DIANE THÂMVO

DIANE THÂMVO

PORTRAIT D’ARTISTE / Diane ThâmVo,
dans le cadre de « portrait d’étudiant.e.s et amis artiste » par Ernest Thinon

Ce qui se cache dans l’informe

Je colle mon visage si fort, que la vitre contre lui le déforme.

Lorsque enfin, je me décolle de celle-ci, une fine trace opaque semble avoir imprimé mon visage. Il se tord dans tous les sens, par ses rides de plaisir ou de concentration, par la douleur ou lorsque le bonheur l’étire jusqu’a ce qu’il rayonne. Une forme en devient une autre.

Regardez un nuage, il suffit d’une courbe laiteuse pour que vous voyiez une baleine, d’un coup de vent pour que celle-ci se transforme en grenouille et quand soudain un rayon de soleil le traverse, ille transforme en un voilier voguant à travers les cieux. Aucune forme ne représente véritablement le nuage. Les nuages quand à eux, peuvent prendre toutes les forme que nos yeux veulent voir. Ce que nous percevons est finalement le reflet de notre monde intérieur; la vie qui nous habite que l’on a projeté sur l’informe. De ce constat que rien peut tout contenir, est née l’édition cache cache ; une forme en cache une autre et la série rentrer dans le moule. Le travail en série marque l’infinité ou les possibles formes de vies que l’abstrait contient.

Prenez les nuages quotidiens pour réels et donnez une version floue des faits incontestés.

Diane ThâmVo, Rentrer dans le moule, 42x29,7 cm
Diane ThâmVo, Rentrer dans le moule, 42×29,7 cm

Il suffit d’un trait, d’une tâche ou d’une empreinte pour que s’active la rêverie; pour que nos yeux voient à travers nos imaginaires. Et si l’empreinte opaque sur la vitre était un bien plus fidèle portrait que ceux des châteaux ou des musées? Comment rendre compte d’un visage, d’une personnalité ? Les grimaces imprimées sur la vitre ne sont elles pas de plus juste représentation du sujet peint ? Dans la série de portraits (Double), c’est la puissance des regards qui nous harponne. Le visage s’est collé à la toile et sa trace, redéfinie par endroit en quelques détails. On devine les contours de l’être et l’on y plonge par le regard.

Diane Tham, Double, 33x41 cm (extrait)
Diane ThâmVo, Double, 33×41 cm (extrait)

Cellui qui regarde se retrouve comme ellui-même, partie de cette série. Son regard sur les toiles joue avec ceux des peintures, toustes se dévisagent et se renvoient un intérêt mutuel. Une danse muette, un jeu auquel on participe sans s’en rendre compte. La série autoportraits d’atelier explore la frontière entre l’humain et ses représentations. Des chimères où l’art et l’artiste se greffent l’un.e à l’autre.

Le dessin dans la buée et la trace sur la vitre s’effacent, mais l’art ça laisse des traces.

Ernest Thinon à propos du travail de Diane ThâmVo

Diane Tham, Autoportrait en gravure N2
Diane ThâmVo, Autoportrait en gravure N2