PABLO COTS, ANTOINE DESAILLY, ALEXANDRE LEGER « MERCI »

PABLO COTS, ANTOINE DESAILLY, ALEXANDRE LEGER « MERCI »

Mon père est galeriste, marchand d’art ou commerçant (lorsque se posait la question de la profession des parents, je n’ai jamais su quoi répondre au questionnaire distribué en primaire à chaque rentrée des classes). J’ai croisé depuis mon enfance de nombreux artistes dont beaucoup sont encore à la galerie. Je me souviens des repas organisés après chaque vernissage et de mon excitation à l’idée de les rencontrer à nouveau. Ce rapport entre mon père et les artistes m’a toujours fasciné : une confiance réciproque s’était établie et des relations fortes en ont découlé. Avec les autres activités que je mène parallèlement à la galerie depuis, je cherche à recréer ce même lien. J’espère y parvenir.

Silencieux, Bernard Jordan, comme presque à l’écart, transmet les valeurs qu’on lui a données. Un caractère qui se montrerait incompatible avec notre époque, encore davantage avec la profession de « commerçant ». Il s’est alors entouré d’artistes qui partagent ces qualités qui font défauts. Il s’applique à la diffusion de leur travail dans un climat où l’ego est roi, où les saisons rythment goûts et couleurs. Il prend son temps. Le temps de regarder et de comprendre, de voir avant de se lancer, évoluer l’oeuvre de chacun. Avare donc de commentaires, il peut être ailleurs et nous déstabiliser. Ah ce retour immédiat dont nous avons besoin sur notre travail ! D’appréciations, de notes pour continuer sereinement. Il réfléchit. Ses artistes aussi.

J’ai vécu jusqu’à aujourd’hui avec une famille agrandie puisque je travaille aussi et maintenant pour « eux ». Et ici je remercie mon père pour ces rencontres multiples dont Alexandre Leger, Antoine Desailly et enfin Pablo Cots font partie. Merci aussi de nous avoir confié avec Alexandre la présentation du travail de ces trois artistes à la galerie.

Emmanuel Jordan

 

 

Merci est autant adresse ou politesse, qu’invocation ou même malice. C’est un remerciement adressé à la galerie par les artistes, aux artistes par la galerie. C’est aussi un clin d’œil spontané au visiteur, à l’ami, l’acquéreur, à tous ceux qui pour un temps, font vivre une exposition et son espace.

Ce titre tient d’une série de peintures de Pablo Cots, en écho à une forme des plus minimales d’ex- voto – des merci gravés et accumulés à Lourdes.

Pablo Cots, Antoine Desailly et moi-même nous sommes croisés aux Beaux-arts de Paris au tout début des années 2000. Nous sommes finalement réunis pour cette exposition qui en 2019, marque les trente-cinq ans d’existence de la galerie et d’Emmanuel.

Nous représentons dans l’exposition Merci le maillon d’une chaine, une facette de la galerie, l’affirmation d’une volonté toujours vivace d’aller de l’avant tout en soutenant les artistes avec lesquels elle est engagée. Cots expose pour la première fois chez Jordan, Desailly a collaboré à plusieurs projets, enfin je travaille depuis presque dix ans avec la galerie.

Nous avons des références communes, générationnelles. Nous partageons une pratique du dessin assidue, une attention particulière à notre environnement personnel. Sans doute la question du langage apparaît-elle dans le travail de chacun de nos trois caractères réservés. Chez Pablo Cots le mot est une image, une citation. Qu’il soit message, slogan ou incantation, il est un reflet du réel qui transposé en tableau, dessin ou objet, trouve plusieurs de ses sens.

Quant à moi, je procède de manière plus littéraire mais place le texte au même niveau, celui de l’image. J’engage un travail que l’on pourrait davantage rapprocher de l’acte poétique mais utilise des moyens, des outils, parfois identiques à ceux de Pablo Cots. Chez Antoine Desailly enfin, il faut se pencher sur ses titres qui nous montrent cette attention portée au mot. Mais c’est surtout par le biais de la performance musicale, du rap, qu’il exprime sa relation au langage.

Pablo Cots est un artiste qui est loin du street art dont on fait parfois une catégorie sans contours.
Il est un peintre qui s’approprie des villes, des images, des quartiers, des rues, des communautés. Il maitrise des techniques diverses, a appris et apprend des codes qu’il utilise ou détourne pour délivrer des œuvres qui relient différents mondes entre eux. Il décontextualise et replace. Dans ses productions, ce n’est pas la rue ou une culture dite alternative qui s’expose dans une galerie ou un centre d’art, c’est une peinture, une installation dans laquelle il est question de certaines références, rien de plus, rien de moins. Pablo Cots explore des formes et supports variés allant du dessin de petit format à la peinture murale de grande dimension sans reparler de l’installation.

Antoine Desailly partage beaucoup cette approche – l’utilisation de certains codes – un propos pictural parfois frontal pour ne pas dire sincère. S’il est question de peinture, il sera question
de peinture. Mu par les rencontres, le caractère social de son travail lui conférera une nature humaniste plus marquée. Cette question traverse son œuvre, quelle qu’en soit la forme. Car on retrouve chez lui cette capacité à varier, évoluer, en restant le même artiste. Il est polyvalent et même si le dessin semble être un socle, on retrouve dans le parcours de cet artiste, des installations et peintures aux formats multiples.

Avec mon travail, c’est une pratique presque exclusivement dédiée au dessin et à l’objet qui se déploie. De petit format le plus souvent, la chose commune s’y singularise dans l’organisation d’un système graphique et poétique. Mon environnement quotidien, les supports eux-mêmes, influencent des productions parfois oniriques.

Collecter, ramasser ou collectionner – Cots, Desailly et moi avons ces activités communes mais chacun de nous en fera un usage propre pour que s’active, à différents niveaux de nos travaux, notre recueil personnel.

Alexandre Leger

 

 

Cette exposition sollicite une atmosphère de confiance entre artistes, visiteurs et galeristes.

Merci.

 

 

Vue d'exposition MERCI Galerie Bernard Jordan Paris - Mur Antoine Desailly
Vue d’exposition MERCI Galerie Bernard Jordan Paris – Mur Antoine Desailly

 

Vue d'exposition MERCI Galerie Bernard Jordan Paris - Mur Alexandre Leger
Vue d’exposition MERCI Galerie Bernard Jordan Paris – Mur Alexandre Leger

 

Vue d'exposition MERCI Galerie Bernard Jordan Paris - Mur Pablo Cots
Vue d’exposition MERCI Galerie Bernard Jordan Paris – Mur Pablo Cots

 

Vue d'exposition MERCI Galerie Bernard Jordan Paris
Vue d’exposition MERCI Galerie Bernard Jordan Paris

 

 

 

Infos pratiques

05/01 AU 23/02 – PABLO COTS / ANTOINE DESAILLY / ALEXANDRE LEGER – MERCI – GALERIE BERNARD JORDAN PARIS

Exposition Merci réunissant les oeuvres de Pablo Cots,  Antoine Desailly,  Alexandre Leger du 5 janvier au 23 février à la Galerie Bernard Jordan, Paris.