Paysages manufacturés, L’Aqueduc, centre culturel Dardilly

Margaux Auria, Littoral, 2019
Vue d’exposition Paysages manufacturés, L’Aqueduc. Photo A Rio
EN DIRECT / Exposition Paysages manufacturés du 20 septembre au 18 octobre 2019 à L’Aqueduc, centre culturel de Dardilly
par Joris Thomas, co-commissaire avec Margaux Auria
En 2003, l’ouvrage Manufactured Landscapes du photographe Edward Burtynsky livre une réflexion sur l’industrialisation, la condition humaine et la mutation des paysages. L’exposition Paysages manufacturés se questionne à son tour sur notre perception du paysage contemporain et de ses composants. Les douze artistes présentés ont pour point commun de partager le même espace de travail, les Ateliers du Grand Large dirigé par l’ADÉRA.
Créée en 1991, cette association regroupe les cinq écoles d’art et de design de la région Auvergne-Rhône-Alpes et participe à la professionnalisation de leurs anciens étudiants. En 2013, elle investit un bâtiment dans un parc d’activités à Décines (69). Cette friche industrielle est située le long d’une nationale, au pied du parc olympique lyonnais et non loin du réservoir d’eau du Grand-Large. La nature ainsi transformée par la main de l’Homme pourrait constituer le miroir de notre époque.
Dans son ouvrage Court traité du paysage (1997), le philosophe Alain Roger revient sur la notion de paysage. Il reprend le concept philosophique de l’artialisation, néologisme issu des écrits de Montaigne et abordé par Charles Lalo au début du XXème siècle. Cette théorie énonce que le paysage est une invention culturelle qui n’existe que par le regard humain, révélé par les peintres et les poètes. Les entités géographiques, notamment les jardins, les campagnes, les montagnes, la mer, ou encore les lacs, n’ont pas toujours été considérées comme des éléments de contemplation paysagère. Leur appréciation varie selon les époques et les civilisations.
Alain Roger ajoute qu’il est erroné de confondre l’environnement, concept d’origine écologique et scientifique, avec celui de paysage, d’origine artistique et esthétique. Cette confusion aboutirait à une vision conservatrice, voire réactionnaire du paysage, au sein de laquelle toute modification serait perçue comme une pollution visuelle. Nous avons au contraire de plus en plus de paysages car nos schémas esthétiques sont plus nombreux. Tout est potentiellement paysage. Il y a les paysages que la microphysique, l’exploration maritime, spatiale et virtuelle nous font découvrir et qui façonnent nos perceptions. L’art et la technique se prêtent un mutuel appui.
À travers cette exposition, il n’est pas question de glorifer les dérives de la mondialisation et de l’économie qui détruisent la nature. Mais simplement de postuler que la beauté peut se révéler là où on ne l’attend pas.
https://www.instagram.com/paysages_manufactures/
Avec Margaux Auria, Merryl Bouchereau, Léa Bouttier, Clémentine Chalançon, Sarah Del Pino, Chloé Devanne Langlais, Julie Escoffier, Marie-Hélène Gobbo, Sabine Leclercq, Mélissa Mariller, Camille Pradon, Florence Schmitt
Scénographie et conception graphique : Les formes associées


Vue d’exposition Paysages manufacturés, L’Aqueduc. Photo Clémentine Chalançon

Vue d’exposition Paysages manufacturés, L’Aqueduc. Photo Clémentine Chalançon


Vue d’exposition Paysages manufacturés, L’Aqueduc. Photo Mélissa Mariller