PAYSAGES TACTILES

PAYSAGES TACTILES

Vue de l’exposition collective Paysages tactiles, Mémoire de l’Avenir, Paris

EN DIRECT / Exposition collective Paysages tactiles
Jusqu’au 26 juin 2021, Mémoire de l’Avenir, Paris
par Pauline Lisowski

Avec Delphine Gauly, Juliette Vivier, Marie-Claire Corbel, Laura McCallum, LAMOZÉ

Mémoire de l’Avenir est un espace d’exposition qui stimule les rencontres. Ce lieu de partage élabore une programmation de projets artistiques qui permet de faire découvrir l’art au plus grand nombre.

D’autres sens peuvent être convoqués par les œuvres d’art et notamment afin que les expositions puissent être abordées par un large public. Tel est l’enjeu de « Paysages tactiles » à Mémoire de l’Avenir. À l’heure où le sens du toucher semble être freiné par le contexte dans lequel nous vivons actuellement et où le besoin d’autant plus fort de sensations tactiles se fait sentir, cette exposition réunit des artistes qui utilisent des matières pour créer des œuvres proposant diverses expériences tactiles. Plutôt que de rester à distance des œuvres d’art, celles-ci demandent à être perçues de près et certaines peuvent être manipulées. Elles incitent à s’approcher et à entrer en connexion avec les matériaux.

Delphine Gauly mène une réflexion sur l’accessibilité des œuvres d’art aux non-voyants. Son œuvre intitulée Rafistoler invite à faire l’expérience d’une marche en montagne en touchant le papier. L’artiste s’est associée à l’autrice Anne Mortal pour réaliser ce travail artistique sérigraphié en nuances de gris d’une grande douceur. Des coutures de différents papiers se font sentir, des piqures, des superpositions dans des tons gris et blancs se révèlent au toucher et s’offrent à la vue. Des souvenirs de perceptions peuvent alors surgir en parcourant cette œuvre du bout des doigts et en écoutant une douce voix. S’intéressant à l’écriture braille, elle a également réalisé un livre Alphabet Paysage dans lequel elle a créé des parallèles formels entre les lettres et des éléments du paysage. 

Sur une estrade, les sculptures de Juliette Vivier s’apparentent à des curiosités, offertes au toucher. Elles font écho à des éléments de paysages majestueux, reliefs, volcans, grottes. Une connivence entre végétal et animal se crée en les contemplant. L’artiste travaille différentes textures et insère des surprises dans ses œuvres en céramique. En prenant dans nos mains ses petites œuvres semblables à des huitres, nous pouvons découvrir des éléments cachés. Nous pouvons ainsi entrer en contact avec ces petites formes en volume aux teintes colorées et brillantes.

Marie-Claire Corbel présente deux séries d’œuvres au crochet, une pratique héritée de sa grand-mère et qu’elle fructifie en regardant des tutoriels sur les réseaux sociaux. Ses sculptures Jardin d’Eden évoquent des légumes, des fleurs, dans des jeux d’échelle et de perspectives. Celles-ci renvoient également à des éléments naturels fantasmés, légers, aériens et résistants. Ses Micros jardins textiles nous donnent à voir des paysages vus du ciel, qui nous font également penser à des champs vus d’en haut. Ses œuvres miniatures invitent à percevoir différentes textures et matières. 

Les travaux de la série Maya de Laura MacCallum, artiste américaine sont empreints de références à son territoire et suggèrent des montagnes. Assemblage de formes de différentes tailles entre plein et vide, son installation est manipulable par les spectateurs qui peuvent alors recomposer des paysages au sol, devenant des îles, des forêts de pins, des lacs. 

Le compositeur LAMOZÉ lui développe des œuvres qui relient le son aux arts visuels et plastiques. Il a enregistré des sons de mégalopoles qu’il a associé à des samples pour composer une sculpture sonore interactive. L’artiste nous invite à appréhender un paysage urbain par les bruits qui le constituent. La synesthésie est au cœur de son autre œuvre The (un)veiled Gaze, constituée d’une image d’un corps humain découpée en zones de couleurs. En touchant un écran, nous déclenchons des sons qui font naître la transcription musicale de l’image perçue. Technologie et expériences sensibles s’accordent dans les œuvres de cet artiste. Le spectateur devient acteur de la composition sonore qu’il écoute.

Cette exposition convoque les sens du toucher et de l’ouïe et sollicite notre envie de nous laisser porter par les émotions qui se produisent en expérimentant les œuvres. Nous pouvons ainsi activer notre attention aux éléments, aux matières et nous souvenir de contacts physiques. 

Pauline Lisowski

Vue de l'exposition collective Paysages tactiles, Mémoire de l’Avenir, Paris
Vue de l’exposition collective Paysages tactiles, Mémoire de l’Avenir, Paris
Micro-jardins, Oeuvres textiles de Marie-Claire Corbel
Micro-jardins, Oeuvres textiles de Marie-Claire Corbel
The (un)veiled Gaze Installation tactile et sonore de Lamozé
The (un)veiled Gaze Installation tactile et sonore de Lamozé
Le jardin d’Eden Œuvres textiles crochetées de Marie-Claire Corbel
Le jardin d’Eden Œuvres textiles crochetées de Marie-Claire Corbel