Wanderer above the sea of fog, Villa Belleville Paris

Wanderer above the sea of fog, Villa Belleville Paris

Si la dimension spectaculaire de la philosophia naturalis, basée sur l’observation des phénomènes naturels, a mené celle-ci à sa perte au XVIIIe siècle au profit d’une pratique scientifique fondatrice des sciences modernes, sa force de persuasion est toujours présente de façon plus ou moins marquée dans l’art contemporain. Grâce aux clés de compréhension fournies par l’évolution des sciences et le développement des technologies, les artistes contemporains interrogent cette séparation entre le savant et le merveilleux en appliquant à leur échelle les lois naturelles qui régissent la matière et les phénomènes naturels tout en révélant le caractère surprenant de certains principes mécaniques et scientifiques.
Transformant leur atelier en de véritables laboratoires, en salles de « physique » au sens étymologique du terme en « observation des manifestations naturelles », ils pratiquent l’analyse de phénomènes météorologiques, géologiques ou biologiques en créant et provoquant des micros cataclysmes, des érosions, des condensations et autres fissurations. Des phénomènes qui, au-delà de leur caractère scientifique ou fantastique, leur permettent d’apporter un nouveau regard sur notre place dans l’univers et, par un jeu de transpositions, sur les phénomènes sociologiques ou anthropologiques. Une approche bidimensionnelle faite de rationalisme et d’émerveillement, et s’engageant parfois sur des territoires scientifiques tels que la mécanique des masses, la thermodynamique des fluides, la résistance des matériaux, qui les place incontestablement dans la chaîne de la recherche.

Les artistes contemporains introduisent ainsi un nouveau rapport à la connaissance tout en gardant comme point de départ la base d’une observation « objective ». Une parenté que Charlotte Gautier Van Tour et Marion Flament développent autour d’un projet d’expositions, de rencontres et de débats, mettant en parallèle des démarches d’artistes et de scientifiques avec pour ambition de souligner leurs points de similitude, tant dans l’agencement de leurs ateliers/laboratoires respectifs que dans les outillages et matériaux qu’ils emploient.
Le premier opus du projet, Wanderer above the sea of fog, réunit à la Villa Belleville 11 artistes dont la pratique renoue avec cette philosophie naturelle en ré-interrogeant les phénomènes par des approches mêlant tout autant science que poésie ou fantastique. Des travaux qui nous rappellent par certains aspects ce « réalisme fantastique » capable de nous faire accéder aux mystères que contient la réalité. En effet, si le rapport aux savoirs persiste dans leur démarche, s’ils conservent certaines propriétés physiques, ils développent leur champ d’action dans d’autres contextes. Sensibles aux débordements, aux accidents, à la surprise, aux aléas qui, comme le hasard, ne sont pas l’indice d’une méconnaissance, d’une désorganisation dans l’agencement des savoirs ou d’une faiblesse du processus de construction, ils expérimentent avec une forme d’enthousiasme émerveillé un nouveau modus operandi, une autre appropriation de ces phénomènes.
Au rationalisme et aux protocoles rigides, ils opposent une ouverture d’esprit indispensable pour appréhender le caractère magique ou poétique de certains phénomènes. Et si la science s’appuie sur une forme d’empirisme, ils n’hésitent pas à revisiter l’ordonnancement des faits, à en jouer pour y introduire une forme de subjectivité afin de provoquer l’inconnu.

Texte Valérie Toubas et Daniel Guionnet © 2017 Point contemporain

 

Infos pratiques

Wanderer above the sea of fog
Exposition collective initiée par Charlotte Gautier Van Tour et Marion Flament.
Les 15 et 16 décembre 2017

vernissage vendredi 15 décembre à partir de 18h

Villa Belleville,
23 rue Ramponeau 75020 Paris

http://www.villabelleville.org

 


Avec Alban Bazile, Camille Benarab-Lopez, Jeanne Briand, Jean-baptiste Caron, Timothée Chalazonitis et Clément Valette, Marion Flament, Charlotte Gautier Van Tour, Lyes Hammadouche, Dominique Peysson, Thomas Tronel Gauthier

 

Marion Flament, CAPTURES - CIELS sérigraphie sur métacrilate, tubes led, 6 formats de 70x42cm, 2016. Exposition POR VENIR, Casa De Velazquez, novembre 2016.
Marion Flament, CAPTURES – CIELS sérigraphie sur métacrilate, tubes led, 6 formats de 70x42cm, 2016.
Exposition POR VENIR, Casa De Velazquez, novembre 2016.

 

Lyes Hammadouche. Courtesy Galerie Jérôme Pauchant
Lyes Hammadouche. Courtesy Galerie Jérôme Pauchant

 

 

Jean-Baptiste Caron, Les secondes devenant des millénaires, 2016, 24x24x4cm, marbre de carrare, néon.
Jean-Baptiste Caron, Les secondes devenant des millénaires, 2016, 24x24x4cm, marbre de carrare, néon.

 

Jeanne Briand, GameteGlass.Lemon, Vue d’exposition Shuttle 19 Paris 2017 © Romain Darnaud
Jeanne Briand, GameteGlass.Lemon, Vue d’exposition Shuttle 19 Paris 2017 © Romain Darnaud

 

Dominique Peysson, Étude de nuages radioactifs, 2017. Métal, eau du Japon, lampes.
Dominique Peysson, Étude de nuages radioactifs, 2017. Métal, eau du Japon, lampes.

 

Thomas Tronel Gauthier, The Last Piece of Wasteland #7 2015 Résine teintée, sable, coquillages, châssis aluminium 153 x 145 cm Pièce unique
Thomas Tronel Gauthier, The Last Piece of Wasteland #7, 2015. Résine teintée, sable, coquillages, châssis aluminium, 153 x 145 cm, pièce unique.

 

Visuel de présentation : Charlotte Gautier, Dispositif performatif, 2014. Structure cubique en acier, écran de rétroprojection, ampoules halogène, verreries, pvc. Dimensions variables.