TIPHAINE CALMETTES, PAR LE CHANT GRONDANT DES VIBRATIONS AUTOUR

TIPHAINE CALMETTES, PAR LE CHANT GRONDANT DES VIBRATIONS AUTOUR

Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Rafaël Trapet. Droits réservés ADAGP.

EN DIRECT / Exposition personnelle de Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour
Jusqu’au 24 mai, Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière

par Pauline Lisowski

Tiphaine Calmettes conçoit ses projets et expositions comme des occasions pour tisser des relations humaines et proposer des expériences sensibles. Elle donne aux objets une vie propre ; ils parlent de l’art et de la vie dans le monde. Elle travaille avec différents artisans et scientifiques selon les œuvres qu’elle crée. La jeune artiste a sondé l’île artificielle de Vassivière-en-Limousin et a pris le temps de dévoiler des récits ainsi que des rites issus de ses découvertes et discussions. L’artiste donne une grande place à la recherche dans sa création artistique. Elle engage des collaborations afin de continuer d’apprendre des techniques et de pouvoir ensuite les transmettre à l’occasion de nouveaux projets. 

Le site du centre international d’art et du paysage constitue un milieu propice à des explorations et à des expériences esthétiques de la nature, ici façonnée et entretenue par l’homme. Comme dans son exposition personnelle au centre d’art La galerie de Noisy-le-Sec, elle a révélé ce lieu avec une dimension plus affective et sensible en s’intéressant également aux croyances ésotériques. 

Dans les premiers espaces du centre d’art, l’extérieur est très peu visible. Au fur et à mesure du parcours le paysage se révèle au regard. L’artiste a travaillé sur le cadre : hors cadre, le dedans dehors avec l’intention d’interroger l’espace domestique. Elle a fait de son exposition un lieu accueillant propice à des expériences, à des rencontres et à la vie végétale. Quasi tous les objets présents sont à usage et touchent nos sens, l’ouï, le goût, le toucher. Ceux-ci ont également en eux la mémoire de précédentes expositions et sont destinés à être réutilisés. 

Dans le phare, l’artiste a conçu une installation qui invite dans un premier temps à fumer de l’armoise, puis à éprouver une sensation de bien-être. Deux sculptures inspirées à la fois de l’œuvre du Bernin et de la technique du rocaillage incitent à s’assoir et à respirer de l’armoise dans une atmosphère qui rappelle celle d’une grotte. La seconde sculpture a pour origine une pratique de soin utilisée en naturopathie, le bain dérivatif. Ses deux œuvres furent réalisées en collaboration avec Morgane Lefer de RocArtFloral (Dordogne). Celles-ci semblent avoir été creusées dans la roche et entrent en écho avec l’atmosphère humide du bâtiment. 

Tiphaine Calmettes a d’abord exploré le territoire et a débuté son expérience par une étude géobiologie avec la complicité de Yann Hélip-Soulié, géobiologue et tailleur de pierre. Elle a relevé des points névralgiques qui traversent la nef. À partir du réseau qui se trouve sous le bâtiment, elle a composé une installation d’îlots réalisés en terre crue et paille locale, en prenant appui sur la suite de Fibonacci. Nous sommes conviés à la fin de l’exposition, à goûter l’eau du lac dans un bol sous cuit « biscuité » ou « dégourdi », lui laisse une porosité. Cette expérience clôt le parcours initiatique proposé par l’artiste.

Elle a également travaillé à partir d’une algue avec des micro-organismes. Dans l’atelier un bassin se remplit progressivement d’une pellicule qui se développe à la surface, le kombucha, boisson issue de la fermentation de bactéries et de levures dans une infusion sucrée de thé noire. L’œuvre évolue avec le temps de l’exposition. Grâce au contact de l’air, une membrane de souche de kumbucha prend l’aspect d’un tissu. Tiphaine Calmettes réalise ici une installation expérimentale. Cette œuvre rejoint notamment les recherches entre science et design, notamment mise en pratique par Suzanne Lee, pionnière de la biocouture. 

Dans l’espace à l’étage, nommée salle des études, l’artiste a conçu un espace pour des événements-activations qu’elles nommes « narrations comestibles ». Des tapis permettent de s’asseoir autour de tables basses en céramique. Proches, des contenants zoomorphes, poteries utiles, fonctionnelles font resurgir des histoires. Chacune fait référence à un animal menacé ou en voie d’extinction en France et servira d’ustensile pour un repas.

Dans le petit théâtre, nous sommes incités à boire une teinture mère réalisée par percolation avec une distillation d’alcool avec la plante du jour et ensuite à déposer notre pot, qui laissera la trace de notre passage en ce lieu chargé d’énergie. Notre dégustation est accompagnée de l’installation sonore composée par Antoine Mermet, qui associe grondements, bruits et chants produits par les objets de l’exposition. Cette expérience gustative s’appréhende avec du temps et surtout en pleine conscience, tout en pouvant observer le paysage extérieur, le lac d’où provient l’eau distillée. 

L’artiste expérimente nos contacts aux matières et aux végétaux. Sa méthodologie de travail est à l’image de ce qui se passe dans cette exposition. Elle tend à créer des connexions entre les formes et les objets ainsi que des échanges entre des personnes. Chaque rencontre, collaboration pour la réalisation de ses œuvres l’amène à mettre en lumière les travailleurs de l’ombre ainsi qu’à leur donner la parole. Ils ont témoigné de leurs perceptions dans le livret de l’exposition. Au Centre International d’Art et du Paysage, Tiphaine Calmettes propose des expériences sensorielles et gustatives. Nous pouvons ainsi prendre le temps de découvrir des espaces chargés d’énergie et de récits. 

Pauline Lisowski

Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Tiphaine Calmettes. Droits réservés ADAGP.
Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Tiphaine Calmettes. Droits réservés ADAGP.
Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Tiphaine Calmettes. Droits réservés ADAGP.
Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Tiphaine Calmettes. Droits réservés ADAGP.
Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Centre international d’art et du paysage. Droits réservés ADAGP.
Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Centre international d’art et du paysage. Droits réservés ADAGP.
Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Centre international d’art et du paysage. Droits réservés ADAGP.
Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Centre international d’art et du paysage. Droits réservés ADAGP.
Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Centre international d’art et du paysage. Droits réservés ADAGP.
Tiphaine Calmettes, Par le chant grondant des vibrations autour, exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, 2020 © Centre international d’art et du paysage. Droits réservés ADAGP.