[EN DIRECT] Stéphane Thidet, Désert : de l’histoire, de paysages réels vers des mondes inconnus, Abbaye de Maubuisson
Désert une exposition de Stéphane Thidet : de l’histoire, de paysages réels vers des mondes inconnus, du 11 novembre 2016 au 27 août 2017.
Stéphane Thidet cherche en permanence à apprendre des éléments, des situations, des paysages et des matériaux qu’il observe.
Chaque projet est pour lui une occasion de se remettre en question, d’être déstabilisé et d’engager des rencontres avec des personnes de divers champs de compétences. Entre réalité et fiction, stabilité et instabilité, force et fragilité, ses œuvres incitent à la contemplation et à la rêverie. L’artiste opère un déplacement d’objets issus de différents contextes, pour proposer des œuvres poétiques, qui conduisent à un voyage mental. Suite à son exposition au Collège des Bernardins, Stéphane Thidet est à nouveau invité à investir un lieu chargé d’histoire, l’abbaye de Maubuisson.
Pour cette exposition, l’artiste s’est imprégné du lieu, sans trop chercher à connaître son histoire ; c’est son atmosphère et son architecture qui l’ont inspiré. Il a pris comme point de départ le fait qu’on associe les abbayes à des déserts et a exploré toutes les facettes du mot désert pour concevoir trois créations in situ, ce qu’il nomme des « situations », des œuvres qui interagissent avec l’espace tout en laissant une part de mystère.
L’exposition est traversée par une relation à la nature, au paysage et au cosmos. Différents rapports au temps sont d’ailleurs présents dans celle-ci. Dans la salle des religieuses, l’installation in situ Un peu plus loin compose comme un paysage. Sur un sol d’argile, des pierres ont dessiné de longues traces. Le visiteur est obligé de le contourner, mis à distance, il est face à un phénomène qui se serait produit. Stéphane Thidet a capté un mouvement. Son œuvre exprime une certaine tension, la force d’un geste. Elle fait écho au lac asséché californien de Racetrack Playa aux États-Unis sur lequel des roches bougent comme mystérieusement à sa surface. Un vaste chantier a nécessité sa création et fut pour l’artiste l’occasion d’une expérience, d’un apprentissage et d’échanges de compétences.
Stéphane Thidet aime en effet être destabilisé, ne pas savoir faire, comme il l’affirme « ne pas être l’artisan de sa pratique », au contraire, il préfère tisser des liens avec des personnes et relier sa pratique artistique à d’autres domaines.
Sa pièce D’un soleil à l’autre, dans la salle du Parloir, elle aussi, renvoie à un espace lointain, ici plus de l’ordre de l’insaisissable. Plongé dans l’obscurité, le visiteur découvre deux gongs suspendus qui provoquent un étrange son qui emplit l’espace. Ces objets évoquent de possibles planètes. Stéphane Thidet s’est servi de l’architecture et renforce le vide de l’espace. L’oeuvre convie à s’interroger sur son mécanisme ; la science devient moteur à l’imagination, à un désir de plus en plus grand de connaissances.
La longue période d’exposition a également incité l’artiste à concevoir Insomnies une oeuvre qui se modifie dans le temps. Il a transformé la salle des religieuses en un dortoir où dans des lits poussent des gattiliers (plantes anaphrodisiaques anciennement cultivées par les moines). Stéphane Thidet se fait ici jardinier, proposant comme une serre, où il prend soin de regarder comment ses plantations évolueront durant l’exposition. A partir d’une référence à l’histoire de cette plante et au lieu, il a créé un nouveau récit. S’il utilise des matériaux bruts ou issus de la nature, travaillant souvent avec le vivant, Stéphane Thidet se donne comme règle de jeu, des occasions de maintenir son désir d’aller vers des mondes inconnus.
Dans la salle des latrines, la vidéo Half Moon présente une situation quotidienne où au fur et à mesure, naît un sentiment d’étrangeté voire d’inquiétude. Ainsi, si chaque installation convie le spectateur à se raconter une histoire, à rêver et à se projeter dans des paysages, elle reste une possible énigme pour le spectateur. Stéphane Thidet tend en effet à maintenir une distance entre les objets qu’il utilise dans ses œuvres et leurs contextes culturels. L’exposition engage à le visiteur à se projeter dans des territoires éloignés et à contempler autrement les phénomènes naturels.
Texte Pauline Lisowski pour Point contemporain © 2017
Né le 20 mai 1974 à Paris.
Vit à Paris et travaille à Aubervilliers.
Diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris en 2002 et de l’École supérieure des beaux-arts de Rouen en 1996.
Représenté par la Galerie Aline Vidal à Paris et Laurence Bernard à Genève.
www.stephanethidet.com
du 11 novembre 2016 au 27 août 2017
Abbaye de Maubuisson
Avenue Richard de Tour
95310 SAINT-OUEN-L’AUMÔNE
Entrée gratuite
Ouverture tous les jours sauf le mardi de 13 h à 18 h,
les samedis, dimanches et jours fériés de 14 h à 18 h.
Fermeture le 25 décembre, le 1er janvier et le 1er mai, ainsi qu’entre deux expositions.
Email : abbaye.maubuisson@valdoise.fr
Site internet : http://www.valdoise.fr/614-l-abbaye-de-maubuisson.htm
Tél : 01 34 64 36 10