Terencio Gonzalez – Patio de Luz
vue de l’exposition Patio de Luz © Terencio González
Courtesy Galerie Jérôme Pauchant
photo Romain Darnaud
EN DIRECT / Exposition Patio de Luz de Terencio Gonzalez jusqu’au 4 juillet 2020 à la galerie Jérôme Pauchant
Jusqu’au 4 juillet, Terencio Gonzalez, artiste diplômé des Beaux-Arts de Paris, expose à la galerie Jérôme Pauchant des séries de chromatismes irisés qui se déclinent jusqu’à l’épuisement. Comme des pans de murs publicitaires sans slogan, ces panoramas abstraits et dégradés sont propices à la cénesthésie, cette vague sensation qui s’en dégage. Ce sont des plages de couleurs qui s’étendent en aplats dans des réminiscences du color-field painting des années 1950-1960. Chaque teinte est émancipée de toute velléité de représentation. Plus encore, le caractère non-représentationnel des oeuvres se défait d’une sainte originalité de l’unique par son aspect sériel. L’autorité du peintre (autorictas qui a donné “auteur”) s’efface dans la répétition. Nulle gestualité affirmée qui vienne asséner une touche distinctive du créateur. Le retrait de l’artiste est gage de l’élégance du rendu. Pourtant, le travail de Terencio Gonzalez se reconnaît au premier regard, à l’atmosphère particulière émanant de sa facture vaporeuse et acidulée. Les gammes estivales et fruitées infusent et diffusent sur la toile comme un jus, s’évanouissent comme des horizons à explorer.
L’exposition à la galerie Jérôme Pauchant montre les dernières oeuvres de l’artiste et la tendance de ce dernier à plus de radicalité. Ces séries sont issues d’un voyage en Argentine, financé par la Bourse du CNAP obtenue en 2017. La technique spécifique de l’artiste, est ainsi directement inspirée de celle des fonds d’affiches argentins. Sur du papier assez fin sont imprimés des champs de couleurs, illustrés d’un texte en lettres de plomb, annonçant un événement politique, sportif ou festif. Cette pratique artisanale de tirage rapide en off-set, traditionnelle et bon marché, comporte des défauts d’impression à l’origine des accidents visuels au sein d’une même série, similaire sans être tout à fait pareille. La couleur est moins posée sur la toile, qu’elle ne l’imprègne par la technique d’impression : l’affiche est utilisée comme la peinture même. Significativement, elle est collée au pinceau sur une toile préparée au blanc de Meudon, puis rehaussée de petites touches d’acrylique et parfois d’aérosol. Le blanc cassé issu d’une peinture de chantier, est plein d’aspérités et rapproche le support d’un mur. Venue de la ville, l’oeuvre y retourne. Comme des palimpsestes, les superpositions d’affiches parfois parties arrachées, griffées créent une passerelle avec le monde du graffiti, où il est d’usage d’imprimer une marque variante mais répétée. Soulignées d’une bande blanche comme une prédelle d’église, ces affiches se rapprochent d’une forme iconique. Mais le message mis sur un piédestal ne dit rien avec des mots. La forme du quadrilatère répétée à l’intérieur du tableau crée une forme de méta-oeuvre, oeuvre dans l’oeuvre qui viendrait remplacer les lettres disparues en proposant un autre langage par ces ouvertures.
