PARFOIS JE RIS TOUT SEUL.

PARFOIS JE RIS TOUT SEUL.

Manon Corre, Peinture acrylique sur vitre

EN DIRECT / Exposition A-A
jusqu’au 1er avril 2022, La Passerelle Negreneys, Toulouse

A-A est le résultat des recherches menées dans le cours « Déplacements » de Jean-Pierre Castex par les étudiant·es en année 3 option art de l’isdaT — institut supérieur des arts et du design de Toulouse. L’objectif de cet enseignement est de relier des pratiques d’ateliers, inhérentes à une école d’art, à des situations d’extériorité. En jouant avec les contraintes et les contingences, ils·elles franchissent toutes les étapes, de l’idée et de la première ébauche à la mise en place des objets et leur présentation au public.

PARFOIS JE RIS TOUT SEUL.*

L’art, comme la lumière, obeït à des vérités souvent contradictoires et pour en goûter les plaisirs, il convient d’emprunter des chemins parfois opposés. 

À NÉGRENEYS, 14 étudiant.es-artistes vont se succéder à partir du 18 février puis du 4 mars et enfin du 18 au 30 mars pour vous présenter le fruit de leurs recherches.

Chacun.e a emprunté d’abord des chemins déjà formés qui l’ont conduit vers un obstacle. Confronté aux nécessités de ce qui fait sens et destination, il a fallu alors percer un passage, construire une économie des gestes et des matières, des pensées et des dits, des savoirs et des saveurs, avoir recours à ce qu’en physique quantique on appelle théorie de la décohérence pour faire tenir ensemble les ondes et les corps.

Elles et ils sont 14 personnes qui veulent partager avec vous la puissance d’un geste, les joies d’un raisonnement ou d’un touché, la nature dissimulée d’une émotion, l’expression d’un traumas, la complexité d’une narration, les vertus des matériaux et des matières apprivoisés en langage.

Quatorze qui viennent au devant de l’échange.

Il pourra être difficile, pour chacune de ces vérités embryonnaires, de tout voir, de tout embrasser, de tout comprendre. À part avec des lunettes-papillons peut-être.

Jean-Pierre Castex

Merci à tous ceux qui ont permis que nous allions au bout de l’entreprise.
Merci au Quatorze d’être aussi pleinement ce qu’ils sont.

*PARFOIS JE RIS TOUT SEUL est le titre d’un livre de Jean-Paul Dubois.

Manon Corre 8 dessins A3, crayons gras
Manon Corre 8 dessins A3, crayons gras

Manon Corre
8 dessins A3, crayons gras Peinture acrylique sur vitre

(S’) Aimer. (Se) Toucher. (Se) Regarder. (Se) Frôler. (Se) Voir. (S’) Effleurer. Jouer. Titiller. Consentir. (S’) Essouffler. (Se) Sentir. Respirer. Donner. Haleter. Recevoir. Echanger. Jouir. Vouloir. Caresser. Mouiller. Rire. (S’) Attentioner. Boire. Désirer. (S’) Attendre. Orgasmer. (S’) Accepter. Erotiser. (S’) Ecouter. (S’) Etonner. Recommencer. (S’) Arrêter. Mordre. Lécher. Prendre. Griffer. Contracter. (Se) Tendre. (Se) Connecter. (Se) Détendre. Apprendre. Parcourir. Sexualiser. (S’) Apprécier. Manger. Serrer. (S’) Attacher. (S’) Etreindre. Attraper. Frustrer. (Se) Parler. Communiquer. Saisir. Essayer. Rater. (S’) Ancrer. (Se) Concentrer. (S’) Embrasser. Baiser. (Se) Connaitre. Pénétrer. (Se) Tenir. (S’) Entrelacer. Souffler. Accueillir. (Se) Câliner. Chuchoter. Susurrer.

« Je dessine. – Cette ligne n’enfermera pas, ne cernera pas le vide. Trace prolongée du sillage d’un corps, de sa respiration, ce sera un signe choisi entre mille, mais qui les supposera tous. » André Masson, Le Plaisir de peindre

Eloïse Citerne, Peinture murale réalisée à la peinture à l’huile 3m de long
Eloïse Citerne, Peinture murale réalisée à la peinture à l’huile 3m de long

Éloïse Citerne
Peinture murale réalisée à la peinture à l’huile 3m de long

Pourquoi chercher les bons mots pour parler de quelque chose d’instinctif quand d’autres l’ont déjà fait – et bien ?

Mélangez un peu de Martha Jungwirth quand elle déclare que « [sa] réalité picturale est remplie de passion, un langage lié au corps, au mouvement dynamique. » à John Yau quand il dit que « l’action est la première sensation du peintre. » (phrase destinée à Cy Twombly mais qui n’en est pas moins vraie).

Ajoutez à cela le paragraphe du personnage du Win dans le roman The Book of Two Ways de Jodi Picoult sur son expérience de peintre : « What I drew that night – I’d never done anything like that before. It wasn’t just art. It wasn’t measured or literal. It was like being a medium, and having spirit pour out of you.”. (“Ce que j’ai dessiné cette nuit – là – je n’avais jamais rien fait de tel auparavant. Ce n’était pas juste de l’art. Ce n’était pas mesuré ou littéral. C’était comme être un médium et avoir de l’esprit qui déborde de toi. »)

Prenez tout cela et c’est un bon début pour comprendre ma peinture.

Il s’agit ensuite de provoquer ces impulsions, ces élans hors de soi abordés par ces trois citations et les transformer en autre chose ; que ce soit des gestes, des couleurs, des sensations. Je sers autant d’imprimante que de traductrice pour des éléments qui ne sont pas tangibles.

Accompagnée – toujours – de musique, ma concentration va donc se fixer sur comment lier actions et décisions, conscient et inconscient, contrôle et aléatoire. De cette sorte de chorégraphie (autant gestuelle que picturale) résulte un questionnement autour de la trace. Comment mettre en place ce qu’il reste de ce moment, comment en parler ?

Avant ça, qu’est-ce qu’il en reste ?

jiwon LEE
jiwon LEE

Jiwon LEE
4 peintures (120×120 cm, 120x 40 cm, 100 x 70 cm)

Jiwon Lee d’origine coréenne, est inspirée par la Minhwa, peinture coréenne traditionnelle et populaire. Éloignée de sa vie natale, l’un des thèmes de ces peintures consiste à retrouver son identité à travers les souvenirs. La Minhwa de Jiwon Lee, est à la fois un instantané de la vie quotidienne et une scène de mémoire. L’espace des objets représentés confine au rêve et au souvenir. Si l’on brise le cadre encombrant de la rationalité, on est libre de tout imaginer tout comme dans le rêve.

L’artiste est guidée par une conception spirituelle de la nature, cosmos de correspondance auquel est subordonné le hasard – générateur et récepteur à la fois de toutes les manifestations de la vie et la mémoire. Ses sujets viennent souvent de son pays natal, leur sens provient de sa puissance émotionnelle et de son imagination.

Claire Ettwiller, Plâtre, terre chamottée, métal, dimensions variables. 2022
Claire Ettwiller, Plâtre, terre chamottée, métal, dimensions variables. 2022

Claire Ettwiller
Plâtre, terre chamottée, métal, dimensions variables. 2022

Quelques mots empruntés à Giuseppe Penone :

« Le plein qu’implique la recherche des vides, c’est le sculpteur, qui, avec son instrument et ses mains, exerce la pression qui produit les volumes. 

Le vase comme : substitut des mains du potier; négatif des mains du potier; série d’empreintes; maîtrise pour reproduire, en le prenant, la peau du potier. »

1974

Respirer l’ombre, Giuseppe Penone

Claire Ettwiller, Plâtre, terre chamottée, métal, dimensions variables. 2022
Claire Ettwiller(au premier plan) Plâtre, terre chamottée, métal, dimensions variables. 2022