Thomas Fontaine, Nadirs, ISBA, école des Beaux-Arts de Besançon

Thomas Fontaine, Nadirs, ISBA, école des Beaux-Arts de Besançon

Vue de l’exposition Nadirs de Thomas Fontaine
du 03 octobre au 22 novembre 2018 à l’ISBA, école des Beaux-Arts de Besançon. 
Photo : Clément Gerardin et Thomas Fontaine

Repères
Repère (Larousse) : -marque qui sert à faire le point, à repérer un emplacement. -cache, endroit où l’on se retrouve ensemble à l’abri des regards.

À première vue, l’on pourrait avancer que Thomas Fontaine nous propose dans cette exposition une ample variation sur le thème de la sculpture. Qu’il s’agisse des photographies de celle-ci qui prennent corps dans une mineralité scintillante pour les figures de « tychès » antiques ou dans celle des tirages sur feuilles de plomb qui jouent la mise en abîme d’une photographie sculpturale d’un sculpteur comme celle de Bartholdi ou de l’architecte Eiffel par exemple.
Et comment, dans le même esprit, ne pas évoquer la présence presque fantomatique de l’alignement des formes inspirées de nos monuments aux morts ? Curieux cénotaphes qui composent un ironique hommage à ce qui fut le véritable acte de naissance de la première commande publique républicaine. Enfin, se déploient sur les murs ces blasons bourguignons et comtois en une fresque toute empreinte d’interrogation.
Car, en effet, outre cette réflexion sur ce que sont esthétiquement les pouvoirs de l’art du volume, ces oeuvres présentées pour la première fois au public pour la plupart d’entre elles, posent chacune à leur manière des questions politiques de légitimité. Il s’agirait moins en définitive du pouvoir du volume que de volumes du pouvoir.
Que dire en effet de ces souvenirs monumentaux quand tous les noms des guerres et des combattants ont disparu de la mémoire des hommes et ne laisse place qu’à une surface lisse, et anonyme ? N’est-ce pas la destinée commune de tous nos érections pierreuses de disparaitre dans une vaste amnésie collective ?
Qui se recueille aujourd’hui encore à Crécy ou à Bouvines ? La souffrance des combattants ne vaudrait elle que pour un temps seulement ? Et comment ne pas ressentir de l’amertume sur ces multiples affrontements périmés qui marquent la vie des êtres humains ?
Ainsi l’on comprendrait mieux sans doute la présence de Ravachol à son procès dont on entendrait presqu’encore les envolées de sa défense accusatrice de l’ordre étatique…
Les grandes statues, qu’elles soient grecques ou gothiques, ne sont-elles pas en fait toutes acéphales en ce que quasiment plus personne ne peut aisément les nommer, les re-connaître ?
C’est d’ailleurs sans doute cette méditation profonde sur le temps et l’oubli qui donne à cet ensemble impressionnant une apparence de douce mélancolie. Dans les temps de fureur et de morts que nous connaissons, dans cet univers de massacres qui nous atteignent dans des flux d’images incontrôlables et submergés sous les discours de va-t’en en guerre tonitruants, il peut être rassurant d’expérimenter concrètement ce que peut pareil silence dans une telle exposition. Son titre « Nadirs » qui évoque pour moi les premiers navigateurs arabes et leur brillante cosmographie est sans doute là pour nous le rappeler, l’art contemporain en son meilleur sans discours péremptoire, peut nous aider à nous « repérer ». A tous les sens du terme.

Texte Laurent Devèze © 2018

 

Infos pratiques

Exposition, NADIRS, Thomas Fontaine

Du mercredi 3 octobre au jeudi 22 novembre 2018

ISBA, école des Beaux-Arts de Besançon
Grande Galerie
Institut Supérieur des Beaux Arts de Besançon I
12, rue Denis Papin, 25000 Besançon

Exposition ouverte du lundi au vendredi de 14H00 à 18H00

http://isba-besancon.fr

 

Thomas Fontaine
Né en 1980.
Vit et travaille à Dijon.

Artiste membre fondateur des Ateliers Vortex

 

Vue de l'exposition Nadirs de Thierry Fontaine du 03 octobre au 22 novembre 2018 à l'ISBA, école des Beaux-Arts de Besançon.  Photo : Clément Gerardin et Thomas Fontaine
Vue de l’exposition Nadirs de Thomas Fontaine
du 03 octobre au 22 novembre 2018 à l’ISBA, école des Beaux-Arts de Besançon. 
Photo : Clément Gerardin et Thomas Fontaine

 

Vue de l'exposition Nadirs de Thierry Fontaine du 03 octobre au 22 novembre 2018 à l'ISBA, école des Beaux-Arts de Besançon.  Photo : Clément Gerardin et Thomas Fontaine
Vue de l’exposition Nadirs de Thomas Fontaine
du 03 octobre au 22 novembre 2018 à l’ISBA, école des Beaux-Arts de Besançon. 
Photo : Clément Gerardin et Thomas Fontaine

 

Vue de l'exposition Nadirs de Thierry Fontaine du 03 octobre au 22 novembre 2018 à l'ISBA, école des Beaux-Arts de Besançon.  Photo : Clément Gerardin et Thomas Fontaine
Vue de l’exposition Nadirs de Thomas Fontaine
du 03 octobre au 22 novembre 2018 à l’ISBA, école des Beaux-Arts de Besançon. 
Photo : Clément Gerardin et Thomas Fontaine