INCURSION SAUVAGES

INCURSION SAUVAGES

Nadège Dauvergne, Le Sanglier des villes, 2022. 2 m × 3,50 m.
Vue exposition collective « Incursion sauvages » sept street artistes internationaux
jusqu’au 11 septembre 2022, Musée de la Chasse et de la Nature, Paris

EN DIRECT / Exposition collective « Incursion sauvages » sept street artistes internationaux
jusqu’au 11 septembre 2022, Musée de la Chasse et de la Nature, Paris

Liste des street artistes au Musée de la Chasse et de la Nature :
Nadège Dauvergne, Scaf, Bordalo II, WAR!, Jussi TwoSeven, Andrea Ravo Mattoni, Ruben Carrasco et une création sonore en ambisonie de Sébastien Jouan, Urbanozoo!

par Antoine Bonnet

Le Musée de la Chasse et de la Nature a fait peau neuve et fait la part belle aux artistes de rue dans sa nouvelle exposition « Incursions sauvages » jusqu’au 11 septembre 2022.

Dans cette exposition, il y a une double incursion de « sauvages ». Tout d’abord, l’animal sauvage qui retourne dans l’espace urbain comme il a été vu dans de nombreuses métropoles en Inde, en Afrique ou à Paris pendant le confinement. L’autre incursion sauvage, ce sont les Street Artistes dans une institution culturelle. Les graffeurs n’aiment pas ce genre d’endroit. Ils leur préfèrent la rue.  L’artiste de rue se voit, ainsi, en animal sauvage, travaillant la nuit, sillonnant les rues afin de marquer son territoire, en dehors des institutions. Car oui, le Street Art est un marqueur historique d’un territoire : des gangs de Los Angeles au tag, la peinture marquait alors une prise d’espace. De plus, les peintures murales des grottes préhistoriques représentaient, déjà, la figure de l’animal.

Ainsi, les sept artistes internationaux sont intervenu.e.s directement sur le bâtiment, à l’extérieur, dans la cour dans les espaces d’expositions pour une incursion, c’est à dire une visite brève.

Bordalo II, Faucon crécerelle, 2022, plastique et peinture acrylique, 4 m × 2,5 m
Bordalo II, Faucon crécerelle, 2022, plastique et peinture acrylique, 4 m × 2,5 m
Vue exposition collective « Incursion sauvages » sept street artistes internationaux
jusqu’au 11 septembre 2022, Musée de la Chasse et de la Nature, Paris

Dans sa fresque « Ruée sauvage », WAR !, dont le nom vient d’une chanson de Bob Marley, nous montre une horde d’animaux sauvages qui semblent fuir quelque chose d’inconnu. Espèce en voie de disparition ou nature en danger, ce troupeau nomade se réfugie dans l’espace urbain. Au risque de le détruire ?

Au premier étage, dans un magnifique « trompe l’oeil », le sanglier de Nadège Dauvergne urine sous nos yeux et marque son territoire. L’artiste lie cet acte fondamental avec des graffitis sur un mur de rue. Deleuze explique dans son Abécédaire que « constituer un territoire, c’est presque la naissance de l’art ». Le sanglier recolonise l’espace urbain. Car, toujours selon Deleuze, « Le territoire c’est dans le domaine de l’avoir ».

Andréa Ravo Mattoni démocratise l’art en le reproduisant sur les murs. Ici, Les Amours des centaures d’après Rubens, nous montre une célèbre créature hybride dans une étreinte amoureuse. L’hybridation homme- animal date de la nuit des temps dans les différents mythologies : grecques, égyptiennes, sumériennes. Les centaures sont célèbres pour leur viol d’Atalante, l’héroïne mythologique. Le sauvage peut-il aimer ? ou est- ce le propre de l’homme ? Ainsi, cet amour sauvage, érotique, est souligné par la bombe aérosol brumeuse. La proximité de cette œuvre avec « La forêt » d’Eva Jospin accentue le mystère de cette étreinte sauvage.

Croiser les destins des animaux sauvages dans l’espace urbain avec le travail des artistes de rue est passionnant. Ces plasticien.ne.s entretiennent un rapport particulier avec l’institution, entre nécessité et rejet. Car ces œuvres disparaîtront, pour la plupart, seront recouvertes et c’est le jeu de l’art de la rue. Entre animisme et alerte environnementale, le Musée de la Chasse et de la Nature participe, ainsi, à l’incursion de l’art populaire dans le monde des arts institutionnels.

Antoine Bonnet

WAR!, Ruée sauvage, 2022, peinture acrylique, 3,90 m × 15 m
WAR!, Ruée sauvage, 2022, peinture acrylique, 3,90 m × 15 m
Vue exposition collective « Incursion sauvages » sept street artistes internationaux
jusqu’au 11 septembre 2022, Musée de la Chasse et de la Nature, Paris
Le retour de la faune, Ruben Carrasco © Ruben Carrasco
Le retour de la faune, Ruben Carrasco © Ruben Carrasco
Andrea Ravo Mattoni Les Amours des centaures d’après Rubens
Andrea Ravo Mattoni Les Amours des centaures d’après Rubens
Vue exposition collective « Incursion sauvages » sept street artistes internationaux
jusqu’au 11 septembre 2022, Musée de la Chasse et de la Nature, Paris

Cette exposition est en partenariat avec «Plongée en eaux troubles » du 7 avril au 17 juin 2022 à Fluctuart, PONT DES INVALIDES | PORT DU GROS CAILLOU | PARIS VIIE