LA CLINIQUE DU QUEER

LA CLINIQUE DU QUEER

Vue d’exposition La clinique du queer, avec les oeuvres de 
Babi BadalovHoMoreSexualism, 2020, Installation, techniques mixtes, dimensions variables, Courtesy de l’artiste et de la galerie Poggi,
Justin FitzpatrickVehicle n°2: Sing your own body electric, Walt, 2019, Résine, argile époxy, métal et crayon, 59 x 30 x 30 cm, Courtesy de l’artiste et de la Galerie Sultana 
et Gaelle ChoisneTEXTUS, 2018, Textiles, livres et anneaux, 170 x 110 x 115 cm, Production Bétonsalon, Paris Courtesy de l’artiste.
Photo Aurélien Mole

EN DIRECT / Exposition La clinique du queer
jusqu’au 12 décembre 2020, Maison populaire de Montreuil

avec Babi Badalov, Simon Brossard et Julie Villard, Gaëlle Choisne, Jude Crilly, Les éditions douteuses, Justin Fitzpatrick, La Gousse, Victorine Grataloup, HIGH HEAL, Tarek Lakhrissi, Paul Maheke, Raju Rage et AlpheratzJulien Ribeiro, Rotolux Press, Bassem Saad, Eothen Stearn, Simon.e Thiébaut
Commissariat d’exposition Thomas Conchou

par Adélie Le Guen 
Chercheuse et critique d’art indépendante

La maison populaire de Montreuil présente entre ces murs une exposition intitulée La clinique du queer. Sur ces termes, nous pensons au milieu médical, au soin et, de manière beaucoup plus problématique, aux thérapies de conversion des personnes LGBTQI+. C’est par le prisme du soin de la mélancolie des vies queer et de l’expérimentation de nouvelles formes de communautés que l’événement choisit de se positionner. Comment concevoir de nouveaux espaces queer, les habiter et les rendre tangibles au sein de cette société contestée ? A travers quels récits l’identité queer s’exprime-t-elle ? Comment les artistes permettent-iels de déconstruire l’hétéronormativité blanche ? De quelles manières questionner les représentations des subjectivités minoritaires ? Au sein de cette maison, les artistes déploient leur langage verbal, corporel et symbolique émancipateur et projettent ainsi leurs réalités, leur force politique et narrative pour donner à penser d’autres schèmes socio-culturels. 

L’exposition nous invite à saisir les potentialités de rupture ou de muabilité des formes existantes de notre héritage traditionnel hétérosexuel. Se produit alors un décentrement des codes habituels de ce qui constituent par exemple le contrat social, les pratiques sexuelles et érotiques (Bassem Saad), la famille nucléaire (Eothen Stearn), la vie nocturne (Simon.e Thiébaut) ou même la cuisine (La Gousse). Le lieu est aussi porteur de références au langage et aux études queer afin de nous embarquer vers d’autres interprétations et dynamiques de pensées. Textus de Gaëlle Choisne propose à la consultation, dans une grande langue en textile, des ouvrages sur la phénoménologie queer, l’art queer ou des romans décoloniaux de science-fiction. La trilogie afrofuturiste d’Octavia E. Butler fait notamment le lien avec l’œuvre de Paul Maheke qui interroge des formes hybrides entre les espèces humaines et non-humaines. Des projections verbales de soi, de son identité, de sa sexualité, de son genre et des violences vécues se situent également dans les œuvres de Babi Badalov et Jude Crilly. « Domination, ségrégation, séparation, discrimination, homorsexual, sexorientalism », les mots entrelacés de Babi Badalov sur l’un des murs de l’exposition fusionnent par des jeux de lignes ornementales, de figuration de visages, ou des associations linguistiques créant sa poésie, à la croisée des cultures de l’ex-URSS, de l’Occident et du Moyen-Orient. 

Par l’emploi de la photographie, la sculpture, la vidéo, la tapisserie, de moodboards ou de QR codes, les artistes créent leurs récits et de nouvelles associations sémantiques afin de donner à voir les besoins de transmission et de protection de la communauté queer.  

Par Adélie Le Guen, critique d’art