Strates, partitions du vide, exposition personnelle d’Harold Guérin

Strates, partitions du vide, exposition personnelle d’Harold Guérin

Des gestes dans l’image et dans la matière pour inciter à regarder autrement

Suite à une résidence à la Capsule, Le Bourget, Harold Guérin réunit pour cette exposition un ensemble d’œuvres où se révèlent la question du geste. Avec attention, l’artiste a développé un répertoire d’actions, découpe, pliage, tamisage, tri dans une prise de conscience du temps. Il travaille la photographie comme un sculpteur. A la manière d’un archéologue, il soulève des matières, cherche à dévoiler ce qui est caché et amène à regarder autrement, plus en profondeur. Les voyages et son expérience du terrain le conduisent à interroger les manières dont les hommes cherchent à s’approprier l’espace, à le posséder en images.

Focus, six objets de formes identiques, téléobjectifs en terre sont disposés, alignés sur une étagère. Ils invitent à s’approcher pour observer la diversité de matières qui les constitue. Tels des prélèvements, carottages géologiques, ces sculptures donnent à voir différentes couches de terre. Chacune incarne un nouveau paysage, recomposé. A côté, la série de dessins Frictionsmontrent des coupes géologiques. L’artiste a utilisé de la terre qu’il a lui-même frictionné à la main durant sa résidence au FRAC Alsace. Ces strates de paysages dessinent à leur tour des coupes et des brisures. Ces deux œuvres se répondent par leurs matières, prélevées. Le geste de creuser se retrouve également dans la série Percée.Harold Guérin a découpé des cercles de différentes envergures à l’intérieur de photographies. L’œuvre révèle comme une couche de paysage parcouru et dont il aurait soulevé au fur et à mesure de ses marches, les matières. Il recadre ces territoires où il a pris le temps d’une découverte.

AvecTraffic Twist Around, 4 tirages photographiques, l’artiste a aussi travaillé la photographie de façon sculpturale. Il a torsadé des cartes du réseau routier polonais contraignant et contractant l’espace. Apparait alors le dessin d’un cyclone. Cette œuvre interroge notre perception de l’espace géographique.

Cette résidence lui a permis d’approfondir deux projets spécifiques.Pour sa série de photographiesSilence Exposure, il a recherché des lieux inhabités, hors de l’urbain et de la pollution sonore.Ses images montrent la trajectoire de la Lune, présentant des traînées de lumière, interrompues par endroits. Ces images donnent à voir ces territoires silencieux, vides. Chaque prise de vue enregistre l’image du paysage pendant les temps de silence de la nuit, et dont il interrompait l’exposition du film en bouchant l’objectif chaque fois qu’il entendait un bruit polluant au loin (voiture, avion). Son geste joue avec le temps en produisant ces (dé)coupes dans les trainées de la Lune. Ces images témoignent de ces territoires nocturnes vides et montrent aussi à quelle fréquence, même inhabités, leur calme apparent est perturbé par les hommes, en opposition aux grands espace inhabités.

Harold Guérin s’intéresse à l’architecture, à l’espace urbain et à la place de l’homme en ces lieux. Perspective du repli, suite d’une première série d’œuvres, incite le spectateur à trouver la bonne posture pour déchiffrer l’image. Il a replié des photographies d’espaces urbains en leur donnant la forme dusoufflet de l’appareil photo. Une image dépliée s’offre comme un indice, une clef de lecture et de compréhension de ces pièces. L’artiste fait de l’image son propre matériau, qu’il replie, met en forme pour nous inciter à recentrer notre regard.

Cette expérience du geste de transformation de l’image ou de la matière liée au choix du support se retrouve également dans Abrasives. Cette série de dessins sur des feuilles de papier de verre, donne à voir à la fois des nuages ou d’autres phénomènes naturels. Retirant progressivement la matière, Harold Guérin fait naître une image troublante, un potentiel paysage où des formes évidées suggèrent du bâti… Ces dessins sont nés d’une attention portée à la destruction de bâtiments modernes. Par sa technique de sculpture dans la matière du papier, l’artiste met en évidence un certain échec de l’architecture, celle-ci devient poussière. Ses œuvres réagissent au contact de la lumière et amènent le spectateur à se déplacer pour y voir d’autres choses.

La notion de temps est centrale dans cette exposition. Harold Guérin conduit le visiteur à prendre différentes positions face à l’image. Il nous invite à prendre conscience de la nécessité du temps pour retrouver une conscience de notre environnement.

Texte Pauline Lisowski © 2019

vue de l'exposition personnelle d'Harold Guérin, Strates, partitions du vide
La Capsule, Centre culturel André Malraux, Le Bourget
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La Capsule, Centre culturel André Malraux, Le Bourget

Exposition Strates, partitions du vide, d’Harold Guérin,
Du 31 janvier au 30 mars 2019
La Capsule
Centre culturel André Malraux
10, avenue Francis de Pressensé
Le Bourget