Siemon Scamell-Katz, La fin de lʼaltérité

Siemon Scamell-Katz, La fin de lʼaltérité

EN DIRECT / Exposition La fin de l’altérité de l’artiste contemporain Siemon Scamell-Katz 

La fin de l’altérité présente 12 nouvelles peintures abstraites inspirées du temps que l’artiste a passé sur les îles grecques d’Hydra et de Tinos. Elles poursuivent la réflexion de Siemon Scamell-Katz sur le paysage, et notre relation avec ce dernier. 

L’exposition est accompagnée de Quarry, une publication présentant ce nouveau corpus d’œuvres ainsi qu’un texte de l’écrivaine Rachel Cusk.

Le concept du Sublime est au cœur de l’œuvre de Siemon Scamell-Katz. Edmund Burke en a sans doute donné définition la plus célèbre, au milieu du XVIIIe siècle. Il l’a décrit comme un sentiment d’admiration, de révérence, de respect et d’émerveillement inspiré par la nature, « l’émotion la plus forte que l’esprit soit capable de ressentir« .

Comment ressentons-nous le Sublime aujourd’hui ? Siemon Scamell-Katz postule que nous ne vivons plus l’expérience d’un paysage naturel. Nous entrons plutôt dans un monde post-humain, au sein duquel la technologie fait partie intégrale de nous. Nos smartphones sont devenus une extension de nous-mêmes. Leurs appareils photo et les photothèques numériques qu’ils créent agissent comme un filtre sur ce que nous voyons et sur la façon dont nous nous en souvenons.

Non seulement notre perception du paysage passe par le biais déformant de la technologie, mais nos actions en tant qu’humains sont tellement imbriquées dans le paysage contemporain, que le Sublime n’est plus une vision de beauté terrible représentant la puissance extérieure de Dieu. Au contraire, ces contemplations sont une réflexion sur nous-mêmes et notre proximité avec la mort. 

« Le Sublime n’est plus à la distance de l’autre » explique l’artiste « notre intervention dans le paysage fait qu’on en devienne partie intégrante, pour le meilleur ou pour le pire. Le paysage est transformé par l’intervention humaine, qui, au cours de ces 150 dernières années, a généralement été inutile ou destructrice. Cette exposition vise à contempler cette fin de l’altérité. Nous faisons partie du Sublime ».

Ce nouveau corpus d’œuvres est né d’une période où l’artiste a ressenti de manière aiguë la réalité de sa propre mortalité, faisant de l’exposition une exploration personnelle mais aussi universelle de la condition humaine. 

« J’avais récemment traversé des expériences de maladie et de chirurgie, qui s’étant plutôt mal passées, ont bouleversé ma vie et m’ont conduit à croire que je ne survivrais peut-être pas », explique l’artiste. « Toute ma contemplation du paysage et du Sublime a été vécue au travers d’un masque de fragilité qui a développé à la fois ma pensée et ma peinture du paysage ».

Les 12 peintures de l’exposition sont inspirées du paysage des îles grecques d’Hydra et de Tinos, où l’artiste a travaillé durant l’été 2021.

Scamell-Katz s’est immergé dans le paysage grec, enregistrant ses impressions visuelles dans des croquis figuratifs à l’aquarelle. De retour dans ses studios dans le Norfolk (Royaume-Uni) et à Paris, il a utilisé ces esquisses comme référence pour le sujet et la couleur des peintures abstraites présentées aujourd’hui.

Ces œuvres, des peintures à l’huile et à l’émail sur aluminium, sont le résultat d’un processus technique complexe, qui prend plusieurs mois, Scamell-Katz applique de fines glaçures à fin de créer des surfaces de lumière, de volume et de profondeur subtiles.

Tandis que l’artiste se penchait sur ses impressions visuelles et émotionnelles du paysage, l’écrivaine Rachel Cusk, son épouse, travaillait sur un essai en contemplant le marbre. 

Les peintures de Siemon Scamell-Katz et le texte de Rachel Cusk sont associés et se répondent dans Quarry, une publication éditée par Dan Gunn (The Cahier Series, Center for Writers & Translators, The American University of Paris, Sylph Editions).

Évoquant la brise du rivage grec, les levers de soleil éclatants et les couchers de soleil brûlants, ils se penchent sur leurs sentiments respectifs du Sublime, de séparation et d’unité. L’artiste visuel et l’écrivaine répondent de manière différente mais complémentaire à une expérience partagée, examinant tous deux leurs réponses aux îles, nous invitant à nous interroger sur nos propres réponses visuelles et émotionnelles au temps et au lieu.

« Travaillant l’un à côté de l’autre, échangeant des idées, mais n’ayant qu’une faible idée de ce que chacun de nous faisait », explique l’artiste. « Il n’est peut-être pas surprenant que certaines des choses que j’ai peintes apparaissent également dans le texte à travers les yeux de Rachel. Nous étions également tous les deux dans notre version personnelle de la l’après-maladie et de l’impact que cela avait eu sur nous-mêmes et sur notre relation. »

Vue de l'exposition La Fin de l'altérité, Siemon Scamell-Katz
Vue de l’exposition La Fin de l’altérité, Siemon Scamell-Katz
Vue de l'exposition La Fin de l'altérité, Siemon Scamell-Katz
Vue de l’exposition La Fin de l’altérité, Siemon Scamell-Katz
Vue de l'exposition La Fin de l'altérité, Siemon Scamell-Katz
Vue de l’exposition La Fin de l’altérité, Siemon Scamell-Katz
Vue de l'exposition La Fin de l'altérité, Siemon Scamell-Katz
Vue de l’exposition La Fin de l’altérité, Siemon Scamell-Katz
Vue de l'exposition La Fin de l'altérité, Siemon Scamell-Katz
Vue de l’exposition La Fin de l’altérité, Siemon Scamell-Katz

Siemon Scamell-Katz est un peintre contemporain qui vit et travaille entre Londres et Norfolk au Royaume-Uni ainsi qu’à Paris en France.
La méthode de Scamell-Katz est basée sur la compréhension de la façon dont les humains voient. Au cours de sa vingtaine, il a lancé une entreprise de recherche sur le comportement humain et a été le pionnier de l’eye tracking, une technique qui lui a permis de comprendre comment nous voyons – et d’interpréter ce que nous voyons. En étudiant la façon dont les yeux se déplacent sur une image, il a découvert que nous ne nous concentrons pas sur l’ensemble d’une image comme le fait un appareil photo. Au contraire, nous sélectionnons de petits éléments d’une scène, en essayant d’identifier ce que nous regardons. Au cours de ce processus, chacun d’entre nous comble les lacunes avec ce qu’il connaît déjà – souvenirs, représentations et symboles.
En d’autres termes, nous ne voyons jamais réellement ce qui se trouve devant nous.
Rejetant la peinture ou la photographie réalistes comme « un faux enregistrement de la réalité expérimentale », il s’est débarrassé de tout ce qui est représentatif et iconographique. Au lieu de cela, il utilise sa connaissance de la vision humaine pour créer des œuvres qui attirent le regard du spectateur, lui permettant de ressentir le sentiment fondamental du paysage et du Sublime, souvent d’une manière profondément spirituelle. Ses dernières œuvres – des peintures abstraites à l’huile et à l’émail sur aluminium – possèdent une sorte de magnétisme, une sensation qui a été comparée à celle que procure un Mark Rothko.
Siemon Scamell-Katz a récemment présenté ses œuvres à East Anglia Art Fund, aussi qu’à Cley Contemporary et Black Barn Contemporary au Royaume-Uni.

https://siemonscamell-katz.com

Rachel Cusk est née au Canada en 1967 et a passé une grande partie de son enfance à Los Angeles avant de terminer sa scolarité dans un couvent en Angleterre. Elle a étudié l’anglais au New College d’Oxford. Au long de sa carrière, elle a écrit 11 romans et 4 ouvrages de non-fiction et est publiée internationalement en 32 langues. En 2003, Rachel Cusk a été désignée par le magazine Granta comme l’une des 20 ‘Best of Young British Novelists’. En 2018, elle a reçu une bourse Guggenheim et en 2019, elle a été admise à l’American Academy. Son dernier roman, Second Place, a été sélectionné pour le Booker Prize 2021 et est actuellement présélectionné pour le National Book Critics Circle Award 2022. Elle vit et travaille à Paris.