[EN DIRECT] L’inconnue de la Seine – un songe, La Tôlerie Espace d’art contemporain Clermont-Ferrand

[EN DIRECT] L’inconnue de la Seine – un songe, La Tôlerie Espace d’art contemporain Clermont-Ferrand

En direct de l’exposition L’inconnue de la Seine – un songe, second volet d’un diptyque d’expositions collectives se déployant sur deux années à La Tôlerie, sous le commissariat de Marie Cantos du 28 avril au 30 juillet 2016, La Tôlerie Espace d’art contemporain 10 Rue de Bien Assis, 63100 Clermont-Ferrand.

Artistes : Estèla Alliaud, Benjamin L. Aman, Guillaume Constantin, Laurence De Leersnyder, Sophie Dubosc, Agnès Geoffray, Karolina Krasouli et Arnaud Vasseux.

Texte Alex Chevalier pour Point Contemporain :

L’Inconnue de la Seine – un songe, est comme son titre l’indique, une invitation à la rêverie, à découvrir une histoire qui est racontée au spectateur au travers d’une sélection d’œuvres dont les esthétiques se répondent entre elles et font écho au propos défendu par la commissaire de l’exposition, Marie Cantos.

L’inconnue de la Seine, c’est le masque de cette jeune femme aux yeux fermés et au léger sourire, que l’on retrouve depuis près d’un siècle autant du côté de la littérature que de l’art moderne et contemporain ; un visage qui fascine par son aura et tout le mystère qui l’entoure. Un masque qui aurait été moulé sur le visage d’une jeune femme qui se serait noyée dans la Seine. Néanmoins, la plénitude, la jeunesse et l’état de béatitude qui se dégagent de ce masque nous laissent à penser que l’histoire que l’on accole à ce portrait n’est qu’un fantasme, une légende urbaine dramatique qui servirait les plus romantiques.

Benjamin L. AMAN, La Forteresse et le fleuve, 2016 [Détail : installation composée de son, d’objets, de répliques d’objets, d’une découpe murale, de lumières) Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos
Benjamin L. AMAN, La Forteresse et le fleuve, 2016 [Détail : installation composée de son, d’objets, de répliques d’objets, d’une découpe murale, de lumières) – Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos

En rentrant dans l’espace de la Tôlerie (un ancien hangar marqué par une architecture industrielle), le spectateur est frappé par un son sourd et inquiétant, dont la nature, qui lui est encore inconnue, le plonge dans une ambiance pesante qui semble être accrue par les choix scénographiques de la commissaire. Cette dernière plonge la tête du spectateur sous l’eau et lui présente un espace global lui-même divisé en deux autres espaces ; le temps de l’évanouissement et le temps du songe. Tout au long de l’exposition, le spectateur, privé de parole, est confronté au corps fragmenté de l’histoire que nous présente Marie Cantos. En visitant l’exposition, il apparaît clairement que la commissaire tient davantage à prêter attention à l’aspect onirique de ce conte macabre qu’au destin tragique de la jeune inconnue.

Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos
Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos

Par un jeu de clairs/obscurs, la commissaire dirige le regard du spectateur en dressant devant lui deux tableaux, dont la transition de l’un vers l’autre s’effectue par deux dispositifs / sculptures qui nous présentent d’un côté, des fragments de corps cachés par la structure sur laquelle ils sont présentés et de l’autre, un moulage de visage fragmenté. Aussi, les couleurs évanescentes des œuvres transportent le spectateur qui déambule dans l’exposition et le font passer cet espace clair où les volumes deviennent des images, où les visages, masqués par un suaire, se retrouvent progressivement privés de parole et dans lequel la clarté semble se brouiller à un espace plus obscur dans lequel le corps n’existe que par son image et le souvenir de ses histoires.

Guillaume CONSTANTIN, La femme inconnue, 2016 [lithophanie numérique, impression 3D en PLA, laiton] Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Estèla Alliaud
Guillaume CONSTANTIN, La femme inconnue, 2016 [lithophanie numérique, impression 3D en PLA, laiton]
Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Estèla Alliaud

Le corps est immatériel. S’il est visible par moments, il n’est présent que par son image ou par des objets qui trompent le spectateur et participent au trouble visuel dans lequel ce dernier se trouve. Noyé dans l’espace d’exposition, il retrouve des images de constructions passées, des histoires personnelles perdues, des vestiges d’architectures détruites, des corps fragmentés et ce son sourd persistant qui semble s’intensifier durant la visite. Ce dernier provient de cette excroissance, de cette « boîte noire » qui sort du mur et dans laquelle le regard devient aveugle. Le spectateur est invité à pénétrer dans un espace dans lequel il devine la présence d’objets, sans pour autant pouvoir les identifier. S’il distingue une lune cachée derrière des nuages, il s’aventure dans l’obscurité de cette salle entièrement plongée dans le noir et dont un pan de mur, décroché de sa structure, laisse apparaître un halo de lumière blanche.

Au travers de cette exposition, Marie Cantos nous peint un tableau abstrait dans lequel le corps du spectateur est invité à errer. La mort, cette grande inconnue, revêt ici un masque évanescent et se cache dans l’ensemble des œuvres, puisque présente dans chacune des figures abstraites, dans les images et les écrits, dans les grains de poussière, dans les ruines et leurs grains de poussière qui les recouvrent, dans les sons et dans les pas du spectateur.

Pour en savoir plus :
pointcontemporain.com/agenda
www.clermont-ferrand.fr

De gauche à droite : Karolina KRASOULI, Sans titre, 2016 [huile, gesso et graphite sur toile] ; Guillaume CONSTANTIN, Les Fantômes du Quartz XXVIII (The Same Deep Water As You), 2016 [MDF teinté dans la masse, drisse, masques en plâtre et latex, mannequin de réanimation, lithophanies numériques en PLA] ; Arnaud VASSEUX, Sans titre (Encre flottante), 1995 [encre de Chine sur papier] ; Laurence DE LEERSNYDER, Relief en creux (diptyque) II, 2016 [béton réfractaire] ; Estèla Alliaud, L’écho, 2016 [3 panneaux, verre, sablage] Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos
De gauche à droite : Karolina KRASOULI, Sans titre, 2016 [huile, gesso et graphite sur toile] ; Guillaume CONSTANTIN, Les Fantômes du Quartz XXVIII (The Same Deep Water As You), 2016 [MDF teinté dans la masse, drisse, masques en plâtre et latex, mannequin de réanimation, lithophanies numériques en PLA] ; Arnaud VASSEUX, Sans titre (Encre flottante), 1995 [encre de Chine sur papier] ; Laurence DE LEERSNYDER, Relief en creux (diptyque) II, 2016 [béton réfractaire] ; Estèla Alliaud, L’écho, 2016 [3 panneaux, verre, sablage] Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos
Sophie DUBOSC, Femme au menton coupé, 2016 [bronze patiné]
Sophie DUBOSC, Femme au menton coupé, 2016 [bronze patiné] Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Sophie Dubosc
De gauche à droite : Estèla Alliaud, Sans titre (interruption), 2016 [plâtre] et Sans titre (écart), 2012 [photographie tirage jet d’encre] ; Arnaud VASSEUX, Sans titre (Encre flottante), 1995 [encre de Chine sur papier] ; Laurence DE LEERSNYDER, Relief en creux (diptyque) II, 2016 [béton réfractaire] Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos
De gauche à droite : Estèla Alliaud, Sans titre (interruption), 2016 [plâtre] et Sans titre (écart), 2012 [photographie tirage jet d’encre] ; Arnaud VASSEUX, Sans titre (Encre flottante), 1995 [encre de Chine sur papier] ; Laurence DE LEERSNYDER, Relief en creux (diptyque) II, 2016 [béton réfractaire]
Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos
De gauche à droite : Guillaume CONSTANTIN, Les Fantômes du Quartz XXVIII (Ladies Elect), 2016 [4 masques (plâtre, plâtre vernis, carton bouilli), papier bakélisé] ; Agnès GEOFFRAY, Les Messagers II, 2014 [8 pièces (textes manuscrits miniatures, écrits de résistants et de prisonniers)] Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos
De gauche à droite : Guillaume CONSTANTIN, Les Fantômes du Quartz XXVIII (Ladies Elect), 2016 [4 masques (plâtre, plâtre vernis, carton bouilli), papier bakélisé] ; Agnès GEOFFRAY, Les Messagers II, 2014 [8 pièces (textes manuscrits miniatures, écrits de résistants et de prisonniers)] Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos
Vue du fond droit(c) Estäla Alliaud

De gauche à droite : Laurence DE LEERSNYDER, Témoins de poussière, 2016 [plâtre, poussière] ; Karolina KRASOULI, Sans titre, 2016 [huile, gesso, caséine et graphite sur toile] ; Laurence DE LEERSNYDER, Relief en creux (diptyque) I, 2016 [béton réfractaire] Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos
De gauche à droite : Laurence DE LEERSNYDER, Témoins de poussière, 2016 [plâtre, poussière] ; Karolina KRASOULI, Sans titre, 2016 [huile, gesso, caséine et graphite sur toile] ; Laurence DE LEERSNYDER, Relief en creux (diptyque) I, 2016 [béton réfractaire] Vue de l’exposition L’Inconnue de la Seine – Un Songe, 2016 © Photo : Marie Cantos