouvoir en même temps effacer une partie de sa composition et en révéler un autre aspect, sa fabrication. J’ai été très sensible à cet objet car c’est une sorte d’objet dérivé étonnant qui, tout en réduisant le travail d’Albert Gleizes à une simple mosaïque, semblait l’enrichir encore.

Le passage d’un objet d’un champ à l’autre, ici de l’œuvre au produit dérivé, est toujours très intéressant car n’ayant pas été fabriqué par Albert Gleizes lui-même, tout un processus a été nécessaire à sa conception. On peut décrire cette œuvre comme une peinture cubiste élaborée avec des cubes, une peinture devenue sculpture.

L’équipe de Moly Sabata m’a fait confiance et j’ai pu donc réaliser un moule à partir de la mosaïque originale. Toute une série d’expérimentations et de déformations ont eu lieu et le tableau d’Albert Gleizes devenu mosaïque n’était maintenant plus qu’un motif.

J’ai proposé ensuite aux deux autres artistes d’y incruster des éléments extérieurs. Samara a eu l’idée de mettre des bouts de polystyrène directement dans le moule puis j’ai fait un tirage sur lequel elle a retravaillé. Nous avons aussi incrusté une toile de Maude Maris dans une des mosaïques.

Dans sa présentation de l’exposition, Joël Riff a parlé de territoire, d’explorations. On retrouve ces notions dans tes moulages, les surfaces planes avec des reliefs…
J’ai découvert cette technique en travaillant avec un mouleur statuaire. J’ai réalisé toute une série de bas-reliefs que j’ai fait évoluer et qui ont eu plusieurs existences. J’avais l’idée de tous les regrouper. L’occasion s’est présentée à la Docks Art Fair.

Pour moi, il n’y a rien de figé dans la manière de montrer mon travail, cela fait partie d’un vocabulaire qui peut se modifier, qui peut être altéré et qui peut même intégrer le travail de quelqu’un d’autre. Tout peut être déplacé, réutilisé d’une autre manière. Par exemple lors de l’exposition La Poutre et la Loutre(2), Mathieu Buard et Joël Riff ont disposé librement de mes productions. Ils ont tout ré-agencé et mélangé avec le travail d’artistes qu’ils avaient invités. J’ai vu mon travail servir de socle à d’autres pièces.

« Rien de plus réducteur pour une poterie que d’être abandonnée sur un socle blanc devant un mur vide. Les plaisirs domestiques de la disposition, la joie des accords, qu’il s’agit de raviver, assument ces arrangements auxquels toute terre cuite participe. » Extrait du texte de présentation de La Loutre et la Poutre. Source : laloutreetlapoutre.wordpress.com

Je suis pour cette ouverture et cette fluidité-là. Quand j’ai vu l’exposition, j’étais un visiteur comme les autres.

Pourquoi emploies-tu le vocable « bas-relief » que l’on associe plutôt au moyen-âge ou même à l’époque romaine ?
J’aime beaucoup le mot «bas-relief ». Il fait référence à quelque chose d’ancien, de traditionnel. Il créé un lieu entre la surface plane d’un tableau et le relief d’une sculpture.

Peux-tu nous parler de la présence des outils de l’atelier et des moules dans l’installation ?
Je ne pensais pas montrer les moules qui ont permis la réalisation des sculptures qui se trouvent dans l’exposition. C’est Joël qui était très enthousiaste à l’idée qu’ils soient présents, et qu’on puisse y avoir accès dans l’exposition. Ce sont des outils, mais ce sont aussi les négatifs des formes que l’on trouve dans les autres salles de l’exposition. C’était très intéressant qu’ils se trouvent dans cette salle que nous avons imaginée avec Samara. Ils devenaient en quelques sortes les cheminées des raffineries qui nous ont entourées tout au long de la résidence.

Tu as beaucoup produit pendant ce mois et demi de résidence…
J’aime être dans un état d’épuisement car il mène toujours vers de nouvelles pistes. Si je n’avais pas fait 5 fois ce moulage-là je n’aurais peut-être pas fait la collaboration avec Maude et Samara. C’est pareil pour la céramique si je n’en avais pas fait 44, la 45ème n’aurait pas trouvé la forme qu’elle a aujourd’hui. J’aime beaucoup cette question d’épuisement de la forme.

 

(1)Anne Dangar, artiste peintre australienne, « rejoindra Moly, le 20 mars 1930 où elle sera accueillie par le peintre Robert Pouyaud et son épouse. Elle Y restera et deviendra l’âme véritable et l’animatrice de Moly. » Source : http://www.commune-sablons.fr/dangar.html
(2) La loutre et la Poutre, une fable sur le décoratif du 20 septembre au 26 octobre 2014, Moly-Sabata à sablons

 

 
EN SAVOIR PLUS SUR L’ARTISTE

 

Octave Rimbert-Rivière, exposition Raffineries, Moly-Sabata
Octave Rimbert-Rivière, exposition Raffineries, Moly-Sabata
Octave Rimbert-Rivière et Samara Scott, exposition Raffineries, Moly-Sabata
Octave Rimbert-Rivière et Samara Scott, exposition Raffineries, Moly-Sabata

 

Octave Rimbert-Rivière et Maude Maris, exposition Raffineries, Moly-Sabata
Octave Rimbert-Rivière et Maude Maris, exposition Raffineries, Moly-Sabata

 

Octave Rimbert-Rivière, Docks Art Fair 2015
Octave Rimbert-Rivière, Docks Art Fair 2015
Octave Rimbert-Rivière, Installation, détail, Docks Art Fair 2015
Octave Rimbert-Rivière, Installation, détail, Docks Art Fair 2015

 

Octave Rimbert-Rivière, exposition Raffineries, Moly-Sabata
Octave Rimbert-Rivière, exposition Raffineries, Moly-Sabata

 

Octave Rimbert-Rivière, exposition Raffineries, Moly-Sabata
Octave Rimbert-Rivière, exposition Raffineries, Moly-Sabata