JULIE COULON, STRANGERS MAY KISS

JULIE COULON, STRANGERS MAY KISS

Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.

EN DIRECT / Exposition Julie Coulon, Strangers May Kiss, jusqu’au 16 avril 2022, Galerie du Crous, Paris

Par Jeanne Burin des Roziers

Strangers May Kiss, première exposition personnelle de la jeune artiste Julie Coulon, invite à traverser l’écran, à la poursuite d’un récit en technicolor où la vie serait comme dans les films.
Présentée à la Galerie du Crous (11 rue des Beaux-Arts) du 31 mars au 16 avril 2022, l’artiste, diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2020, puise dans les canons esthétiques, un lexique pictural riche de citations. De la peinture Renaissante au Nouvel Hollywood, son regard revendiqué féminin explore les fascinations qui hantent l’histoire figurative. Déclinant, en photographies et vidéos, ses hommages multiples, l’artiste cherche à saisir l’état liminal où l’amour se mue en violence et vice-versa, au travers de motifs iconiques comme la bagarre, le baiser de cinéma ou le couple en fuite.

Cultivant le mystère autour de ces images-fétiches dont sont nourries nos imaginaires, Julie Coulon s’interroge, néanmoins, sur le point de bascule où l’instant et le geste deviendraient cinématographiques. Ainsi même, elle donne à voir toute l’artificialité de ses mises en scène soignées : dans un format 16:9 et sous les lumières obliques des projecteurs, le hors-champ n’est jamais loin.

En 2018, elle étudie à la School of Visual Arts de New York, son regard en est bouleversé. Les images de cinéma se révèlent dans toute leur pertinence face au réel. L’artiste se l’avoue, nos vies sont imprégnées d’images cinémascopes, sans doute plus encore que le contraire. Dès lors, comment représenter cette réalité faite de fictions ? En creusant l’ambiguïté, l’artiste brouille volontairement les pistes et offre un espace où le vrai et le faux se côtoient, cohabitent, s’extériorisent conjointement, s’affranchissant de toutes délimitations préconçues. Comment savoir si ceux qui s’embrassent font semblant, quand il s’agit d’un véritable couple ? Comment savoir si Pasolini est mort, quand on le voit marcher sur une plage napolitaine ? C’est, sans doute, aussi, car Julie Coulon choisit un temps-long pour penser ses sujets que les frontières s’amincissent entre ses oeuvres et la vraie vie. Ses personnages ont une existence propre qu’elle porte en elle des années durant, amenant ses acteurs à rejouer des scènes qu’ils ont déjà vécues.

Julie Coulon pense ses images jusqu’à s’en laisser hanter, les filme comme une promesse. C’est avec des images esthétisantes, fortes de symboles, en miroir de problématiques contemporaines bien réelles, que l’artiste cherche l’espace infime où le regard se teinte d’un voile apaisant. Ses oeuvres nous confrontent alors, avec tendresse, sous des airs de fictions, à nos peurs, nos désirs, nos inavouables.

Strangers May Kiss fait et défait les liens multiples qui unissent nos existences aux vies imaginaires, fantasmées et déchues, au point de les confondre et de nous fondre dans un trouble doux, palpable, amoureux, où les oeuvres de Julie Coulon incarnent un désir singulier que nous partageons désormais : celui des images.

Jeanne Burin des Roziers

Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.
Kissing in a Cabriolet, 2020, Installation Vidéo, 10min, deux écrans. Avec Martin Depalle et Pauline de Fontgalland.
Vues de l’exposition Strangers May Kiss de Julie Coulon à la Galerie du Crous de Paris.

JULIE COULON – BIOGRAPHIE
Julie Coulon (b.1997) vit et travaille à Paris. Son travail photographique et filmique se développe aux Beaux-Arts de Paris, ainsi qu’à la School of Visual Arts de New York. Témoignant d’une approche de la fiction par le réel, elle met en scène ses amis proches en écho aux images du cinéma et de l’histoire de l’art qui lui tiennent à coeur.
Son travail a été sélectionné pour plusieurs expositions collectives, au Théâtre de la Criée à Marseille et lors du Festival Photo – Saint Germain à Paris. Julie Coulon a récemment reçu la bourse honorifique de l’institut franco-allemand pour la jeunesse lors de sa résidence de post diplôme à la Hochschule für bildende Künste de Hambourg.

« Je commence chacune de mes images avec un sentiment de colère. Faire une image, c’est faire des choix, prendre position. Et les miennes, je les construit à la lisière du réel et de la fiction. Au bord d’un drame que le spectateur peut décider de feindre sous l’esthétique volontairement composée. Mes images sont des combats mis en scènes sur des plateaux de cinéma, dont l’unique propos est d’évoquer un bouleversement. »

https://juliecoulon.com