GASOLINE PICTURES

EN DIRECT / Exposition collective Gasoline Pictures, L’influence du cinéma dans la scène artistique émergente, jusqu’au 06 octobre 2023, Tour Orion, Montreuil

Commissariat Julie Coulon

Avec Jean-Michel Alberola, Christopher Barraja, Zakary Bairi, Brieuc Bouwens, Niels Cibois, Julie Coulon, Isaac de Crécy, Martin Depalle, Elsa et Johanna, Gaspard Girard Dalbissin, Sam Hochberg, Prosper Legault, Lili Levy-Lajeunesse, Loïc Morel, Gabrielle Thomassian, Tatiana Vejic, Jean-Luc Verna. 

Avec le soutien d’Alios et du collectif Diamètre 15. 

La pellicule défile : odeur d’essence, bruissement plas- tique, nitrate d’argent hautement combustible, pourvu que rien ne brûle. Nos rétines s’imprègnent, retiennent, impriment ces images qui gracieusement s’enchaînent en fondue jusqu’à embuer nos yeux. Elles viennent se loger au bord d’une larme, d’un sourire, d’un frisson, échappant à elles-mêmes, leurs vies d’image ne leur appartiennent déjà plus. Elles se dévoilent alors en déjà-vu troublants, en obsessions, en citations, les images ainsi conservées en nous peuvent aimer à se manifester dans nos vies et surgir dans le réel.

Elles cherchent la rencontre de leurs semblables, d’autres images de cinéma, coincées en souvenirs de VHS, retenues dans la brume cotonneuse du western spaghetti ou l’acidité fluorescente du récit adolescent.

Combien d’entre elles veillent et étoffent nos psychés dans l’attente d’un nouveau battement de coeur?

À l’initiative de Julie Coulon, photographe et vidéaste, Gasoline Pictures réunit dix-sept artistes venus libérer leurs emblèmes cinématographiques inévitablement partagés par des générations habituées aux saccades saturées des cassettes. Résonances, renversements, les palimpsestes démultipliés, formidables viviers de distorsions, démontrent alors l’étendue des renouvellements possibles pour une imagerie manipulée jusqu’à dissolution. Absorbant ce vernis pop, photographies, peintures et sérigraphies s’oxydent, révélant l’amertume certaine de nos existences contemporaines et toute la douceur que porte pourtant en elle cette iconographie corrosive.

La trace de l’image nous apparaît alors et nous révèle ce qu’il y a de plus beau au cinéma : l’impression qu’il nous en reste à la fin du générique, et qui ne nous quitte pas.

Jeanne Burin des Roziers