[FOCUS] Guillaume Constantin, Everyday Ghosts

[FOCUS] Guillaume Constantin, Everyday Ghosts

Focus sur la série de photographies Everyday Ghosts de Guillaume Constantin.

Artiste : Guillaume Constantin. Né en 1974, vit et travaille à Paris.

Comment saisit-on l’éphémère et le fantomatique à l’ère des réseaux sociaux ? En publiant chaque jour depuis maintenant plus de cinq ans des Everyday Ghosts, des photographies qui apparaissent et disparaissent au gré des fils d’actualité, Guillaume Constantin active des gestes-réflexes liés à l’internet et aux nouveaux réseaux de partage. S’il est ludique de comparer les photographies de Guillaume Constantin avec celles de l’occulte de la fin de siècle dernier, ces instantanés sont l’expression d’un moment et forment à l’instar d’une data base, des données de documentation et de mémoire sur notre époque.

Propos de l’artiste Guillaume Constantin recueillis le 25 octobre 2015 sur le stand de la galerie Bertrand Grimont à OFFicielle Art Fair :

« Les Everyday Ghosts sont des photographies que je prends depuis 2008 à l’IPhone de la manière la plus nonchalante possible. Sans trop regarder mon écran, j’essaye de faire une photo à la volée, comme beaucoup de photographes classiques, une sorte d’instant décisif. Je procède ainsi même si je ne me positionne pas tout à fait comme celles et ceux qui utilisent Instagram car mon travail est plus proche d’une documentation.

Guillaume Constantin, Everyday Ghosts

On retrouve dans mes photographies, des matériaux In situ de la rue dans une mise en scène que le cadre désigne. L’idée de ces photographies est comparable à la création d’un socle pour un matériau ou une sculpture. Le geste est identique si ce n’est qu’avec les Everyday Ghosts il y a vraiment un rapport au quotidien. Sans que cela ne devienne mécanique, j’en suis presque à prendre une image par jour.

Il y a une part fantomatique parce que la photo arrête des éléments à un moment donné : un sac dans la rue, une tache, quelque chose que la photo fige et qui ne sera peut-être plus jamais pareil par la suite. Le fait que celle-ci apparaisse à un moment donné sur les réseaux sociaux et disparaisse aussi vite qu’elle est venue accentue ce caractère fantomatique. Elle a en quelque sorte la même durée de vie que toutes les informations qui se déversent en continu sur ces réseaux.

Ces publications éphémères sont plaisantes car partagées et valorisées du fait même de leur statut. L’application Snapchat par laquelle les gens peuvent envoyer des photos qui ne restent visibles qu’un temps donné est ludique et intrigante. Les Everyday Ghosts relèvent un peu du même principe, une forme de jeu dans le quotidien.

Guillaume Constantin, Everyday Ghosts

À travers un geste simple et quotidien, j’interroge la question du fantôme, sa forme aujourd’hui. qu’est-ce qui fait que l’image devient spéciale ? Est-ce dû au cadrage, à une situation, à un matériau, à une lumière, ou autre chose encore ? Avec le temps, j’ai vraiment l’impression que désormais les choses m’apparaissent, se révèlent à moi.

Le nombre de ghosts photographiés est maintenant assez conséquent. C’est d’ailleurs assez intéressant de disposer d’un tel corpus d’images qui m’échappe un peu, qui devient extérieur à moi. Je me rends compte néanmoins que ce travail, à l’origine documentaire, est maintenant vraiment très proche de mon approche sculpturale des matériaux. Ce qui se retrouve assez explicitement dans le titre de la série de sculptures Fantômes du Quartz. Des fantômes qui incarnent donc plusieurs facettes d’un même ouvrage. »

Guillaume Constantin, Everyday Ghosts

 

Retrouvez tous les Everyday Ghosts dans l’ordre où ils ont été capturés :
retroactivepictures.tumblr.com

Pour en savoir plus :
bertrandgrimont.com

officielleartfair.com

Visuels tous droits réservés © guillaume constantin / courtesy Galerie Bertrand Grimont