PERNILLE PONTOPPIDAN PEDERSEN, RV À L’AIR LIBRE
EN DIRECT / Exposition rv à l’air libre de Pernille Pontoppidan Pedersen
jusqu’au 28 novembre 2020, Galerie Maria Lund Paris
Les oeuvres de Pernille Pontoppidan Pedersen ont évidemment à voir avec l’idée de contenant (vase, récipient) mais s’en détachent par leur absence de fonction utilitaire. Formes abstraites et hybrides, elles évoquent des objets d’un monde contemporain auquel se serait greffée une patine archaïque. Dans un traitement sculptural de la céramique émaillée, l’artiste n’hésite pas à jouer de cette ambivalence du statut. Ce qui se vérifie notamment dans l’aspect organique de ces objets, tout à la fois étranges et structurés, charnels et inanimés. Présentés sur des socles en bois eux-mêmes brûlés et travaillés, ils évoquent dans l’exposition proposée par la galerie Maria Lund les reliques encore tièdes d’un repas champêtre ou d’une partie de campagne. Qu’ils semblent familiers ces vases issus d’un jardin déchu et fastueux…
Souvent agencées verticalement, ces pièces ont tout à voir avec l’autel. Élevées (altum) par rapport à ce qui les entoure, elles s’ouvrent par le haut pour recevoir le pouvoir céleste. Leurs lignes architecturales sont vectrices du sacré et dans leur réceptacle se tapit le secret des métamorphoses. A l’objet “vase” est en effet associée toute une symbolique ancestrale, héritée des relents de patères, phiales et autres ustensiles sacrificiels servant aux augures et aux libations dans l’époque antique. Le Graal, aussi, est présent de manière sous-jacente. Pernille Pontoppidan Pedersen établit une sorte de “retour aux sources” par la création intuitive, propre à réinventer le passé tout en s’y référant. On retrouve parfois une composition classique avec un système de balustre organisé en un socle, une panse et un col évasé ponctués d’éléments intermédiaires faisant l’équilibre entre jour et plein.
Excellente coloriste, l’artiste joue entre les différents étages sur la pluralité des matières et des patines : bleus de cuivre, céladons vitrifiés, engobes d’ocres correspondent également aux divers états de la céramique, biscuit, barbotine ou émail, la rendant tantôt opaque tantôt brillante. Maîtrisant parfaitement la technique rigoureuse de la terre acquise lors de son apprentissage danois, Pernille Pontoppidan Pedersen expérimente également dans ses oeuvres l’affaissement, l’échec, la cassure, le déséquilibre, le débordement. Elle fait donc partie de cette catégorie d’artistes que Howard Becker désigne sous le nom de “francs-tireurs”, ceux qui possèdent le savoir-faire du medium mais n’hésitent pas à le mettre à mal en le transgressant allègrement. Quelque part entre le jeu et le culte, la production ignée de Pernille Pontoppidan Pedersen déploie des formes spontanées et des décors gestuels dans des objets perçus comme des entités, vestiges d’un sanctuaire ou d’un pique-nique inquiétant.
PERNILLE PONTOPPIDAN PEDERSEN – BIOGRAPHIE
Pernille Pontoppidan Pedersen est née en 1987.
Depuis l’obtention de son diplôme de l’Académie Royale des Beaux-Arts du Danemark dans la section Céramique (île de Bornholm) en 2012, elle participe à un grand nombre d’expositions dans les institutions et les galeries dans son Danemark natal où elle est considérée comme l’une des figures les plus marquantes de sa génération. Son travail est présenté pour la première fois à la Galerie Maria Lund avec l’exposition Terres – Copenhagen Ceramics Invites (2013) dans le cadre de Nouvelle vague, en partenariat avec le Palais de Tokyo. L’année suivante, la galerie accueille Chaotiquement vôtre, une exposition en dialogue avec le plasticien danois Esben Klemann. Entretemps Pernille Pontoppidan Pedersen est invitée à participer à At first glance this division would appear to be more rational (2015 – Galleri Format, Oslo), à la 18e Biennale Internationale de céramique de Châteauroux (2015), à Hempel Glasmuseum (2016 – Danemark), et à la 24e Biennale Internationale de Céramique de Vallauris dans le cadre d’Objets ? …Objections ! (2016). En 2017 son œuvre est présentée
dans la sélection nationale danoise MINDCRAFT17 (Milan), dans Everyday Life – Signs of Awareness, 21st Century Museum of Contemporary Art, Kanazawa (Japon) et dans Beyond Icons à l’institution danoise
Koldinghus. En 2019, on trouve son œuvre dans l’exposition internationale Ceramic Momentum – Staging the object au Clay Museum of Ceramic Art (Danemark).
Pernille Pontoppidan Pedersen est distinguée par plusieurs prix : Prix Silkeborg Kunstnerlegat (Museum Jorn), Anni & Otto Detlevs Keramikpris (bourse de voyage) New Talent, European Ceramic Context 2014 – Bornholm et dernièrement Oles Haslunds Kunstnerlegat (2019).
La bourse 2020 de la fondation Martha et Paul René Gauguin’s Fond vient de lui être attribué. Cette bourse – biannuelle – vient récompenser un univers artistique remarquable.
Son œuvre est représentée dans des collections publiques au Danemark et en Suède.
Source : https://marialund.com/fr/
Site de l’artiste : https://pernillepontoppidan.com
