SECONDE NATURE, JACQUES BLIN ET BERTRAND HUGUES
Vue d’exposition Seconde Nature, Jacques Blin et Bertrand Hugues, Galerie Eric Mouchet, Paris. Photo Margot Montigny
EN DIRECT / Exposition Seconde Nature, Jacques Blin et Bertrand Hugues, jusqu’au 23 janvier 2021, Galerie Eric Mouchet, Paris
Par Pauline Lisowski
Seconde nature, galerie Eric Mouchet : des photographies de compositions végétales de Bertrand Hugues en regard des céramiques de Jacques Blin
Depuis quelques années, Bertrand Hugues s’intéresse au végétal, comme l’élément parfait selon lui. Il le considère pour toute sa rigueur et pour l’humilité de la part de l’observateur qu’il requière. Suite à l’invitation du galeriste Éric Mouchet, un dialogue se crée entre les céramiques ponctuées de motifs de végétaux et d’animaux de Jacques Blin et ses propres photographies. Les œuvres de Blin sont présentées dans des étagères et sur une table, pour que l’on puisse les embrasser du regard.
À partir de ses observations fines des pièces de cet artiste, Bertrand Hugues extrait des figures de plantes. Il donne ensuite forme à des natures mortes créées avec des pétales, des tiges, des végétaux qu’il a appris à préserver dans des herbiers. Il transforme parfois leur forme et les fige dans de la cire. Puis à l’aide de la chambre photographique, il conserve la pose des plantes. Des gouttes colorées ponctuent certaines photographies et renforcent le dynamisme de la composition de végétaux. Le tirage Fresson lui permet de doter l’image d’un effet pictorialiste et lui offre une conservation optimale en préservant la qualité des couleurs.
L’artiste dévoile la délicatesse des végétaux et convoque leur nature fragile et éphémère. Un changement d’échelle dû au tirage magnifie les fragments de plantes qui apparaissent comme des paysages, des éléments qui révèlent leurs matières colorées.
Ses images nous émerveillent par les silhouettes de plantes qu’elles présentent. Elles émergent d’un fond lumineux telles des apparitions, des mirages, des souvenirs de cueillettes. L’artiste invente ainsi de nouvelles espèces, greffe des végétaux pour proposer des formes surprenantes, en écho à de possibles superpositions visibles dans la nature. La photographie est pour lui un outil de représentation et de captation de sa création végétale.
Bertrand Hugues tente de pouvoir maintenir, stabiliser le végétal dans une posture et garder sa fraicheur ainsi que ses couleurs. Sa connaissance des techniques d’herborisation, de séchage de plantes se double d’un intérêt pour les processus manuels de tirage photographique. Au cœur de ses œuvres se révèle le temps long de la nature. Son procédé d’une grande lenteur l’invite à prendre un recul nécessaire tout au long du travail de la composition jusqu’au tirage. Il serait vain de vouloir connaitre sa technique complète, cela nous en ferait perdre tous les mystères de ses œuvres.
Ses photographies peuvent également faire surgir les souvenirs de découvertes en forêts et de réalisation de bouquets, de compositions florales qui témoignent de nos désirs de conserver des fragments d’éléments naturels. Le travail de Bertrand Hugues crée un lien fécond avec les céramiques de Jacques Blin, lesquelles rappelant la présence des fleurs dans les pièces d’art décoratif. Ses images composent un nouvel herbier imaginaire nous invitant à regarder autrement les végétaux et leurs représentations dans l’histoire de l’art.
