RÉSIDENCE ARTISTIQUE – LES ATELIERS D’ARTISTES ICADE

C’est à Paris-Aubervilliers, un quartier en pleine mutation, que l’opérateur immobilier Icade, a fait le choix de soutenir la création contemporaine en y créant un lieu hybride et éphémère dédié à l’art contemporain.

Portés par le directeur d’IcadeStore Emmanuel Morvan, les Ateliers d’Artistes Icade répondent à un engagement à soutenir la création contemporaine de manière pérenne.

Les Ateliers d’Artistes Icade, qui ont ouvert leurs portes en avril 2017, manifestent un engagement qui va au-delà d’une bourse, d’un prix annuel ou d’une aide ponctuelle puisqu’il se manifeste par le partage avec les artistes d’espaces disponibles, en cours de construction ou de réhabilitation, appartenant au groupe immobilier. Des résidences appelées en conséquence à s’implanter selon les opportunités des grands chantiers de réhabilitation de quartiers et qui donnent aux artistes la possibilité d’occuper un atelier au cœur d’un territoire souvent vaste, et de participer à créer, dans des espaces encore en devenir, un point de vie qui centralise toutes les attentions. Celles des professionnels du secteur, peu habitués à ce que ces espaces soient ainsi investis, des futurs propriétaires qui voient là une manière originale de donner vie au bâtiment qui abritera peut-être plus tard leur logement, mais aussi l’intérêt des élus, des habitants et des scolaires. Un concept de résidence nomade qui met en avant l’importance que donne IcadeStore à l’art contemporain comme facteur de cohésion sociale.

Une soixantaine d’artistes ont répondu à l’appel à candidature dont la thématique était axée sur l’environnement et l’urbanisation du territoire. Venant de divers champs de l’art contemporain, les quatre artistes sélectionnés pour cette première édition, Jessica Boubetra, Pier Stockholm, Joël Degbo, et le duo Marie Ouazzani et Nicolas Carrier, travaillent tout aussi bien la peinture, qu’avec des matériaux de construction, la vidéo ou l’installation. La particularité de leur production, se situant à mi-chemin entre l’architecture, le design et les arts plastiques, est de manifester une réelle préoccupation pour l’urbain.

« Grâce à cet atelier, j’ai eu l’opportunité de concevoir une forme sculpturale plus grande, et pour moi qui suis architecte de formation, plus en lien avec l’architecture. » Jessica Boubetra

Le parti pris des responsables des Ateliers d’Artistes Icade est de laisser une totale liberté de création aux artistes pour que leurs travaux ne se résument pas en une documentation sur la transformation du quartier mais soient une réflexion sur les nouveaux enjeux environnementaux.

« Je peins des lieux qui disparaissent et que j’ai envie de poser dans l’histoire de la peinture. » Joël Degbo

Icade a voulu offrir aux artistes, pendant les sept mois que dure la résidence, d’avril à octobre 2017, un espace complètement accessible afin qu’ils puissent s’immerger au cœur de ce quartier en chantier. Ils ont ainsi la possibilité de venir travailler quand ils le souhaitent, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, mais aussi de pouvoir inviter quiconque à leur rendre visite. Le but de la résidence est de favoriser la rencontre, notamment avec des galeristes, des commissaires, des collectionneurs, en faisant en sorte de créer un espace favorable à l’accueil du public.

« Le format de cette résidence est idéal et correspond complètement à notre pratique car il nous permet de travailler dans un espace qui est appelé à devenir le lieu même d’exposition. » Marie Ouazzani et Nicolas Carrier

Les artistes ont été invités à prendre possession d’un immense espace en open space au rez-de-chaussée d’un immeuble avec une très grande hauteur sous plafond. Afin de donner vie à ce volume, et pour répondre à ce caractère nomade de la résidence, l’artiste Samuel Boutruche a été commandité par IcadeStore pour réaliser un mobilier modulaire susceptible, par son encombrement minimal, d’être transporté de résidence en résidence. Megalith est une structure fonctionnelle qui combine de multiples éléments amovibles que se partagent les artistes et qui, reprenant le motif du marbre, est immédiatement reconnaissable, et s’intègre parfaitement dans un espace aux murs encore bruts.

« J’admire Jean Prouvé, en particulier ses recherches sur la structure et les matériaux. Il a induit cette idée que deux personnes pouvaient monter et démonter leur habitat. C’est une idée que j’ai reprise pour les ateliers car deux artistes peuvent monter, démonter, transporter et remonter les ateliers. » Samuel Boutruche

Dans ce contexte, chacun peut interagir à sa façon avec l’espace et manifester une prise de possession qui assure aux responsables d’Icade que la forme de la résidence qu’ils proposent correspond complètement aux attentes des artistes tant sur l’espace proposé, le temps de résidence, que sur le contexte du chantier qui dialogue avec celui de l’atelier comme macro et microcosme.

« Je compose des sculptures évolutives et modulaires à l’échelle de la main avec un fond en béton, une façon pour moi d’ancrer ces formes aériennes dans le réel, mais aussi de suggérer un déplacement. » Pier Stockholm

Après un premier temps fort marqué par les portes ouvertes des ateliers où les employés d’Icade, tout comme les futurs habitants du quartier ont été invités à rencontrer les artistes et à découvrir leurs premières productions, la résidence se ponctuera en novembre 2017 avec une soirée sous le commissariat d’Anissa Touati. Un événement qui verra les ateliers transformés pour l’occasion en espace d’exposition avec la particularité, pour le plaisir du public, de préserver l’esprit de la résidence et de mettre en avant les mécanismes de création des artistes.

Texte initialement paru dans la revue Point contemporain #6 © Point contemporain 2017