Amélie Bertrand, Queens and kings, Semiose Galerie

Amélie Bertrand, Queens and kings, Semiose Galerie

En direct de l’exposition Queens and kings, exposition personnelle d’Amélie Bertrand, du 07 novembre au 24 décembre 2015, Semiose Galerie, 54 rue Chapon 75003 Paris.

Artiste : Amélie Bertrand née en 1985 à Cannes la Bocca. Vit et travaille à Paris. Résidente de la Cité internationale des arts en 2015.

 

Amélie Bertrand est une artiste peintre qui relève dans sa peinture plusieurs défis. Celui d’utiliser une gamme chromatique détonante et celui de parvenir à peindre des univers entièrement créés et recomposés, mais néanmoins crédibles, tout ceci « sans drame ni fioritures »(1). Il en résulte un répertoire de formes et une narration complètement inédits et audacieux.

Vue de l'exposition Queens and Kings d'Amélie Bertrand, galerie Semiose Paris. Courtesy Semiose galerie, Paris. Photo: A. Mole
Vue de l’exposition Queens and Kings d’Amélie Bertrand
Courtesy Semiose galerie, Paris.
Photo: A. Mole

La composition des œuvres d’Amélie Bertrand se sont peu à peu complexifiées depuis sa première exposition personnelle en 2010(2). Aux éléments isolés ont succédé des jeux sur les formes. Motifs géométriques, floraux ou végétaux viennent interférer sur la toile par un jeu de calques que l’artiste réalise au préalable grâce au logiciel Photoshop. Une origine virtuelle qui se retrouve dans la gestion de l’espace-plan et l’illusion de la 3D. Les ellipses, les effets « background », donnent l’impression de pénétrer sciemment un univers recomposé. Ainsi les plantes se retrouvent prises dans la perpendicularité de la composition et, comme dans les mondes virtuels numériques, se ressent cet enfermement caractéristique créé par des palissades, des murs ou des végétations dans lesquels le regard est piégé.

Ce travail initial, très graphique, se retrouve dans le traitement des surfaces (murs de pierres, treilles, …) dont la peinture accentue le caractère surprenant. Ce qui est captivant dans le travail de cet artiste, est son approche de peintre et le refus de se laisser prendre au jeu de l’artificialité de l’image pour au contraire travailler ses compositions en leur donnant une vraie matérialité.

« La peinture n’est pas un outil pour la représentation d’un motif, elle est elle-même une représentation qui s’affronte au motif, le met en tension. L’image tire son sens de la mise en évidence par les moyens de la peinture de ses secrets. » Amélie Bertrand, extrait de « Fusionner les calques invisibles de la peinture », Colloque La Fabrique de la peinture, Collège de France, 31 octobre 2014.

Le visiteur de l’exposition Queens and kings est attiré de prime abord par le travail sur la couleur. Un travail rehaussé par l’installation d’un linoléum rose qui sur-active sans les dénaturer les couleurs présentes dans les tableaux. Dans ses compositions, l’artiste ose l’emploi de couleurs particulièrement difficiles à travailler ou accorder : des verts, des oranges qu’elle décline en dégradés, qu’elle fait se rencontrer. Des tons dont on reconnait l’appartenance au monde numérique sans leur brillance caractéristique. Le travail d’Amélie Bertrand révèle des gammes inédites, des gris, des oranges qui échappent aux tentatives de définition. Elle a une manière rare dans la peinture contemporaine de choisir et d’associer des couleurs qui semblent néanmoins se contaminer entre-elles.

Vue de l'exposition Queens and Kings d'Amélie Bertrand, galerie Semiose Paris. Courtesy Semiose galerie, Paris. Photo: A. Mole
Vue de l’exposition Queens and Kings d’Amélie Bertrand, Semiose galerie Paris.
Courtesy Semiose galerie, Paris.
Photo: A. Mole

 

« Je n’entreprends jamais de créer des espaces réels, uniquement des espaces peints, supprimant toute unité de temps comme de lieu. Tous les éléments sont travaillés pour rendre compte d’une atmosphère, d’un arrière-goût bizarre de déjà vu, d’un climat contemporain à la fois psychologique et physique. » Amélie Bertrand, extrait de « Fusionner les calques invisibles de la peinture », Colloque La Fabrique de la peinture, Collège de France, 31 octobre 2014.

Une particularité d’Amélie Bertrand est aussi de travailler la luminosité des toiles sans s’appuyer sur le blanc. C’est sa palette qui génère sa propre lumière par un jeu d’entrelacs de surfaces et par des dégradés qui la suggèrent. Ainsi on passe presque naturellement et c’est là que réside le paradoxe, des pointes de feuilles orangées, au vert sombre du cœur de la plante. Ce traitement particulier de la couleur rend compte d’une atmosphère, donne la sensation que cette couleur est celle du soleil de minuit, un soleil qui s’incruste à la manière de Magritte au centre du motif ou qui revient en écho dans d’autres formes comme celle d’un puits rempli d’eau. Cette luminosité si particulière qui rappelle celle du Sud de la France et de la côte d’Azur est aussi celle de la fête, des projecteurs, du soleil couchant qui annonce le début des festivités, du bain de minuit. Ainsi, la forme de l’outil photoshop (rond, carré ou triangulaire) fait écho avec ce soleil qui prend place au cœur des toiles.

(1)extrait de « Fusionner les calques invisibles de la peinture », Colloque La Fabrique de la peinture, Collège de France, 31 octobre 2014. www.college-de-france.fr

(2)Rock around the Bunker, du 09 avril au 22 mai 2010, Semiose galerie, Paris

Pour en savoir plus :

semiose.fr

Visuels tous droits réservés artiste et Semiose galerie. Crédit photo: A. Mole